jeudi 29 août 2024
J32 Record du monde
Le jour s’est levé à 6h42 heure locale ( -1h par rapport à Paris). Patrick se trouve au large de Cap Clear Island. Il ne lui reste qu’une petite dizaine de miles à parcourir. Il doit souquer fort sur ses rames car c’est la marée basse et les courants sont contraires à son avancée. Sa vitesse est très modeste. Il estime atteindre la passe d’entrée dans la baie de Baltimore d’ici 2 heures. C’est-à-dire vers 9h. La marée recommencera à remonter à partir de 8h33.
Notre équipe sur place a prévu d’aller à sa rencontre. Patience …Nous complèterons cette newsletter au fur et à mesure de l’avancée de Patrick.
Patrick entre dans la passe il est 10h40 ( heure de Paris). Notre équipe l'a rejoint sur un bateau de la capitainerie et le suit.
Patrick a touché terre à 11h16 à Baltimore, en Irlande. Il a magistralement bouclé sa traversée solo à la rame de l'Atlantique Nord d'Ouest en Est, en s’octroyant la meilleure performance jamais réalisée sur ce parcours..
Parti le 28 juillet dernier de Trepassey à Terre-Neuve, il a ramé sur une distance de 1719 miles nautiques en 32 jours 7 heures 46 minutes à une vitesse moyenne au but de 2.22 nœuds.
Il pulvérise le record du monde de ce parcours et a même ramé plus rapidement que tous les équipages en double l’ayant réussi auparavant. Seuls 2 bateaux en équipage de 4 et 5 rameurs ont été plus rapides que Patrick sur ce parcours.
Cette 9ème traversée océanique à la rame de Patrick est sa première de l'Atlantique Nord. En effet, il a déjà traversé 8 fois l'Atlantique d'est en ouest dans diverses configurations : en solo, en double, et en équipage.
Cette victoire est un merveilleux cadeau d’anniversaire pour Patrick qui a fêté ses 58 ans, il y a 3 jours à bord. On imagine que la fête va se prolonger dignement à terre !
Patrick a traversé l'océan au nom de l'association "le rire médecin" qui aide les enfants hospitalisés à retrouver le sourie face à la maladie. Vous pouvez encore les aider en participant à la cagnotte. C'est la dernière ligne droite. Visons comme Patrick un record de générosité.
mercredi 28 août 2024
J31 Baltimore en ligne de mire…
Le port de Baltimore est en ligne de mire. Il reste en ce milieu de journée une trentaine de miles à parcourir (environ 65km) en mer Celtique nom donné à la partie de l’océan Atlantique qui borde les côtes sud de l’Irlande, les pointes sud-ouest de la Grande Bretagne et la façade ouest de la Bretagne. Sur son trajet jusqu’au port, Patrick apercevra à bâbord Fastnet Rock (« île aux pierres tranchantes »), îlot rocheux qui s'élève à environ 30 mètres au-dessus de la laisse des basses eaux. Fastnet est connu sous le nom de « larme de l'Irlande », car c'était la dernière partie de l'Irlande que certains émigrants irlandais du XIXe siècle ont vue alors qu'ils naviguaient vers l'Amérique du Nord. Pour Patrick ce sera la première terre européenne qu’il verra. Sur ce rocher est érigé un phare matérialisant le point le plus au sud de l’Irlande.
Il longera ensuite Cape Clear Island toujours à bâbord et enfin Sherkin Island . Cette dernière constitue la muraille ouest de la passe permettant d’atteindre le port de Baltimore.
Le port est bien abrité. La passe se trouve entre d’une part Beacon Point et sa balise conique blanche et d’autre part à bâbord Barack Point et son phare.
Ensuite il faudra longer trois bouée (vertes) qui protègent de la côte à tribord ; la bouée rouge elle se trouve dans la baie et protégera du principal amer en plein milieu de la baie : Lousy rock.
Un membre de l’équipe à terre est déjà sur place et se prépare à accueillir Patrick ce soir tard ou demain matin très tôt.
Parole de rameur
Ça ralentit. L’arrivée ce soir est certainement compromise, il faudra patienter jusqu’à demain matin tôt. Je refais un point plus tard.
Depuis 1h environ, je suis suivi par quelqu’un. J’ai bien cru que c’était mon équipe à terre … En fait c’est un éléphant de mer plutôt curieux qui sort la tête régulièrement pour voir ce qui se passe. Parfois il n’est qu’à 15 mètres seulement à l’arrière du bateau !
Merci aux suiveurs de l’aventure pour leur participation à la cagnotte « Rire médecin ». Il manque peu pour tomber sur une somme ronde … Continuons de supporter Patrick en aidant les enfants hospitalisés.
mardi 27 août 2024
J30 : Une avant dernière nuit renversante…
Parole de rameur
Aïe Ouille ! CHAVIRAGE !
Hier soir 20h50 pour moi (je suis encore en TU-1!), j’ai été balancé brusquement par une vague latérale. Le bateau s’est mis à plus de 90 degrés, et s’est remis à l’endroit tout seul, comme à son habitude.
C’était le moment où il y avait le plus de vent sur la zone (35 nœuds et rafales à 45).
Je me suis encore fait « taper » 3 ou 4 fois fortement mais sans conséquence « chavirante ».
A chaque fois que la survenue d’un chavirage imminent s’est présentée (5 ou 6 occasions), le bateau s’est toujours remis à l’endroit. Au moment de basculer complètement, il ne faisait pas le tour complet mais revenait du côté par où la vague était arrivée. Et je me débrouillais comme je pouvais pour ne pas me blesser dans le tourment.
J’ai été surpris de la puissance de ce coup de vent d’hier, je pensais qu’il allait passer rapidement sans que ce soit trop difficile. Loin de là !
La nuit était noire, il pleuvait par intermittence. Une belle nuit à garder en mémoire pour moi !
Je vais pouvoir me concentrer vers l’arrivée à Baltimore. Vent 5/10 nœuds actuellement avec beau temps et quelques nuages, je suis à moins de 100 milles de l’Irlande.
Le bateau se dirige vers Baltimore à la pointe Sud-Ouest de l’Irlande. Ce village du comté de Cork a pour nom irlandais Dún na Séad ou Dunashad (« fort des joyaux »).
Dans l'Antiquité, Dunashad était considérée comme un sanctuaire pour les druides.
Lors de son approche, Patrick ne devrait pas manquer d’apercevoir, s’il arrive en plein jour, le monument le plus remarquable de la région : la balise conique de Baltimore . Elle est peinte en blanc, elle mesure environ 50 pieds (15,2 m) de haut et 5 mètres (4,6 m) de diamètre à la base. Elle est parfois appelée « pilier de sel » ou « épouse de Lot.
Les prochaines 24 heures constituent donc la dernière ligne droite pour Patrick. Il semblerait que les conditions deviennent beaucoup plus calmes, le franchissement de la ligne d’arrivée se fera probablement au ralenti !
Pour la cagnotte « Rire médecin » c’est aussi la dernière ligne droite. Visons comme Patrick un record de générosité. Transformons la joie du défi réalisé en sourires pour les enfants malades. Merci à tous ceux qui ont déjà participé.
lundi 26 août 2024
J29 :Cap sur la patrie de St Patrick
Après avoir étudié les données météo, discuté avec son équipe à terre, Patrick a décidé de suivre les vents du sud prévus aujourd’hui pour se diriger vers l’Irlande, patrie du fameux St Patrick ! L’option envisagée est le port de Baltimore au sud-ouest de Cork. Nous vous communiquerons plus d’information demain.
Parole de rameur
Vous pouvez -vous dire : « Mais pourquoi hésite-t-il autant à choisir le port d’arrivée ? ». Quelques éléments font pencher la balance du côté de la terre la plus proche en ce moment : le sud de l’Irlande.
Les conditions de mer et les prévisions de calmes et de forts vents contraires sur les zones projetées peuvent retarder considérablement, voire empêcher le passage de la ligne d’arrivée. Malheureusement, Brest est encore trop éloigné, les Îles Scilly quant à elles sont très probablement compliquées à rallier avant l’arrivée des vents contraires. Il me reste donc l’Irlande que j’espère atteindre entre mercredi soir et jeudi, en réalisant un temps canon de record du monde de la traversée en solo de l’Atlantique Nord.
Mais ne vendons pas la peau de l’ours …Rien n’est fait car je rencontre actuellement un vent fort. Ce soir, la météo annonce du 35 nœuds avec rafales à 45 nœuds, heureusement sur quelques heures seulement. J’ai déjà eu de telles conditions lors de la traversée et c’est assez puissant !
Le but de ce défi se rapproche, il ne nous reste que très peu de temps pour en faire autant avec la cagnotte « le Rire Médecin ». Nous n’avons pas d’éléments naturels perturbateurs, ni vents contraires, ni temps calme…Soyons généreux, transformons les efforts de Patrick en sourire pour les enfants malades… Ils comptent sur nous !
dimanche 25 août 2024
J 28 Où arriver ?
Parole de rameur
La nuit marquant le début de la cinquième semaine de navigation s’est avérée très remuante conséquence d’une mer désordonnée. J’ai bien avancé mais au prix d’accélérations difficiles à contrôler qui ont emporté le bateau de travers. Ce n’était donc pas très sympathique pour le marin !
Au moment où je vous écris, le ciel est gris, un gros nuage chargé de pluie occupe tout l’espace. J’espère que l’adage « après la pluie, le beau temps » apportera rapidement un ciel plus lumineux pour recharger les batteries.
Je m’interroge sur le choix de la destination d’arrivée. J’ai étudié les dernières cartes météo reçues ce dimanche matin. Plusieurs solutions sont envisageables :
- aller toucher terre chez les Anglais aux Îles Scilly ? (distance estimée 485 km) C’est 1 jour plus proche que les premières terres françaises.
- aller toucher terre chez les Bretons ? (distance estimée 588 km). J’arriverai directement à la maison, mais c’est la terre la plus éloignée à cet instant.
- aller toucher terre chez les Irlandais ? (distance estimée 371 km) Je ne pensais même pas que c’était aussi prêt de moi. Dans mon esprit, ça ne valait pas la peine de regarder.
La météo prévoit des vents contraires ( orientés NE provoquant par conséquent une reculade…) à partir de vendredi 30. Il faut absolument viser d’arriver avant leur survenue, sous peine de végéter pendant des jours avant de pouvoir terminer la traversée. Tout peut donc se gagner ou se perdre selon la destination choisie. J’ai aujourd’hui plusieurs jours d’avance sur le record mais est-ce que cela suffira pour compenser l’engluement dans des vents contraires ?
La météo peut encore changer. Un coup de vent est prévu dès cette nuit et demain lundi, il devrait me repousser au nord et pourrait bousculer mes calculs météorologiques.
Le choix se fera rapidement …
samedi 24 août 2024
J 27 Journée « record » …
Hier Patrick nous disait se préparer à profiter au maximum des conditions favorables de vent pour se rapprocher de la destination d’arrivée. Eh bien, c’est ce qu’il a magistralement réalisé en enregistrant sur les dernières 24h la meilleure avancée depuis son départ : 82 Mn (152 km) à une vitesse moyenne utile de 3,39 nœuds ! Il est entré dans les 500 derniers miles nautiques. Bravo !
Au lever du jour, ce matin, il fait beau, un vent de 20 à 25 nœuds emporte le bateau dans la bonne direction, la mer est toujours assez désordonnée. D’ailleurs, des vagues latérales percutent parfois la coque du bateau et s’amusent à viser la porte laissée ouverte pour inonder complètement la cabine.
Patrick nous retrace son parcours depuis Trepassey :
« Demain matin dimanche 25 août, 4 semaines se seront écoulées depuis mon départ de Trepassey à Terre Neuve le dimanche 28 juillet à 3h30 heure de Paris (pour moi je suis parti le samedi 27 juste minuit).
Je me souviens du départ en pleine nuit par temps calme. J’étais tout seul sur le quai. J’ai croisé mon copain pêcheur Billy à la sortie du chenal après peut être 2h de rame. Il remorquait un bateau en panne. Je ne l’ai vu qu’à l’AIS.
Je suis parti 1h30 trop tôt. Le courant de marée m’aurait davantage aidé en partant plus tardivement. Ça m’a permis néanmoins de passer le Cap Race et de rencontrer son gardien la baleine ! 12h30 de rame sur les premières 14h, je m’en souviens très bien !
Le bilan est plutôt satisfaisant car je suis en avance de plusieurs jours sur le record du monde.
Le problème est qu’à la rame, cette avance peut fondre très vite et je peux tout perdre d’ici à l’arrivée que j’espère la plus proche possible. »
vendredi 23 août 2024
J26: Rebelote ! C’est mieux que les premiers 30 nœuds !
Patrick nous partage ses ressentis à la suite de ce second passage musclé de la semaine :
Parole de rameur
Après la journée dantesque de mercredi qui m’a fait endurer des séries de tabassages et chavirages (conditions inédites sur mon CV de marin), je m’attendais à un programme de réjouissance similaire voir supérieur pour le système de jeudi qui heureusement s’annonçait plus succinct !
Et bien c’est passé comme une lettre à la poste. J’essaie encore d’analyser et de comprendre … Conclusion : Rien d’extraordinaire A Signaler...
Sinon quelques vagues latérales isolées - comme d’habitude – qui ont heurté le bateau et provoqué de belles ondes de chocs mais rien de vraiment trop violent et pas suffisamment costaudes pour provoquer un chavirage. Tel une souris se faufilant entre des gros chats repus, je trace ma route vers l’est !
Je me prépare à engranger le plus de miles nautiques possibles ce week-end. En cette fin de semaine, les prévisions ne signalent pas de coup de vent sérieux, mais je reste prudent car c’est changeant. Il me faut aussi avoir un œil sur les esquisses de prévisions pour la semaine prochaine… La ligne d’arrivée se profile au loin…
En effet une nouvelle borne a été dépassée : les derniers 1000 km sont entamés ! La définition du lieu d’arrivée va devoir tenir compte des prévisions météo pour les 10 prochains jours. Vous avez compris qu’un bateau à rame ne va pas naturellement dans la direction souhaitée par le marin. Les éléments décident et c’est l’expérience du marin qui transforme ou non l’essai !
En ce moment, Patrick navigue à l’aplomb de la PAP (Plaine Abyssale de Porcupine). Cette plaine située dans les eaux internationales au sud-ouest de l’Irlande est une vaste étendue de fonds marins boueux plutôt plats d’une profondeur de 4 000 à 4 850 m parsemés de collines abyssales rocheuses.
jeudi 22 août 2024
J25 La ration quotidienne de 30 nœuds…
Parole de rameur
Jeudi 22 matin : J’attends ma ration quotidienne de 30 nœuds ! Et cerise sur le gâteau, il commence à pleuvoir…Quelle ambiance ! Je vais en avoir pour 6 à 8h, ensuite le vent devrait retomber à 25 nœuds pour me « reposer » jusqu’à la nuit.
Petite précision concernant mon ancre flottante : C’est le bout d’attache de l’ancre flottante qui a lâché à proximité de l’ancre en elle-même. Je l’avais changé car je le trouvais trop fin pour les efforts qu’il était susceptible de faire compte tenu des prévisions. Effectivement ça a tiré vraiment fort, il n’a pas résisté. J’ai une autre ancre flottante si besoin.
Malgré toutes ces péripéties, Patrick continue à progresser vers l’est. Il va dépasser le seuil des 70% du parcours si l’on se fixe toujours une arrivée à Brest. Il a même été flashé à une vitesse de 17,6 nœuds aujourd’hui à 13h sur un surf ! Le retour au calme n’est pas aussi rapide !
Un petit rappel: participez à la cagnotte "Rire médecin" Patrick compte sur vous ...
Détails d’une journée…presque normale !
Hier soir tard, une fois un relatif calme revenu, Patrick nous transmettait quelques informations sur le passage des restes d’Ernesto et la manière dont ils ont malmené le bateau.
Parole de rameur
- Mardi 20 août fin de journée : l’ancre flottante est installée avec brio.
- Mercredi 3h45 : 1er chavirage violent sous ancre flottante. Le bateau revient tout seul dans la foulée.
- Mercredi 8h30 : Le coup de vent à proprement parlé débute avec une vitesse moyenne de 35 nœuds et des rafales à 50 nœuds. Je n’ai jamais vécu une telle situation à la rame ! Le bateau subit beaucoup de chocs. La mer est blanche avec d’énormes creux. J’ai enduré 3 à 4 chavirages quasi complets.
- Mercredi 11h50 : L’ancre flottante lâche. J’ai gardé les amarres en guise de traînard pour le moment. Le pilote me lâche à son tour. Je barre manuellement. Pour corser le tout, le réglage de barre finit lui aussi par lâcher. Il faut intervenir. Je me mue en acrobate sur le pont et je réussis à réinstaller le pilote auto. Le vent mollit quelque peu… C’est un peu plus facile avec le pilote !
Voilà mon partage d’une tranquille petite journée de rameur de l’Atlantique Nord ! Le train-train, quoi ?
Ah ! j’oubliais un détail primordial pour ma sécurité. Sitôt remis du premier chavirage, j’ai mis mon casque de vélo acheté à Saint Pierre et Miquelon. J’ai (presque) l’air d’un coureur à présent !
mercredi 21 août 2024
J24 Ça balance pas mal aujourd’hui, ça balance ici …
Patrick, pris depuis la nuit dernière dans le musclé système météo annoncé, s’est ménagé quelques instants pour nous rassurer et nous informer de ses choix techniques. Parole de rameur :
Mardi 23 h ( heure de paris) : La nuit tombe ici. Je suis en train de faire un test d’ancre flottante. J’ai changé quelques détails et je voulais faire des essais avant la nuit. Ça a l’air de bien se passer.
Pour la suite deux solutions se présentent :
- soit je reste englué au même endroit le temps du passage du système environ une bonne quinzaine d’heures…
- soit je remonte l’ancre et j’avance tant que c’est encore navigable.
Mais au plus fort du coup de vent, je ne gagnerai rien ou très peu à essayer de naviguer. Alors je réinstallerai l’ancre flottante.
Je vais décider ça tranquillement.
Ne vous posez donc pas trop de questions en suivant la balise GPS : il est fort possible que le pointage soit immobile.
Mercredi 11h (heure Paris) : C’est agité. Ça secoue beaucoup. Mais ça passe. Je suis toujours sous ancre flottante. Pas question de sortir sur le pont !
En cette fin d’après-midi, le système a doublé Patrick et le bateau a repris son avancée vers l’est. Les 2/3 du parcours ont été dépassés.
mardi 20 août 2024
J23 : Menu gastronomique présenté par Patrick dans son message du matin…
Ce mardi en fin de matinée, Patrick a pris connaissance de la carte du menu prévu pour les prochaines 24h. Elle est digne d’un restaurant plusieurs fois étoilé… Voici le déroulé :
- dans l’après- midi, on servira une entrée très solide composée d’un vent à 25 nœuds comme hier accompagné de salves de grosses vagues !
- Pendant la soirée et toute la nuit, la maison proposera du 30 nœuds soutenu.
- au matin de mercredi (heure locale pour Patrick), le trou normand avec ses 35 nœuds assaisonnés de quelques rafales bien supérieures.
- Le festin prendra fin mercredi en soirée.
Il faudra déguster tout cela avec modération et vigilance. Ce choix de menu très épicé proposé par le chef Ernesto (Tempête tropicale ayant touché la Guadeloupe le 13 aout dernier ) aura certainement pour conséquence d’avoir propulsé le bateau vers le nord …
Parole de rameur
Il faut être prêt. Alors je serai prêt.
Tom Waddington est arrivé aux îles Scilly à la rame. Je crois qu’il a mis le 2eme temps de l’histoire. Un enooooorme bravo à lui.
Tom Waddington a décidé de s’arrêter aux îles Scilly, petit archipel à l’ouest de la pointe de la Cornouaille. Les conditions météo lui imposaient une route très nord qu’il ne pouvait contrer à la rame malgré de nombreuses heures d’efforts. Ce choix est le plus sûr pour terminer son aventure.
lundi 19 août 2024
J22 : Océan hanté …
Les marins comme Patrick se lançant dans une traversée de l’Atlantique Nord ne se doutent peut-être pas qu’ils naviguent sur le terrain de la plus longue bataille ininterrompue de la seconde guerre mondiale : « La bataille de l’Atlantique ». Cette bataille navale qui a commencé dès les premiers jours de la guerre en septembre 1939 ne s’est achevée qu’avec la capitulation allemande en mai 1945. Pas loin de 20 000 navires alliés comme ennemis ont été coulés.
Si vous voulez en savoir plus consultez l’étude fascinante menée par un historien cartographe.
Les points sur la carte représentent les épaves de navires coulés UNIQUEMENT pendant la Seconde Guerre mondiale. Les points rouges sont les navires ennemis (l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et l'Empire du Japon). Les points bleus sont les navires alliés (menés par la Grande-Bretagne, les États-Unis et l'Union soviétique), et les gris sont les navires neutres.
De nombreux rameurs, en particulier les rameurs en solo, ont rapporté avoir vu, entendu des choses étranges, voire avoir fait des rencontres fantomatiques... Patrick ne nous en n’a pas fait confidence pour l’instant … Si les âmes des nombreux marins dont les navires ont été coulés continuent de naviguer sous forme d'apparitions spectrales, alors tout s’expliquerait …
Comme si ce n'était pas assez effrayant de se retrouver seul là-bas la nuit !
Parole de rameur
Je suis bien dans le vent, je dirais 30-35 nœuds avec rafales plus fortes encore. Il y a des vagues de 4 mètres à escalader ! Je dois rechercher l’équilibre entre vitesse du bateau, direction, et « confort » à l’intérieur. Il faut éviter les chocs les plus violents. Les traînards m’aident beaucoup.
Ça ne se passe pas trop mal en ce moment au milieu de cette grosse mer. C’est un entraînement pour la nuit de mercredi qui s’annonce bien plus rugueuse !
dimanche 18 août 2024
J21 : 3 semaines de course
Cela fait donc 3 semaines que Patrick est parti de Trepassey. 21 jours pour 1163Mn, soit une distance moyenne parcourue de 55, 4Mn par jour (102 km) . C’est tout à fait honorable ! Il reste ce soir un peu moins de 800 Mn à parcourir pour rejoindre Brest. Ce point d’arrivée est conditionné aux conditions météo qui peuvent emporter le bateau plus au sud ou plus au nord. Conserver ce bon rythme quotidien n’est pas garanti. En effet la météo prévue pour la semaine à venir est plutôt agitée. La répétition des coups de vents demandera à Patrick d’utiliser à bon escient ses talents de marin ! A l’approche du continent, le trafic maritime sera plus dense, il lui faudra donc redoubler de vigilance.
La journée de dimanche a été assez calme. Patrick en a profité pour fêter ses 3 semaines de mer. Un petit vent du sud assez gênant a fait remonter le bateau vers le nord. Cette nuit un vent plus soutenu devrait accueillir la pleine lune !
Et pendant ce temps , Tom Waddington entame les derniers 90Mn qui le séparent de son arrivée au sud-ouest de l’Angleterre.
samedi 17 août 2024
J20 : Borne 2000 km dépassée
Patrick suit son objectif à une vitesse de 2,25kn de moyenne depuis son départ de Trepassey. Ces dernières 24 h ont été marquées par le dépassement de la borne 2000km parcourus depuis Terre neuve. La Bretagne se rapproche !
La semaine prochaine devrait être à la hauteur des deux précédentes : pas de routine ennuyeuse mais une alternance de situations variées entre de gros coups de vent et des moments de calme. Pour progresser efficacement dans de telles conditions, Patrick devra capitaliser sur son expérience et sa connaissance des défis transatlantiques. S’il veut rejoindre rapidement le continent et sa Normandie, il lui faudra jongler entre des activités toutes aussi primordiales les unes que les autres : ramer, naviguer, des temps de repos les plus courts possibles mais suffisamment réparateurs pour conserver la vigilance et la réactivité du marin.
Ce matin, le soleil s’est montré et a réchauffé le moral de notre marin. Il a aussi permis de recharger les batteries qui s’étaient épuisées durant la nuit du fait de la gourmande consommation énergétique du seul instrument restant branché nuitamment : le pilote automatique.
vendredi 16 août 2024
J19 Excès de vitesse….
Patrick et son bateau ont retrouvé l’autoroute des vents d’ouest. Il fait beau, le vent souffle de manière continue à 20 nœuds. Les vagues alignées sur l’objectif les emportent dans de longs surfs. D’ailleurs, sur le suivi Garmin, le bateau a été flashé à une vitesse instantanée de 6 nœuds cet après-midi vers 15h ! Attention à ne pas dépasser la limitation de vitesse !!!
Les batteries se rechargent grâce à cette météo favorable.
Aujourd’hui à 18h10 (heure de Paris), 10 Ocean Fifty (trimarans) se sont élancés de Saint-Pierre et Miquelon pour une transat en équipage qui leur est entièrement dédiée : la Route des Terre-Neuvas. Longue de 2 180 milles (4 000 km), elle les mènera jusqu’à la baie de Saint Brieuc. Il s’agit d’une compétition de haute voltige en équipage de 3, truffée de pièges sur les 24 premières heures et digne d’un kilomètre lancé jusqu’en Bretagne. Patrick peut d’ores et déjà témoigner des multiples écueils du départ, puis du cap Flemish !
Leur arrivée est prévue déjà dans 7 jours ! Il leur faudra également se méfier des contrôles de vitesse sur leur trajet !!! Patrick espère les apercevoir mais de loin ! Une collision avec de tels bolides des mers lancés à 25 nœuds pourrait faire des dégâts !
Parmi les équipages, le bateau de Luke Berry porte les mêmes couleurs que celui de Patrick : « Le Rire Médecin ».
Les marins surmontent dans leurs aventures des épreuves où leur courage, leur détermination et leur joie de vaincre sont primordiaux. Transformons ces valeurs en participant à la cagnotte « Rire médecin ». Les enfants ont besoin de cette énergie positive !
jeudi 15 août 2024
J18 La journée ZÉRO
Ma première journée de la seconde mi-temps de la traversée s’est avérée une journée ZÉRO en distance au but parcourue. A 8h ce matin du 15 aout, j’étais exactement à la même distance de l’arrivée qu’hier matin 11h. Rappelez-vous, c’est d’ailleurs à ce moment précis que j’ai commencé à reculer !
Pas de traversée de l’Atlantique Nord sans une boucle à reculons. C’est le droit de passage ! Certains, même mettent plusieurs semaines à récupérer de leur reculade ! Il ne m’a fallu que 24h !
Hier soir vers minuit, après avoir été freiné par l’ancre flottante pendant 13h, je me décide à repartir malgré un vent du sud faible mais persistant. Le sort s’acharne à nouveau : en remontant l’ancre flottante, le bout reste coincé dans le safran qui se trouve sous la coque et est donc inaccessible du pont. Je m’arme de patience et il finit par céder à mes injonctions suppliantes mais actives. Vous vous doutez bien que je n’avais pas trop envie de faire trempette pour le dégager manuellement ! Cette manœuvre ne nécessitant normalement que 20 à 30 minutes d’effort m’a coûté finalement 1h30 de suspense et sueurs!
Je reprends mes avirons et je m’aperçois vite que mes efforts de rame sont quasi inutiles. A 8h ce matin, je n’avais parcouru que 6Mn.
Mes vains efforts furent heureusement récompensés par la générosité de l’Océan qui m’offrit un spectacle magnifique.
A 50m derrière à tribord, un énorme souffle, un peu comme mon frère quand il est enrhumé, mais en beaucoup plus fort ! Une baleine. Puis à 20 mètres à bâbord sous l’eau, un petit requin. Et le clou du spectacle :la réunion de vente du jeudi matin pour 9 canards en séminaire au milieu de l’Atlantique. Mais que font-ils là ? (Nous tenons à rassurer le lecteur : il n’y a à bord aucune substance hallucinogène !)
Bref, c’est reparti ! Mon test de distance parcourue semble probant. Je me suis extirpé du « pot de colle » de la mi-course qui m’a encalminé 24h.
« En avant toute » pour les 900Mn me menant à l’arrivée !
mercredi 14 août 2024
J17 : Mi-parcours… à reculons!
La mi-parcours a été dépassée dans les dernières 24h. 17 jours de navigation depuis la baie de Trepassey à Terre-Neuve, c’est une excellente performance. Patrick signe immédiatement pour une seconde partie aussi rapide. Le record de traversée est établi à 39 jours ; c’est un objectif à viser, pourquoi pas !
Cette mi-parcours se caractérise par une navigation au-dessus de la dorsale médio atlantique, montagne essentiellement sous-marine qui s’étend du 87° de latitude nord – à environ 333km au sud du Pôle Nord – à l’île subantarctique Bouvet au 54° de latitude sud. Elle résulte de l’écartement des plaques tectoniques nord-américaine et euroasiatique. Au niveau de la dorsale, l'océan Atlantique s'agrandit d'environ 2 à 3 centimètres par an selon la latitude dans la direction est-ouest. Elle s’élève à environ 3km au-dessus du plancher océanique et s’étend sur une largeur de 1000 à 1500km ; elle comprend de nombreuses failles transformantes et une vallée centrale qui suit son axe longitudinal.
Patrick traverse les difficultés d’une navigation en Atlantique nord avec courage comme les enfants malades le font dans leur parcours contre la maladie. Patrick sait qu’il peut compter sur tous ses soutiens pour l’encourager dans son défi. Les enfants ont eux aussi besoin de vous. N’hésitez pas à participer à la cagnotte « Rire médecin », elle est encore très éloignée de la mi-parcours elle ! Nous comptons sur vous !
Parole de rameur
Ma première journée de la seconde mi-temps de ma traversée commençait sous de bons hospices jusqu’à ce que le vent tourne progressivement en vent de face.
J’ai ramé 5 heures sous la pluie pour essayer de remonter au vent mais rien à faire. Le vent forcissait un peu trop fort. J’ai alors essayé tous les moyens à ma portée pour limiter le recul : les traînards, l’ancre flottante moyenne, la grosse ancre flottante… Finalement c’est cette dernière qui est la plus adaptée à la situation. Cela fait 13 heures que je suis sous ancre flottante !
Il faut prendre son mal en patience. C’est la première fois que j’ai à faire cette manœuvre depuis mon départ. Les conditions météo devraient s’améliorer dans les prochaines heures.
mardi 13 août 2024
J16 Une traversée à deux visages…
Parole de rameur
La journée d’hier est représentative de mon parcours depuis Trepassey.
Il est 4h, le jour se lève, j’ai dormi 2 heures selon ma montre. J’ai revêtu ma combinaison de survie dans un vent de 25/30 nœuds. Je m’organise pour trouver l’équilibre idéal entre fonctionnement du bateau et économie d’énergie. J’ai coupé le pilote automatique car les batteries sont quasiment vides. Depuis la veille, je subis un régime venteux plutôt musclé. J’ai déjà vécu de telles conditions de vent (40 kn) dans mes traversées à la voile mais je ne les ai jamais expérimentées lors de mes 8 précédentes traversées de l’Atlantique à la rame. C’est puissant une pareille soufflerie ressentie au ras de l’eau ! La mer s’évertue à me gifler pour me faire chavirer … Mais le bateau résiste à ces coups de boutoir et se remet fièrement à l’endroit. Il pleut et il fait gris.
Il est 16h. Le vent a calé depuis la fin de la matinée. Le soleil fait quelques apparitions. Les batteries se sont rechargées. Puis en l’espace de 2h la mer s’est calmée. Il reste une petite houle sympa. J’en profite pour ramer. Le calme s’installe. La lune se lève. J’essaie d’avancer au maximum vers l’objectif final.
Il faut s’adapter constamment à ces situations changeantes et profiter de chaque occasion pour faire quelques milles dans la bonne direction. Toutes mes expériences engrangées précédemment me sont très utiles dans cet univers.
lundi 12 août 2024
J15 MacGyver en combinaison de survie
Après une journée de dimanche sous le signe de l’agitation en tout genre (vent force 9, creux très importants), en ce début de semaine Patrick nous rassure. Le bateau et son rameur ont traversé la tempête sans casse. Il ose même affirmer que tout s’est bien passé ! Petit bémol : dans ces conditions extrêmes le pilote automatique a fonctionné en continu et comme il est très gourmand en énergie ; la réserve des batteries a été bien entamée … A nouveau, il y a risque de manque d’électricité... Il va falloir barrer manuellement en attendant que Monsieur Soleil montre son nez ce lundi matin et que les panneaux solaires puissent profiter de son rayonnement pour recharger les batteries. Heureusement la météo est moins dantesque : le vent ne souffle qu’à seulement 25-30 nœuds !
En attendant, Patrick, comme il y a trois jours, a éteint tous les appareils superflus et à partir de 4 heures du matin a revêtu sa seyante combinaison de survie pour barrer sur le pont allègrement balayé par les bourrasques.
Il a profité de cette aération contrainte pour imaginer un dispositif plus au sec afin de remplir sa tâche de barreur. Ce n’est pas parfait certes, mais beaucoup plus confortable ! A l’abri dans sa cabine, il peut maintenir l’action beaucoup plus longtemps. Il a conservé sa combinaison de survie pour palier toute éventualité !
Morale énoncée par Patrick :
« Qui veut barrer longtemps économise son rameur ! »
Photo : Patrick essayant sa combinaison de survie lors de sa préparation de la traversée.
dimanche 11 août 2024
J14 En pleine tempête…
Ce qui était prévu est advenu. Patrick nous apporte son témoignage en direct dans ce gros temps.
Parole de rameur avant l’arrivée du système météo :
Ça roule bien pour le moment. Je passe les péages sans souci majeur. Le retour à Paris n’est pas surchargé. Pas de bouchons sur l’autoroute.
Ça risque d’être un peu plus chargé bientôt. Il y a toujours des imbéciles le dimanche soir pour essayer de gagner 2 minutes à l’arrivée et qui sont prêts à faire n’importe quoi !
Parole de rameur durant une pause météo
Hello,
Comme prévu le retour de week-end est houleux. Les 40 nœuds ainsi que les 5 à 6 mètres de creux étaient bien présents au plus dur de la perturbation.
Ça bougeait pas mal. Ça soufflait fort.
J’ai pourtant réussi à toujours conserver une vitesse positive vers l’arrivée malgré les vents de sud-est au moment le plus puissant.
Au moment où je vous écris, la mer est forte. J’ai laissé des traînards car ça pousse dans le bon sens. J’avance certes, mais un peu trop fort à mon goût !
Une seconde salve musclée devrait me concerner en soirée. Je vais me reposer un peu avant son entrée en scène.
Tout va bien à bord. Pas de casse.
En deux semaines depuis le départ de Trepassey, Patrick a parcouru plus de 1500km soit 43% de son périple.
samedi 10 août 2024
J13 Se préparer au gros temps.
Cette nuit, 3h30 heure de Paris marquera une étape importante : 2 premières semaines en mer ! Mais pas le temps de souffler des bougies pour fêter cet anniversaire, un coup de vent est annoncé demain. Les prévisions évoluent rapidement. Il est difficile de prévoir ce type de phénomène qui est annoncé court et puissant.
C’est le calme aujourd’hui. Ce matin, un léger vent ne permet malheureusement pas au bateau de se caler sur une trajectoire. La rame n’est pas facile car les vagues sont petites mais arrivent dans tous les sens. La semaine prochaine, la mi-traversée sera atteinte mais rien n’est facile !
Parole de rameur
TRAÎNARD OU ANCRE FLOTTANTE par gros temps ?
Le traînard est un bout qui traîne dans l’eau à côté ou derrière le bateau.
L’ancre flottante a la forme d’un parachute, avec un trou en son centre. Elle est reliée au bateau par une corde d’environ 50 mètres . Selon sa taille, immergée, elle empêche plus ou moins le bateau de reculer.
Ces deux options peuvent être utilisées en cas de gros temps pour ralentir le bateau quand il va trop vite et/ou l’empêcher de revenir trop sur ses pas quand le vent souffle dans le sens inverse de l’avancée du bateau.
Chaque cas est particulier. En ce qui me concerne pour demain, je prends l’option traînard, tout en ayant une ancre flottante à disposition et prête.
Le traînard est plus dynamique et quand les vents seront dans le bon sens, il permettra de faire un peu de chemin vers l’objectif.
L’ancre flottante est plus passive mais peut-être plus sûre. Une fois lancée, le skipper n’a plus qu’à attendre que le coup de vent passe et n’a rien à faire. C’est plus simple. Manœuvrer par 30/40 ou 50 nœuds de vent n’est pas simple du tout.
Demain, je commencerai au traînard et en fonction de l’évolution, je passerai ou non à l’ancre flottante.
vendredi 09 août 2024
J12 : Toujours aller de l'avant…
Jeudi 8 fut finalement une belle journée ensoleillée, point positif après les inquiétudes sur la fourniture d’énergie. Patrick reste vigilant sur sa consommation et contrôle régulièrement la charge de ses batteries. Il semble que les choses rentrent dans l’ordre et les batteries se rechargent normalement.
La nuit a été à nouveau agitée. En effet le bateau a été balloté fortement par des masses d’eau dont la provenance était difficile à discerner. Au lever du jour le vent avait calé, il faisait beau malgré la couverture nuageuse.
Sur ces dernière 24h, Patrick signe son meilleur score de déplacement au but (70,5 Mn soit 130 km). Il se projette sérieusement sur son prochain objectif : la mi-course. Il escompte l’atteindre mardi prochain si les conditions restent favorables. Mais tout peut très vite changer.
En effet, un système météo musclé se déplaçant d’ouest en est devrait perturber son avancée dans la journée de dimanche. Il va falloir qu’il se prépare à traverser cette nouvelle épreuve.
Au même moment, Tom Waddington parti le 4 juillet se rapproche de son objectif. Son temps de parcours sera très proche du record de traversée à partir de Saint John (39 jours ).
jeudi 08 août 2024
Jeudi 8 aout
J11 : Black-out de 30 heures
A minuit mardi soir tout s’est éteint à bord de « RIRE MÉDECIN »…
C’est ainsi que Patrick nomme son bateau en l’honneur de tous ceux qui se mobilisent pour améliorer le quotidien des enfants hospitalisés et leur apporter une parenthèse souriante durant leur éprouvant combat contre la maladie. C’est pourquoi il nous invite à nous mobiliser à notre tour pour cette cause en faisant un don.
A ce jour Patrick a dépassé le tiers de la distance de son défi, à nous d’égaliser ce score sur la cagnotte « Rire médecin ». Notre implication lui tient à cœur et lui donne de l’énergie (sans mauvais jeu de mot) pour dépasser les aléas d’une telle aventure. Suivez le lien :
Rire médecin : Rame Ocean Patrick Favre 2024
Vous versez votre don directement sur le site le rire médecin et pouvez télécharger une attestation qui permet une déduction fiscale ou un crédit d’impôt des deux tiers du montant versé !! Soyez généreux….autant que Patrick est courageux.
Parole de rameur
C’est le noir complet au beau milieu de la nuit! Il n’y a plus ni lumière, ni pilote automatique, ni traceur GPS AIS (pour suivre le trafic et me faire repérer par les autres bâtiments naviguant sur zone), ni possibilité de recharge des instruments…Plus rien ne fonctionne pour cause de tarissement de la source d’énergie.
J’avais déjà eu des alertes de tension basse sur les batteries mardi et j’avais voulu y palier en ramant sans pilote automatique tout l’après-midi (le pilote automatique est le plus gros consommateur de puissance à bord).
Surprenant puisqu’après ma traversée en double de 2022 Canaries-Guadeloupe, le système électrique avait été complètement remanié avec entre autres des batteries neuves.
Bref, tout s’est éteint. Ecran noir. Périlleux lorsque le vent monte et qu’une seule vague prise de travers pourrait renverser le bateau qui n’est plus dirigé.
Une fois le bateau stabilisé pour la nuit, grâce à l’équipe à terre, j’ai fini par comprendre le mode de fonctionnement de ces nouvelles batteries, très différent des précédentes, et ce qui était vrai pour les unes ne l’est plus pour les autres.
On en conclut qu’il faut remonter le niveau des batteries tombé à presque rien pour pouvoir les réutiliser. Est-il même possible de les réutiliser ? Dans la négative, continuer la traversée serait compromis… La théorie annonce une période minimum de charge de 2 ou 3 jours pour regonfler les batteries. J’avais abouti à la même conclusion dans mon analyse de la situation !
Finalement, le plein était atteint en 24h auxquelles j’ajoutais 6 heures de « prudence » pendant la nuit de mercredi à jeudi.
Ce jeudi matin, j’ai mis en route le pilote et tout fonctionne. Petit bémol, les appareils ne peuvent pas marcher en continu comme je le faisais auparavant. La devise à bord sera dorénavant Économie, économie avant tout !
mercredi 07 août 2024
J10 : Il faut recharger les batteries …
Parole de rameur
Mardi 18h . Je viens d’assister à un spectacle magnifique offert par le Marineland North Atlantic : un dauphin a bondi hors de l’eau à 20 mètres sur tribord pendant que je ramais ! Le rideau de brume est tombé, puis se relève peu à peu. Les prochains jours seront assez ventés si j’en crois la météo.
Voici un court résumé de mon problème du moment. Depuis minuit je n’avais plus du tout d’électricité à bord, cela signifie plus de pilote, ni d’instrument, ni de desalinisateur.
Je me suis laissé surprendre par les batteries lithium neuves installées dans le bateau qui fonctionnent différemment de celles dont j’avais l’habitude… Maintenant, il me faut remonter le niveau de charge en limitant drastiquement ma consommation électrique.
Cela prendra quelques jours pour recharger les batteries grâce aux panneaux solaires.
Je dois accepter de fonctionner durant cette période en mode dégradé en n’utilisant pas le pilote par exemple.
Je subis à nouveau un vent force 7 presque de travers. Ma trajectoire n’est pas idéale sans être pour autant catastrophique. Alors je n’en bouge plus. Je garde le cap. Je fais avec, ça pourrait être pire !
mardi 06 août 2024
J9 : Partie de ping-pong
Parole de rameur
Lundi fin de journée : Ouf, le coup de vent est passé. C’est fatigant d’être secoué comme un cocotier ! 30 nœuds, c’est un vent plutôt puissant pour un rameur.
(30 nœuds cela équivaut à une vitesse de 55 km/h. Sur l’échelle de Beaufort, cela correspond à force 7 désigné généralement par l’expression « grand frais »)
L’intérêt d’avoir dépassé le Cap Flemish est de subir des vagues moins abruptes et moins rapprochées que celles croisées samedi. Ces dernières m’avaient réservé des surprises plus que délicates ! Je navigue à présent dans une zone de grande profondeur (plus de 4000 mètres de fond). Le vent forcera dans les prochaines heures mais sans atteindre le grand frais. Et le plus intéressant : il tournera et sera donc plus favorable à mon avancée.
Eole m’a imposé un détour vers le Nord sur ma route vers la Bretagne, à l’Est.
Morale de cette expérience :
« Sur une traversée de l’Atlantique Nord à la rame d’ouest en est, on ne choisit pas sa route, on se contente de celle que nous offre Mme Météo ! »
Mardi matin Le bateau est toujours autant chahuté. Il fait gris. Le vent a baissé à 15knt, mais il y a beaucoup de vagues qui me secouent en permanence.
Une vie de balle de ping-pong en quelque sorte !
Tout est ok ici. Vent calme.
Le temps couvert, sans grande période d’ensoleillement impose à Patrick le contrôle de sa consommation électrique. Il va donner la priorité aux instruments indispensables tels que le pilote automatique, le dessal, l’AIS… Il va limiter les communications avec la terre pour quelques heures. Cette journée de navigation, malgré les conditions remuantes imposées par l’océan et la météo se solde par une belle avancée vers l’est de 69 Mn utiles. Ce soir les 1000 premiers kilomètres de la traversée sont derrière lui !
lundi 05 août 2024
J8 : Poussé au nord…
Parole de rameur :
Fin de journée dimanche : J’ai trouvé une solution pour freiner le bateau pris dans des surfs ! Des traînards ? Ce sont des bouts attachés au bateau et juste mis à l’eau. Ils freinent le bateau en évitant les surfs sauvages et permettant de passer les vagues correctement.
La journée de dimanche se termine par une tempête … de calme !!! Le bateau ne bouge quasiment pas. Avoir des équipiers me manque pour me motiver à ramer davantage !
Lundi matin : Je suis travers au vent dans une mer qui commence à monter. Il fait gris et il pleut. Pas simple de retrouver des conditions difficiles après les calmes de la nuit !
La journée s’annonce coriace avec du vent à 20 puis 25 nœuds de travers. Il sera compliqué d’avancer utilement vers le but aujourd’hui. Se fixer un cap acceptable est ardu et, comble de malchance, mon premier pilote automatique a rendu l’âme !
(Pour les lecteurs néophytes, ne vous inquiétez pas, Patrick part toujours avec plusieurs pilotes de rechange !)
Jusqu’ici j’ai eu beaucoup de chance avec la météo. Il faut accepter ces jours plus complexes. Ça pourrait être pire encore.
Tiens, une idée … Si Léon Marchand veut venir remorquer le bateau à la nage avec 1 ou 2 dauphins, je suis preneur !
Lundi 15h30 : Ça souffle bien à 30 nœuds, il y a de bons creux mais pas aussi pentus qu’en début de week-end. Tout est ok. Il faudra être patient, dans 2h le vent devrait baisser à 20 nœuds puis 15 nœuds.
Être rameur océanique n’est pas de tout repos, et il faut bien du courage et beaucoup d’expérience pour affronter les éléments de l’océan. Sachez qu’en ce moment deux rameurs se sont lancés en solo dans ce défi Atlantique d’ouest en est : Patrick évidement et Tom Waddington un Britannique qui est parti de Quidi Vidi à St John de Terre Neuve le 4 juillet dernier pour rejoindre le sud-ouest de l’Angleterre. Sur le site de Tom, on apprend que lui aussi a connu des conditions difficiles au passage du Cap Flemish avec des vents forts changeants du Nord au Sud.
dimanche 04 août 2024
J7 : Les vagues attaquent en meute…
Comme nous l’avions découvert en recherchant des informations sur le Cap Flemish, cette zone que vient de franchir Patrick a tenu ses engagements. Il nous en fait un témoignage renversant ci-après. En ce dimanche matin le calme est revenu, il va pouvoir se concentrer sur quelques manœuvres indispensables. Ce moment de répit va lui permettre de se préparer aux prochains coups de vent annoncés pour la semaine prochaine.
Parole de rameur …
Peu d’articles scientifiques ont été écrits sur le sujet, pourtant quelques travaux portent sur le comportement agressif de dame nature. Samedi un tel événement s’est produit et mériterait toute l’attention de la communauté scientifique. Cela risquerait de remettre en cause toutes les connaissances acquises sur le sujet et il serait fort possible que mes observations rejoignent quelques théories farfelues. Je ne vous en voudrais pas, cher lecteur – bien installé dans votre canapé, sur votre lit, à votre bureau de vous rallier à ce point de vue !
En effet, vers la fin de matinée, ce samedi, le vent et les vagues montaient, j’essayais d’en profiter pour aller le plus vite possible. Les vitesses s’affolaient aussi.
Soudain, les vagues sont devenues vraiment grosses, et le bateau est parti dans un surf à 15 nœuds ! Précisons que je ne suis pas en train de ramer dans ces conditions délicates. D’habitude, 6 à 8 nœuds c’est déjà très respectable et rapide. Le surf commença lorsque plusieurs vagues très rapprochées, hautes de 3 à 4 mètres sans souci, assez raides donnèrent à tour de rôle de l’énergie au bateau. Elles s’organisèrent pour donner un élan suffisant et propulser le bateau à très, même trop haute vitesse.
En fin de surf, une autre vague puissante me percuta lâchement perpendiculairement au bateau. J’ai bien cru que j’allais me retourner : le bateau était à 90 degrés environ de la surface.
Étonnamment, le bateau choisit finalement de se remettre à l’endroit. Je l’y aidai autant que je pouvais dans mon esquif fermé. Je reprenais mes esprits. Quelques lyophilisés vides jonchaient le sol de la cabine.
La suite fut du même acabit. Sans que le bateau ne se remettre dans une telle position délicate, il repartit en surf. Quelque peu refroidi par ma 1ere expérience, je choisis de ne pas vider l’eau qui entrait sur le pont du bateau afin de l’alourdir et de l’empêcher de sauter (ou presque) d’une vague à l’autre. C’était plus stable effectivement. Les vagues agissaient d’une manière concertée pour faire prendre de la vitesse au bateau et l’attaquer en essayant de le martyriser dans un déferlement de vagues latérales.
La situation n’était pas confortable, c’est le moins que l’on puisse dire ! Surtout quand il faut passer entre 2 cargos aux trajectoires un peu de travers par rapport au vent !
Pas facile de sortir d’une situation où finalement le bateau va trop vite pour naviguer en sécurité.
Je me demande comment je vais tenir jusqu’à 4-5h du matin, il m’est impossible de prendre du repos dans une telle situation scabreuse...
Bref, le Cap Flemish me laissera de sacrés souvenirs ! Je n’ai pas eu vraiment conscience de ces attaques concertées de vagues lors de mes 8 premières traversées à la rame de l’Atlantique dans l’autre sens. L’Atlantique Nord ménage ses surprises.
Si le lecteur attentif a quelques idées dans son baluchon, je les mettrai en place « scientifiquement » au prochain coup de vent (qui va arriver très vite dès lundi) ! Et je vous indiquerai la solution finalement utilisée.
samedi 03 août 2024
J 6 Ça secoue …pour la bonne cause : doubler le Cap Flemish !
Parole du rameur
J’ai ramé dans une atmosphère calme jusqu’à vendredi matin et peu à peu un régime plus agité avec de bonnes grosses vagues s’est installé. Cela me permet d’avancer dans le bon sens. Les prévisions pour le week-end annoncent des phases météo plus coriaces à gérer : Vent changeant du sud, puis du nord, force 5 soit environ 20 nk ; des vagues assez rapprochées. C’est moins fort que les vents que j’ai eus pour ma première nuit. Les surfs au sommet des vagues sont moins rapides que ceux du départ et donc plus sécurisants (4-5 nk au lieu de 10-12 nk). Et beaucoup de brume encore.
La sortie de la zone du Cap Flemish devrait se concrétiser dimanche soir ou lundi si tout se passe bien. Avec mes laisser-passer de la baleine du Cap Race et des dauphins du Cap Flemish, j’espère avoir toutes les autorisations de sortie de la zone.
La nuit de vendredi à samedi a été mouvementée. Les nombreux changements de vent annoncés ont eu lieu et m’ont fait vivre l’ambiance essoreuse 2000 tours au moins ! Et pour pimenter la situation, un gros tanker faisait route pile en face de moi … Je suis entré en contact par VHF (radio courte distance). Il a été sympa et s’est légèrement dérouté afin de faciliter notre croisement. Tout cela ponctué par d’indispensables petites tranches de sommeil !
En ce samedi matin, il fait gris sans brume, le vent souffle à 20 nœuds, et les vagues ne sont ni petites, ni énormes. Je suis un peu de travers par rapport aux vagues, c’est assez désagréable. Je suis secoué comme un prunier. Il faut l’accepter, c’est le prix à payer pour avoir de la vitesse ! Il faut trouver le juste équilibre entre vitesse, sécurité et inconfort. Mon objectif de quitter la zone du Cap Flemish se rapproche petit à petit. Je vais bientôt franchir la ligne des 2000 mètres de fond. Puis les 3000 m en fin d’après-midi. Et il restera les 4000 m demain. Le plateau continental sera alors derrière moi !
Sept jours pile pour doubler le Cap Flemish au départ de Trepassey, c’est très rapide. Je signe immédiatement pour une seconde semaine au même rythme.
vendredi 02 août 2024
J5 : Les douaniers du Cap Flemish
Dans la journée d’hier, Patrick a dépassé les 500 premiers km de sa traversée. Il a quitté les grands bancs de terre Neuve et s’approche du Cap Flemish ( en français : Bonnet Flammand). C’est une zone de haut fonds ayant la forme d'une mesa ( table en espagnol) sous-marine – sorte de grande butte au sommet plat et aux versants abrupts.
C’est ici que se rencontrent les eaux froides du courant du Labrador et les eaux chaudes du Gulf Stream. Le mélange de ces eaux sur le plateau provoque la circulation du courant dans le sens des aiguilles d'une montre au niveau du cap.
Les eaux du bonnet sont plus profondes en général de 140 mètres et plus chaudes que celles des Grands Bancs. Elles sont reconnues comme des eaux extrêmement poissonneuses, d’où la présence de nombreux bateaux de pêche et d’autres espèces marines prédatrices dans cette zone.
Le Cap Flemish a été le décor du roman de Sebastien Junger « The perfect Storm » (1997) et de son adaptation cinématographique « En pleine tempête » de Wolfgang Petersen (2000)et dont le héros est interprété par Georges Clooney. Ces deux œuvres relatent le naufrage de l’Andrea Gail bateau de pêche de Gloucester parti pêcher l’espadon au Cap Flemish et pris dans la tempête de Halloween 1991 alors qu’il rentrait au port les cales pleines de poissons !
Parole de rameur
J’aimerais sortir de la zone du Cap Flemish. C’est une sorte de montagne souterraine. Autour on tombe vite à 1000m de fond côté Canada et à l’Est, c’est du 3000/4000 mètres.
Ce n’est pas facile avec du vent dans ce coin là et des vagues qui sont un peu perdues.
Je suis au Nord du Cap Flemish. J’ai reçu mon autorisation de passage pour les 100 derniers milles (180km) qui vont me permettre de rejoindre l’océan et ses grands fonds. Une dizaine de dauphins sont en effet venus me voir très près du bateau, parfois à 2 mètres du bout des rames. Ils se sont amusés un peu avec moi, ont accepté d’être filmés, m’ont posé quelques questions et ont tamponné mon passage en disant qu’ils connaissaient le gardien du Cap Race, mon amie la baleine que vous connaissez depuis une précédente news. Il vaut mieux avoir une autorisation car les jours prochains ne seront pas très faciles. Avec des vents moins bien orientés et à certains moments assez forts, il va falloir être bien prêt pour passer rapidement ce passage délicat.
Journée du 1er aout
Il y a eu de la condensation cette nuit dans la cabine, tout est mouillé ! De nombreux tankers et bateaux de pêche naviguent dans le coin. Il faut se méfier et rester très vigilant.
Le jour s’est levé dans la brume et par vent calme. Le pilote automatique a décroché fréquemment. Il n’y avait pas assez de vent pour tenir la direction. J’ai pu donner un peu de vitesse au bateau en ramant le plus fort possible et ainsi contrer les dérèglements du pilote.
Malgré la quasi-absence de vent, la mer m’emmène quand même dans la bonne direction. Du coup j’arrive à faire un peu de distance. C’est plutôt agréable de ramer. Je ne suis pas éclaboussé par les vagues. En fonction des heures la brume est plus ou moins épaisse.
jeudi 01 août 2024
J4 : Les oiseaux …
Parole de rameur plongé dans un remake d’Hitchcock…
Hier soir en fin d’après-midi, une bande d’oiseaux malins a attaqué mon frêle esquif dans une brume dense. L’assaut a été très bien mené. J’en prends pour preuve un oiseau qui a essayé à maintes reprises de se poser sur mon aviron de secours. Après moultes tentatives, il y parvint. Il reste un peu, je l’observe, j’admire cette merveille d’équilibre qui lui permet de rester debout sur un tel épar, qui bouge dans tous les sens au gré des mouvements du bateau. Bref, il retient mon regard et ce faisant fait diversion.
C’est alors qu’un bruit attire mon attention derrière moi. Deux autres compères du premier volatile s’en donnaient à cœur joie sur le panneau solaire avant.
Et comble de malice, ils ont déposé leurs fientes complètement à l’avant du bateau, à l’extrémité du panneau solaire, en un endroit qui me semblait inaccessible.
Il y a peu de vent mais un peu de mer. Après quelques essais, en me penchant sur le bord du bateau dans une position assez scabreuse, je réussis à enlever une partie des méfaits de mes agresseurs. Et pour le reliquat, après quelques tentatives d’équilibre infructueuses, j’opte finalement pour le seau d’eau renversé à distance. Cela nettoie enfin le reste des exploits de ces volatiles.
Ouf, je suis sauf ! Tomber à l’eau dans de telles circonstances m’aurait certes rafraîchi les idées mais aurait pu aussi être source de désagréments du fait de la grande fraîcheur des eaux océaniques.
Moralité : méfie-toi du volatile qui lave les plumes de son séant sur ton panneau solaire !
La vie d’un rameur océanique est ponctuée comme en témoigne Patrick de rencontres insolites source d’anecdotes croustillantes et merveilleuses. Mais son quotidien s’organise autour de tâches routinières d’entretien, de préparation des repas, de fabrication d’eau qui à leur tour ponctuent la principale activité : ramer ! Nous vous détaillerons prochainement ses routines. En ce quatrième jour, Patrick ressent encore fortement la proximité de la terre. Et cela lui demande une vigilance de chaque instant !
Il a dû éviter un cargo, le NYK RIGEL qui naviguait à une dizaine de mile de lui à une vitesse de 15 nœuds. Patrick a dévié sa route de 15 degrés vers l’est pour ne pas le croiser de trop près. Conséquence de cet ajustement de cap, cela a mis le bateau en vent de travers et des vagues sont venues le bousculer. Une fois le cargo passé, il a pu redresser sa trajectoire et retrouver un certain confort de navigation.
mercredi 31 juillet 2024
Mercredi 31 juillet J3 179 Mn en 3 jours…
Message de Patrick
Mardi 30 : Le vent a molli tout au long de la matinée. La brume qui avait ponctué mon arrivée à Trepassey est réapparue durant 3h cet après-midi avec un vent faible. Plus tard, le soleil est revenu avec peu de vent. Un peu de calme, c’est très bien. Le vent devrait remonter dans la nuit mais pas trop fort semble-t-il.
Ce soir à 23h30 ici, 3h30 Paris, cela fera 3 jours que je suis en mer depuis mon second départ à Trepassey.
28 juil. 2024 04:01 Longitude : -53.370766 Latitude : 46.735390
31 juil. 2024 03:25 Longitude : -49.264520 Latitude : 47.478983
179 Mn parcourus soit 331 km à une vitesse moyenne de 2,24kn
Rétroactivement, l’escale à Trepassey a été excellente :
- Côtoyer Amelia Earhart dans les rues de Trepassey et marcher dans ses pas d’aventurière transatlantique était une sacrée expérience.
- Le départ en pleine nuit.
- La lutte dimanche pour passer le Cap Race avec l’autorisation de la baleine gardienne de phare. J’ai réussi à la capturer en vidéo en train de danser des claquettes … ! Non pas vraiment, je plaisante ! On la voit sauter !
- Enfin l’autorisation des Anciens gardiens qui a pris la forme d’un vent favorable, de 10 à 25/30 nœuds (modéré à fort).
mardi 30 juillet 2024
Mardi 30 juillet J2 : Beau temps ?
Message de Patrick :
Lundi : Ici il fait très beau, grand soleil. Beau ici ne signifie pas vraiment caniculaire. La nuit, je dors en pantalon de ciré et veste de quart prêt à intervenir car c’est assez musclé comme temps. Certaines vagues cognent fort contre la coque, elles sont abruptes et rapprochées. Il faut bien se positionner pour ne pas prendre de travers cette puissance. Heureusement les vagues me poussent dans la bonne direction.
Mardi : Ce matin c’est un poil plus calme. Mais ça avance toujours bien. Il fait beau mais c’est seulement en milieu de journée que la chaleur me permet de rester en tee-shirt !
Le ciel est bleu, quelques nuages, la canicule concerne l’autre bord de l’océan !
Ce qui est intéressant, c’est que curieusement, contrairement à ce que je redoutais, je n’ai pas eu de brume depuis le départ. C’est très appréciable. À Saint Pierre, les vents d’ouest amenaient le soleil et les vents du sud-ouest la brume. Les prochains jours nous diront si cette observation se vérifie encore ici sur les Grands Bancs.
Je n’ai plus aperçu de baleines depuis le franchissement du Cap et le salut de sa gardienne cétacée ! Sortir vite des Grands bancs (le plateau continental) reste mon objectif pour ne pas risquer d’avoir à escalader des vagues avec du matériel d’alpinisme !
Patrick navigue en ce moment dans les Grands Bancs de Terre Neuve. Cette zone d’une superficie de 280 000 km2 s’étend au Sud-est de Terre Neuve au bord du plateau continental nord américain. Un plateau continental n’est autre que le prolongement du continent sous la surface de l'océan. Il s’agit en quelque sorte d’une portion de continent ennoyée. Les bancs sont constitués de plateaux sous-marins, la profondeur y est faible de 25 m à 200 m au maximum. C’est là que se rencontrent les courants froids du Labrador et les courants chauds du Gulf Stream.
Le mélange de ces eaux et la forme du fond océanique font remonter les nutriments à la surface. Le phytoplancton peut ainsi se développer en grande quantité. Il sert de nourriture au zooplancton qui alimente ensuite la chaine alimentaire des autres animaux. De nombreuses espèces de poissons, de mammifères marins et d’oiseaux vivent dans cet environnement. Ces conditions ont contribué à créer l’une des zones de pêche les plus riches au monde…
La surpêche du XXe siècle a conduit les canadiens à interdire la pêche sur les grands bancs en 1992.
Patrick a t-il dans son équipement de rameur solitaire de quoi pêcher quelques spécimens pour améliorer ses menus lyophilisés ?
lundi 29 juillet 2024
Lundi 29 juillet : J 1
Message de Patrick : « J’AI RENCONTRE LE GARDIEN DU CAP RACE »
J’ai quitté le ponton du port de Trepassey à 23h30 (4h00 heure Paris). C’était trop tôt car le courant de la marée n’était pas encore établi. Attendre 30 minutes m’aurait évité quelques efforts et le courant m’aurait emmené plus vite. Le pic de marée haute était à 2h ce dimanche matin.
Sortie du chenal à 3 miles.
A la sortie, pas de vent ou presque. Je mets cap au sud pour pouvoir contourner Terre Neuve. Le vent est de face quand il y en a et c’est maintenant qu’il faut prendre une marge de manœuvre pour passer le dernier cap : le Cap Race avant l’Atlantique et la Bretagne, ma prochaine Terre.
Longue période de rame pour commencer ( 23h30 - 4h30) soit 5h à lutter dans les calmes très calmes, suivie d’une pause de 1h30 de sommeil puis 7h30 de rame à nouveau quasiment sans lâcher les avirons pour franchir le Cap Race .
12h30 de rame, c’est le prix à payer pour s’offrir le Cap Race !
Vers 8h30, mon regard est attiré vers la côte. Une baleine au loin tape avec sa queue dans l’eau 7 ou 8 fois de suite, saute en l’air plusieurs fois. Elle s’amuse ? Je me dis qu’elle est bien en forme cette baleine ! Et je suis presque sûr qu’elle va venir me voir.
Elle s’approche, saute en l’air régulièrement. Si elle cherche à attirer mon attention, c’est réussi ! Elle passe devant le bateau à 30 mètres. J’arrête de ramer pour ne pas l’énerver. Je rentre à demi dans la cabine, j’essaie de filmer. Elle passe à tribord toujours à 30 mètres. Elle saute en l’air encore, sort entièrement de l’eau.
Quand une baleine de 10 tonnes (à vue de nez, ma mesure est très approximative) parle à un humain de 0,1 tonne, alors j’écoute !
J’espère que ce n’est pas une parade amoureuse !
Et soudain je comprends : cette baleine est le gardien du Cap Race, c’est elle qui m’autorise à passer ou bien m’écrabouille !
Comme je vous raconte l’anecdote, vous en concluez qu’elle m’a autorisé le passage ! Elle s’éloigne en continuant à jouer.
J’ai revu dans la journée des souffles de baleine mais je ne sais pas si c’était la même. Il me plaît à croire qu’elle était le gardien qui veillait sur moi !
En tout cas, à chaque fois que je cessais de ramer, le vent me poussait vers la côte. Je suis passé à moins d’un kilomètre, un peu trop près à mon goût. Il fallait donc s’arrêter le moins possible. Un courant plus fort, un vent mal orienté et je serais arrivé sur des rochers peu hospitaliers. Le vent n’était pas très fort 10 nœuds parfois 15, cependant cela aurait été très difficile d’éviter les vagues qui se cassent sur la côte.
Une grosse journée de départ. Le Cap était peu enclin à se laisser doubler.
Mais une fois ce dernier franchi, le bateau s’aligne dans l’axe des vagues et file à 3 voir 4 nœuds parfois. Je m’accorde une grosse sieste salvatrice pour me remettre de ces émotions intenses.
lundi 29 juillet 2024
Lundi 29 juillet fin de journée : Epreuve Olympique de surf en quittant Terre Neuve…
Message de Patrick :
Dans la nuit de dimanche à lundi le bateau a été à plusieurs reprises emporté sur des surfs véloces qui ont affolé le cadran de vitesse 7, 8 puis 10 et même plus de 12 nœuds. Ça secoue. C’est un peu trop rapide. Il ne faudrait pas que le bateau fasse une embardée.
Des vagues de 3 mètres, un vent de 25 à 30 nœuds… Le bateau s’est couché une fois avec une vague puissante arrivée de travers. Mais il est revenu à l’endroit.
Lundi matin : Le vent a faibli quelque peu, la vitesse du bateau évolue entre 2 et 5 nœuds sous le soleil. Je récupère de la journée d’hier. Ramer dans ces conditions ne permettrait pas de gagner grand chose et serait dangereux. Les vagues sont assez grosses. J’interviens dehors uniquement si c’est nécessaire.
La terre encore assez proche influe sur les conditions de navigation : des vagues plus grosses et moins régulières , un trafic maritime assez dense .
Prochain objectif : sortir dès que possible du plateau continental aux fonds d’une centaine de mètres et rejoindre le plein océan et ses profondeurs abyssales 3 - 4000 mètres. Cela peut prendre presque une semaine.
En tout cas, la Transat démarre avec un très bon rythme grâce à ces conditions musclées qui me poussent dans le bon sens.
dimanche 28 juillet 2024
Dimanche 28 juillet : Nouveau départ , compteur remis à 0…
Ce matin aux environ de 4h ( heure de Paris), Patrick a repris la mer pour profiter des vents favorables annoncés par les prévisions météorologiques. Il est parti de nuit sous la brume. L’objectif est de doubler la dernier cap de la presqu’île d’Avallon.
Le Cap Race est décrit ainsi, en 1754 : “… une pointe plate et peu élevée, avec un petit îlot ou rocher noir qui est détaché devant lui. La terre, aux environs de ce cap, est une terre basse…”
C’est tout à fait ça, mis à part l’érosion qui continue son travail de sape et qui a modifié quelque peu le paysage. Et plus on se rapproche et plus on a l’impression de toucher au bout du monde.
Il a fallu attendre 1856 pour que l’on y construise un phare.
Le Cap Race ( du portugais raso = désert) est la première pointe de terre à apparaître à la fin d’une traversée de l’Atlantique Nord.
Imaginez le soulagement des milliers de capitaines, de marins et de passagers, épuisés par des semaines de mer, en apercevant le cap: enfin! L’Atlantique était franchi, on devait voir les premiers oiseaux. Le cap signalait l’entrée dans le détroit de Cabot, ça sentait la terre ferme. Pour Patrick , il marque l’entrée dans l’océan et le début d’une grande aventure !
De 1874 à 2007, le phare du cap Race a été tenu par une longue lignée familiale de gardiens de Patrick ( pas le nôtre !) à John Myrick.
Leur travail n’était pas de tout repos! Il fallait à la fois se livrer à des manœuvres épuisantes pour alimenter la lumière en huile toutes les trois heures environ, et puis s’occuper de la corne à brume alimentée elle par du charbon. Comme Patrick nous l’a dit dans cette zone de brumes fréquentes la corne est tout autant essentielle pour les navigateurs que la lumière du phare qui peine à traverser la dense couche brumeuse.
Très vite, le gardien de phare et sa famille eurent de la compagnie. En effet, l’organe de presse américain, Associated Press (AP), décida d’y placer du personnel pour recueillir et diffuser les nouvelles d’Europe avant tout le monde.
Il réussit à convaincre les compagnies transatlantiques de prendre à leur bord des contenants scellés remplis des dernières nouvelles du monde. Un vigile de l’AP, installé en permanence au Cap Race, veillait l’approche des navires. Lorsque, par un système de sémaphore, un navire signalait qu’il avait des nouvelles “fraîches”, le vigile alertait l’équipage du canot à moteur de l’AP qui se dirigeait vers le navire. Un marin jetait alors les contenants par dessus bord et les marins du canot les récupéraient.
Une fois à terre, un opérateur télégraphiste rédigeait les nouvelles et les envoyait à New York avec la mention “Via Cape Race”. Cette pratique dura jusqu’en 1866 lorsque le câble transatlantique devint pleinement opérationnel.
Et ce soir nous avons la joie de vous annoncer que « Via Cape race » Patrick et son bateau ont dépassé cette pointe orientale de Terre Neuve emportés vers l’est par des vents soutenus.
samedi 27 juillet 2024
Samedi 27 juillet 2024 : Nouveau départ programmé ...
Message du rameur :
Ce soir départ 23h, heure de la baie des Trepasses.
Il faut tenir compte :
- de la distance à ramer jusqu’au Cap Race
- â du vent qui devrait être de travers mais pas fort
- â du courant de marée pour m’aider à faire les 3 miles jusqu’à la sortie du chenal
- â de ne pas passer trop près du Cap Race
- â du fait que les vents vont monter un peu 10 puis 15 noeuds en fin de matinée, toujours un peu de travers.
- â du fait que le départ va vraisemblablement se faire dans une brume à couper au couteau et en pleine nuit !
Bref, pas très simple la manœuvre! Mais à cet instant cela me paraît être le meilleur moment pour le faire. Une fois cette partie passée, il devrait y avoir au moins 2 jours de vent pour se dégager de la côte.
vendredi 26 juillet 2024
Vendredi 26 juillet J4 : Arrêt de sécurité à Trepassey harbor
Message du rameur
Le grand calme de la nuit de mercredi à jeudi et celui de la matinée durant lequel j’ai combattu courants et pétole m’ont contraint à mettre l’ancre flottante pour ne pas trop reculer. Au vu des prévisions météo de vendredi et samedi (avec des vents défavorables la plupart du temps), j’ai cherché sur la carte un point d’accueil que j’ai réussi à atteindre un peu avant la nuit ce jeudi soir.
J’avais le choix : me battre en mer en étant sûr de passer pas mal de temps pendant 2 jours sous ancre flottante, et cela dans une zone de grand trafic maritime et une brume très tenace : ça ne m’a pas paru être un bon choix juste avant de s’élancer dans l’Atlantique Nord. Je n’aurais même pas pu progresser réellement sur ma route, ou très peu dans le meilleur des cas, tout en prenant des risques.
Ou bien rejoindre un port (dans mon cas un simple ponton) pour préparer un nouveau départ de la traversée Nord. D’ailleurs, en attendant la bonne fenêtre météo à Saint Pierre, j’avais déjà envisagé de faire plusieurs étapes. Finalement, c’est ce qui se passe !
Le chemin à la rame vers la baie des Trépassés a été très long. J’étais dans la brume (on voyait à peine à quarante mètres) à partir du début d’après midi jusqu’à 20h20. Il a fallu jouer entre les calmes, les vents contraires et les courants aléatoires avec zéro visibilité. Je n’ai pas vu la terre, uniquement le ponton à l’arrivée!
Les Français Éric et François sur leur beau voilier « Sélune » étaient là pour que la soirée soit magnifique en m’accueillant sur leur bateau. Ils m’ont doublé et sont arrivés sur place 15 minutes avant moi.
J’étais à mille lieux ce matin de penser que la journée pouvait se terminer comme ça !
Je referai un 2eme départ pour la traversée Nord.
jeudi 25 juillet 2024
Jeudi 25 juillet J 3 Vigilant, la tête dans la brume…
Patrick a franchi la longitude du Cap Pine durant la nuit. Il doit redoubler de vigilance. La brume l’accompagne , elle va et vient, il évolue dans un environnement ouaté qui ne lui accorde qu’une visibilité limitée pendant laquelle tous ses sens sont à l’affut. La corne de brume des phares le guide. Les courants dominants le poussent vers la côte au Nord dès qu’il ne rame plus . Entrer dans l’océan n’est pas un parcours de santé !
Il vise à présent le dernier cap de Terre Neuve : le Cap Race . Avant de le dépasser certainement en milieu de nuit prochaine il navigue au large de la baie de Trepassey.
Ce nom Trepassey désignant à la fois la baie, le village et la côte provient du mot Trépassés (hommes morts), du nom de la Baie des Trépassés sur la côte bretonne de France. On croit que la localité a été nommée ainsi en raison des nombreux naufrages qui ont eu lieu au large de ses côtes. Il est aussi possible qu'elle ait été fondée par des bretons de Plogoff, où se situe la baie des trépassés, sur le raz de Sein, ou par ressemblance avec ce lieu d'origine.
C'est de Trepassey qu'est partie Amelia Earhart, la première femme aviatrice à avoir réalisé la traversée de l'Océan Atlantique avec deux compagnons en 1928 avant de réaliser la première traversée d'une femme en solitaire en 1932.
Message du rameur
24 juillet : Le drapeau sur le bateau ne flotte même plus !
• 8h30-12h30 rame pause 5 min par demi-heure. La brume tombe petit à petit. Il fait bon, chaud même en ramant. Le rythme est suffisamment tranquille pour ramer 3h d’affilée.
La surface de l’eau est de plus en plus calme. Si le pilote tient sa route, alors j’avance ; sinon, c’est compliqué.
• 11h30. Petite bruine qui arrive très fine.
Déjeuner : 1 riz et poulet à la normande bio de juin 2021 + nouilles. Total : 3 lyoph + 2 nouilles.
• 15h30 Je trouve l’eau du dessal un peu trop salée. Je l’ai fait fonctionner vers 13h et il marchait bien. Je décide de refaire de l’eau. Le dessal hésite (comme parfois) et s’arrête. Même chose une 2eme fois.
• 17h-21h. Le dessal ne s’allume plus du tout. Diagnostic : un fil cassé dans sa cosse, et donc pas simple à repérer… S’en suit réflexion et action.
Réparation du dessal : Du fil électrique, Wago, cosses. Le fil cassé se trouve dans un endroit impossible à dénuder… Si je rate la manœuvre, je n’ai plus aucune longueur utilisable… Test… Ça marche. On verra demain si ça fait de l’eau !
Et pendant ce temps -intense nerveusement- le bateau dérive vers le Nord, vers la côte, il faut redonner un coup de rame vers le sud régulièrement pour bosser sur le dessal. Il faut gérer 2 croisements de bateau à l’AIS. L’orque (de ce matin?) revient. Un souffle puissant me surprend à 30/40m derrière le bateau, je vois son dos 2 ou 3 fois et hop disparition. Elle fait 4/5m de long, magnifique ! La bouée qui fait corne de brume souffle tout le temps, ajoutant une petite ambiance fin du monde. Apres s’être levée, la brume est retombée cet après-midi.
• 21h20, rame à nouveau mais le bateau veut aller au nord dès que je m’arrête. Puis ça s’améliore un peu. Et à 1h, je retourne ramer.
Jeudi 25 juillet
1h-2h brume. On ne voit rien. La lune éclaire un peu en gris le côté Tribord du bateau. A gauche, la côte qu’on ne voit pas du tout. Elle est à seulement 4 Nm. Mais on l’imagine en entendant la bouée corne de brume.
Un lac. Je rame sur un lac. Et ça avance correctement.
A propos de l’orque croisée…
L'orque, ou épaulard (Orcinus orca), est une espèce de mammifères marins du sous-ordre des cétacés à dents, les odontocètes.
Elle vit dans les régions arctiques et antarctiques jusqu'aux mers tropicales. Son régime alimentaire est très diversifié, bien que les populations se spécialisent souvent dans des types particuliers de proies. Certaines se nourrissent de poissons, tandis que d'autres chassent les mammifères marins tels que les lions de mer, les phoques, les morses et même de grandes baleines (généralement des baleineaux). Les orques sont situées au sommet de la chaîne alimentaire des océans. Elles sont fortement sociables. Les orques sauvages ne sont pas considérées comme une menace pour l'Homme ; certaines s'approchent même des embarcations dans le but d'établir un contact
jeudi 25 juillet 2024
25 juillet :dernières minutes
Pas d'inquiétude à avoir sur la trace GPS du bateau.
Message de Patrick
Compte tenu de la météo des 2 prochains jours qui veulent dire recul et ancre flottante, je me dirige vers Trepassey pour attendre la nuit de samedi à dimanche et repartir.
J’avais envisagé de faire plusieurs étapes au départ de Saint Pierre. Finalement j’aurais voulu passer direct mais je pense que c’est le plus sage dans une zone où il y a pas mal de bateaux et beaucoup de brume.
Ce matin j’ai mis l’ancre flottante. Manœuvre ok face à un petit vent qui s’est levé de façon inattendue et quasiment dans mon axe face à moi.
J’espère y être ce soir (à Trepassey).
mercredi 24 juillet 2024
Mercredi 24 juillet J 2 : Viser le Cap Pine...
Patrick nous indiquait hier soir que son objectif était le franchissement de la pointe méridionale de Terre Neuve. Le cap Pine constitue le sas d’entrée dans l’océan lorsqu’on va vers l’est et dans l’estuaire du Saint Laurent dans l’autre sens. Il redouble de vigilance dans cette zone de navigation périlleuse. C’est d’ailleurs sur ce promontoire de la dangereuse côte sud de la presqu’île d'Avalon que la première lumière de débarquement a été érigée en 1851 pour guider les bâtiments de transport transatlantique. Le phare du Cap Pine est l’un des plus anciens phares du Canada. Il illustre les premières améliorations apportées aux aides à la navigation sur la côte est du Canada.
Le phare est fait d'une tour de fonte de 50 pieds surmontée d'une lanterne polygonale, dont le feu roulant était composé de 16 lampes alimentées d'huile de baleine et munies d'un miroir parabolique. Il s'élève à plus de 300 pieds au-dessus de la mer. Grâce à son emplacement stratégique, il est très visible pour le trafic maritime. Patrick pourra certainement témoigner de l’avoir aperçu !
Message de notre rameur
Aujourd’hui pas de vent. Du coup il faut ramer et ramer. Je suis à une quinzaine de milles du Cap Pine. Ensuite, il faut aussi passer le Cap Race. Quand il y a du vent, ce sont des endroits très dangereux car la mer et les courants peuvent être très gênants pour un rameur, comme dans tous les grands caps.
Je retourne ramer.
Ce matin pendant mon quart de rame, j’ai vu un (ou une?) orque à 30 mètres perpendiculairement derrière le bateau. Une sortie et puis il (elle) disparaît…
Très très calme ici. Je suis dans la brume.
Je vois à 100-200 mètres. AIS, feux, écho radar : tout est allumé.
Le brouillard se forme lorsque l’air humide se refroidit jusqu’au point de condensation, c’est-à-dire jusqu’à ce que la vapeur d’eau se transforme en gouttelettes. Au-dessus des Grands Bancs de Terre-Neuve les masses d’air chaud qui se déplacent vers le nord avec le Gulf Stream se refroidissent au contact du courant du Labrador.
Or, comme le refroidissement se fait par la base, il se crée une inversion de température (l’air froid est emprisonné sous une couche d’air chaud), et le brouillard devient persistant. Sur la côte de l’Atlantique, la saison des brumes culmine en juillet
mardi 23 juillet 2024
Mardi 23 juillet Jour 1 Quitter le port et longer la côte…
Cela fait déjà un jour que Patrick a quitté le port de l’île Saint Pierre . C’est la plus petite des îles de l’Archipel Saint Pierre et Miquelon. D’une superficie de 242 km2 il est situé dans l'océan Atlantique, au sud-est du golfe du Saint-Laurent et au sud de l'île canadienne de Terre-Neuve . Jacques Cartier l’a baptisé Isle Saint Pierre lors de son second voyage en juin 1536 en l’honneur de Saint Pierre, patron des pêcheurs. Au XVIème siècle, ces îles servaient de base aux pêcheurs normands, bretons et basques qui y pratiquaient la chasse baleinière.
Aujourd’hui Saint Pierre et Miquelon est une collectivité d’outre mer.
Les îles subissent un climat océanique froid et humide (précipitations de 1 500 mm/an, taux d'humidité > 80 %) avec une forte modération maritime. Balayé rapidement par les dépressions atlantiques naissantes, l'archipel est un lieu d'affrontement entre les poussées d'air froid arctique et les masses d'air maritime plus douces. C'est également le lieu de rencontre du courant océanique chaud du Gulf Stream et celui froid du Labrador. La température moyenne en août est de 16 °C, avec certains jours un brouillard très dense (les fameux bancs de brume de Terre-Neuve) pendant juin et juillet. Le facteur éolien ou refroidissement éolien est important. D’où l’attente d’une fenêtre météo propice pour le départ de l’aventure.
Message du rameur
Lundi 22/07
Dur de quitter Saint Pierre, ses habitants.
François puis Benoit et Dominique m’ont logé plus de 15 jours chacun.
Arrivée à Saint Pierre le 17/06 par le vol direct. Ambiance familiale très agréable sur l’île. Super top.
8:20 Saint Pierre, 12h20 Paris . Je m’élance de l’Anse Rodrigue.
Priorité : S’attacher.
1er quart jusqu’à 10h. Le bateau de Denis Hurel m’accompagne à la sortie de Saint Pierre.
Je m’occupe des détails d’installation du bateau. Position des avirons de secours, siège de rame 1 dévissé. J’utilise le siège 2 près du pilote à l’arrière. Les amarres deviennent des bouts de retournement. Fixation du seau extérieur. Fixation du vérin du pilote automatique…
13h30 Brest est à 2035 Nm
13h30 heure Saint Pierre : la brume apparaît, le vent monte un peu de de 5 à 10-12 nœuds et la vitesse du bateau aussi. Au bout d’une heure trente, la brume disparaît.
Test dessal ok.
15h20 tentative de sieste !
Environ 14 milles parcourus en 7 heures.
Quarts 1h40, 30 min, 1h + 1h + 2h = 6h de rame sur les 12 premières heures.
Vent 10 nœuds.
1er repas Hachis Parmentier cuvée jan 2022 + soupe chinoise.
Je longe le Canada 6 milles au Nord.
46 46 N 20h objectif 46 25 N en 80 Nm d’Est.
1ere nuit. 2 bateaux croisés en même temps dont un énorme bateau de croisière sans AIS et un bateau de pêche passé à 100/150 mètres.
Lune orange, magnifique !
Mardi 23 juillet
8h20 46 43 057 N 55 01 62 W
47NM parcourus. Pas mal pour un 1er jour
Rame en veste de quart, legging, bonnet
Objectif passer le Cap Pine.
Balise mise à 1h d’intervalle au lieu de 10 minutes.
Brest à 2000 Nm
lundi 22 juillet 2024
Lundi 22 juillet Jour J
Le grand jour est arrivé. Le bateau s’est élancé à 8h20 (horaire local) ou 12h20 (heure de la métropole) des quais de Saint Pierre et Miquelon. Un soleil radieux était au rendez vous avec une fenêtre météo favorable pour la semaine à venir.
Si la température est de l’ordre de 10 à 15°C, sous le soleil, des pointes vertigineuses à 25° sont enregistrées. Et pour un jour de soleil, il y a en moyenne 3 jours de brumes avec une visibilité de 150 mètres…
Depuis trois semaines, Patrick attend cette fenêtre météo. Elle est là ! Le bateau est prêt et le rameur également grâce aux petits plats concoctés par Benoit Corblin qui l’a accueilli chaleureusement .
Il est important de quitter la zone côtière qui reste dangereuse en cas de vents défavorables. Trois jours devraient être nécessaires pour franchir la pointe sud-est de Terre Neuve et rentrer en plein océan.
Après un premier quart d’une heure quarante, Patrick profite des dernières connexions terrestres pour envoyer des messages et se désaltérer. Il est temps de se remettre à l’ouvrage ! Le démarrage est progressif mais la direction est bonne.
samedi 20 juillet 2024
Départ de RAME OCEAN 2024 : tentative de record en solo de la traversée de l'Atlantique Nord d'Ouest en Est : lundi 22 juillet. Pas d'assistance.
Si la météo reste stable, l'objectif est de passer aussi rapidement que possible la pointe sud est de Terre Neuve à 120 Milles (220 km) de Saint Pierre, lieu de départ.
Pour la première fois cette année, une possibilité de partir de Saint Pierre et Miquelon est ouverte. Il faut en profiter.
A suivre.
vendredi 14 juin 2024
RAME OCEAN 2024 ATLANTIQUE NORD
La semaine prochaine à Saint Pierre et Miquelon sera une semaine de préparation pour le bateau LE RIRE MEDECIN.
Une fois le bateau prêt, c'est la météo qui décidera de la date du départ. Il faut environ une semaine de vents favorables pour partir de Saint Pierre car il faut 3 jours au moins pour passer Terre Neuve un peu à l'est de Saint Pierre et Miquelon et s'en éloigner rapidement. La proximité des terres pour un bateau à rames n'est jamais simple car le bateau peut être poussé par le vent sur la côte alors qu'en pleine mer, il n'y a pas d'obstacles à part les autres bateaux.
Skipper Patrick Favre. Traversée en solo.
Statistiques : 22 traversées réussies sur 54 tentatives en solo. Départ entre New York (USA) et Saint John's (Canada). Pour comparer les 22 traversées entre elles, on compare les vitesses moyennes. La plus rapide est de 1,97 noeuds par heure. La moins rapide de 0,71 noeuds par heure. La zone d'arrivée est difficile à prévoir car les vents et les courants peuvent pousser les bateaux entre l'Espagne et l'Irlande. Le 1er à tenter l'aventure a été Tom Mc Lean en 1969. Le 1er Français a été Gérard D'aboville en 1980 (71 jours à 1,54 noeuds par heure de moyenne). Pour battre le record de la traversée, il faudrait compter autour de 40/45 jours, selon la zone d'arrivée qui permettra de calculer une vitesse moyenne lorsqu'elle sera franchie.
1 noeud = 1 mille nautique par heure = 1,852 km/h
lundi 20 mai 2024
RAME OCEAN 2024 PORTUGAL
Les mois de janvier et février ont été consacrés à la mise au point d'un nouveau bateau (carbone). Les essais réalisés au Portugal (Jérôme CAUDOUX/Patrick FAVRE) ont montré que le bateau n'est pas prêt. Sa légèreté et ses caractéristiques montrent une instabilité trop forte dans les mers formées. L'équipage a préféré renoncer temporairement à la traversée prévue entre le Portugal et les Canaries pour ramener le bateau à BREST afin de rémédier à cette instabilité plutôt que de risquer de perdre le canot en mer.
La prochaine traversée RAME OCEAN prévue est une traversée en solitaire de l'Atlantique Nord dans le sens Ouest-Est. Plus d'infos à venir début juin.
samedi 25 mars 2023
RAME OCEAN 2023 - EL HIERRO (Canaries) - GOSIER (Guadeloupe)
53 jours 23 heures 31 minutes : Ils sont arrivés
Ce matin à 5h30, les familles ont embarqué à bord du catamaran de Vincent et Jannick pour rallier Rameocéan qui se trouvait au large de Petit Havre. Le jour se levait. Vers 6h10, en scrutant l’horizon vers l’est, je distingue quelque chose… une forme sur l’eau avec des ailes qui se déploient régulièrement. C’est eux, décharge d’émotion. Vincent met le cap sur ce point au loin. Tous les passagers se précipitent pour le voir. Nous les perdons de vue car il y a de la houle et nous sommes bien plus haut que le bateau à rame souvent caché par les vagues … On se rapproche de leur position constamment vérifiée sur le traceur GPS, mais rien en vue à bâbord . Je sors du carré arrière du côté tribord pour m’avancer sur le trempoline et me donner davantage de visibilité et là …. surprise … ils sont là à une cinquantaine de mètres . Cris de joie, tout le monde se précipite de ce côté du catamaran pour les voir. Vincent change de cap et se dirige vers eux. Que d’émotions… On s’interpelle, on fait de grands signes, on chante, on crie…
Chacun essaie de reconnaître son rameur préféré. Ils se sont préparés, douchés, pour certains rasés , ils ont revêtu une tenue propre. Ils ont le teint hâlé, silhouettes très affinées voire sèches… Les caméras, les appareils photos crépitent, chacun immortalise cet instant magique de la première rencontre après un océan d’absence…
Puis nous les accompagnons , en voguant à leur côté. Nous n’en croyons pas nos yeux , le bateau avance, mais nous avons l’impression qu’il fait du sur-place ! C’est cela ramer ! Quand il y a de la houle, les pelles sont parfois hors de l’eau … Inimaginable ! Quelle prouesse.
Il leur faudra un peu plus d’une heure trente pour rallier l’îlet Gosier où ils franchiront la ligne d’arrivée virtuelle. Le bateau longe la côte au plus près du rivage. Pour rejoindre le ponton , ils empruntent la passe au milieu de la caille. A cette heure, la plage et l’espace entre le rivage et l’îlet est très fréquenté par les sportifs Guadeloupéens ( nageurs, kayakistes, longe-côteurs, coureurs…) . Ils sont interrompus dans leurs efforts par l’intrusion de cette curieuse embarcation avec 6 hommes à bord.
Une fois, le catamaran ancré à deux pas du ponton, nous les rejoignons à bord de l’annexe pour leur apporter un pavillon au couleur de la France qu’ils pourront brandir au moment d’accoster.
Ils contournent à présent la digue et viennent aborder à côté de la navette qui mènent les touristes à l’ilet Gosier. Ils amarrent le bateau sur le quai flottant de la piscine d’eau de mer. Ils débarquent et nous nous précipitons pour les prendre dans nos bras. Quelle joie ! Ils l’ont fait, ils sont là ! Nous applaudissons, nous crions de joie, quelques larmes coulent.
Nous avons préparé quelques gourmandises rêvées par nos rameurs : une savoureuse salade de fruits exotiques , des viennoiseries toutes fraîches et croustillantes, une bouteille de champagne pour arroser l’exploit !
Les touristes assistent les yeux plein d’interrogations à cette étrange animation …
Et j’en termine par deux citations proposées par un contributeur de la cagnotte pour le rire médecin : « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine, elle est mortelle » Paolo Coelho « Les seules démarches vouées à l’échec sont celles que l’on ne tente jamais » Paul Émile Victor
L’aventure se termine et nous remercions tous les lecteurs et lectrices qui ont apporté leur soutien au suivi de ce défi et participé à la cagnotte .
vendredi 24 mars 2023
Jour 53 : Terre …terre
Il ont passé leur dernière nuit au milieu de l’océan sans apercevoir de terre. La prochaine, ils seront guidés par les lumières des villes et village qui jalonnent la côte Sud de Grande Terre . Le ciel était beaucoup moins couvert et ils ont pu admirer la voute céleste.
Journal des rencontres
 Vers 2h ce matin, une paire d’oiseau a survolé le bateau. Les rameurs surpris de cette apparition nocturne, ont assisté à un ballet digne des meilleurs pilotes de voltige aérienne. Un des deux volatiles a réussi à se poser à la proue du bateau juste à la lisière d’un panneau solaire. Il était en équilibre sur la pointe tel Jack dans Titanic. Le second tenta d’en faire autant, mais point de place pour se poser ! Il chercha alors un espace pour lui. C’est alors qu’il aperçut un curieux perchoir… Les pelles de Christophe… C’était parfait ! Il s’y posa et s ’y agrippa. Il y resta suffisamment longtemps pour que Louis le filme ! Finalement , il rejoignit son camarade pour parfaire la parodie de Titanic !
Terre en vue
Le bateau étant très bas sur l’eau, ce matin au lever du jour, ils ne réussissaient pas encore à distinguer la silhouette de la Désirade. C’est en se rapprochant qu’elle leur est apparue, long plateau au-dessus de l’horizon visible à tribord. Et là ils ont pu déclamé comme Apollinaire : " Je ne veux jamais l'oublier ma colombe ma blanche rade O marguerite exfoliée mon île au loin ma Désirade ma rose mon giroflier"
En cette fin d’après-midi, il leur reste 39 MN  ( 72 km) à parcourir en passant entre la Désirade et Petite Terre puis en longeant la côte de la Grande Terre de Saint François à l’îlet Gosier où se situe la ligne d’arrivée.
ETA entre 7h et 8h  demain matin heure locale.
La Guadeloupe
C’est un archipel constitué de deux grandes îles : la Basse -Terre (volcanique) et la Grande Terre (plateau calcaire). Elles sont séparée par un bras de mer nommé « La rivière salée ». Elle compte également d’autres îles plus petites :
- Au sud de Basse Terre , les deux Iles des Saintes ( Terre de Haut et Terre de Bas)
- Au sud de Grande Terre, l’île de Marie Galante
- A l’est de Grande Terre, L’île de La Désirade ( c’est la première terre que nos rameurs apercevront) et celle de Petite Terre.
jeudi 23 mars 2023
Jour 52 : moins de 100 MN à parcourir …
Ce n’est pas parce qu’ils ont traversé l’Atlantique dans des conditions inhabituelles ( des alizés peu installés, de longues journées de pétole) que les derniers jours vont leur offrir une météo digne des plages tropicales avec grand soleil, ciel bleu azur, et filet d’air salvateur. Eole aidé de Zeus leur réserve une arrivée sous le signe du vent et de la pluie. La tenue de quart est de rigueur car ils sont copieusement arrosés et rincés. Heureusement la pluie tropicale n’est pas froide !
La nuit dernière, alors qu’ils essuyaient le énième grain de la nuit, le pilote automatique a cessé de fonctionner estimant peut-être qu’il avait grandement travaillé depuis le 30 janvier ! Les rameurs se sont donc lancés dans un échange standard. Imaginez à quatre pattes, dans la nuit noire, à la lueur de leur frontale, copieusement arrosés , aspergés et ballotés par la houle… Opération réussie ! Pas besoin de condamner un poste de rame, toutes les énergies sont réservées à l’avancée.
Ils se sont rapprochés de la Guadeloupe de 56 MN et nous sommes dans la capacité de présenter une première ETA ( estimated time of arrival) . Il leur reste ce soir 97 MN à parcourir , ils pourraient donc toucher terre samedi matin vers 6 – 7 h heure de Guadeloupe.
La Désirade
Lorsque le bateau approchera de l’arc des petites Antilles , la première terre que les rameurs apercevront est l’île de la Désirade plateau calcaire émergeant des eaux à la pointe sud-est de l’ile de la Grande Terre de Guadeloupe. Avant de la distinguer à proprement parler, leur regard sera attiré par une clignotement rouge entre ciel et mer … OVNI, hallucination, rêve éveillé… ? Non , il s’agit des feux de position des éoliennes du parc installé au sommet de l’île. En effet , l’île est parfaitement exposée aux alizés , ces vents d’est que nos rameurs ont tant espérés tout au long de leur transatlantique !
Cette ferme éolienne a la particularité d’être anticyclonique , elles sont rabattables en cas de cyclone.
Puis avec le lever du soleil, les contours caractéristiques de l’île se dessineront à l’horizon. Signe indéniable que l’arrivée est proche. Déjà en 1493, lors de son second voyage, Christophe Colomb et son équipage ont été heureux d’apercevoir l’île après 21 jours de navigation. D’ailleurs l’île doit certainement son nom au fait que les marins s’écrièrent en chœur « Oh île tant désirée… » à la vue de cette première terre ferme depuis leur départ des Canaries .
Toutes similitudes avec l’aventure de nos rameurs sont fortuites… il semble cependant qu’un bateau à voile soit beaucoup plus rapide qu’un bateau à rame !
La Désirade est une île calcaire de forme allongée de 11km de longueur et 2 km de largeur, elle présente un vaste plateau qui atteint une altitude de 275 m ( ce pourquoi on la distingue d’assez loin). Cette île n’a pas de cours d’eau. Cependant elle a été peuplée dès le IIIe siècle par des populations amérindiennes. Les espagnols la fréquentèrent au XVIIe s, mais peu propice à l’agriculture elle servit de repaire aux corsaires. Les rameurs la doubleront donc pour rejoindre le canal entre Grande Terre et Marie-Galante.
mercredi 22 mars 2023
Jour 51 : Fin prêts !
Pendant que les rameurs continuent inlassablement à tirer sur leurs pelles pour se rapprocher de leur but, familles et amis ont eux préféré la voie des airs pour se rendre en Guadeloupe afin de ne pas rater le moment où ils toucheront terre ! C’est évidemment plus rapide, plus confortable, et moins épuisant… Peut-être les rameurs ont-ils aperçu les avions passer au-dessus de leurs têtes ?
Pendant ce temps-là, ils ont parcouru comme hier 58MN à une vitesse moyenne de 2,65nd. Les conditions ont alterné tout au long de la journée : vent 15 nd, vagues modérées , puis à nouveau des vents forts et des vagues de plus de 4m qui les emportaient dans de longs surfs ! Ajoutez à cela quelques grains bien positionnés leur demandant de revêtir les vestes de quart.
Pour se rapprocher davantage de la Guadeloupe, ils se sont calés sur le fuseau horaire de Guadeloupe en ramant une demi-heure de plus sur les quarts de fin d’après-midi. Ils sont fin prêts .
mardi 21 mars 2023
Jour 50 : Plus qu’hier…
Nous en avons à présent l’habitude dans une transatlantique à la rame, les journées se suivent mais ne se ressemblent pas. Après la journée d’hier , bien remuante, les éléments ont fini par s’aligner à partir de la fin de la nuit. Le vent reste soutenu et les vagues toujours aussi impressionnantes mais à présent chacun unit ses forces pour faire glisser le bateau vers l’arc antillais. Ils ont parcouru sur les dernières 24 heures 58MN à une vitesse de 2,43. Il leur reste à présent à parcourir environ 200 MN soit 370 km. Les rameurs restent concentrés sur leur technique de rame pour éviter de se blesser. Ils ont débuté un drôle de compte à rebours : on arrive dans 3 ou 4 dodos !!! Ils espèrent également arriver de jour.
L’arc des Petites Antilles
Il est constitué d'une vingtaine d'îles et de nombreux ilots. Il s'étend sur 850 km du Nord au Sud. Il est tourné vers l'Est, et son rayon de courbure est d'environ 450 km.
Il résulte de l’enfoncement de la plaque tectonique « Amérique » sous la plaque tectonique Caraïbe de densité plus faible qui supporte la mer des Caraïbes. ( c’est la subduction).
Cet arc des Petites Antilles est double, on distingue:
- un arc externe ou arc ancien. Il regroupe les Antilles calcaires . Ces îles n'ont pas connu d'activité volcanique. Il s’agit des iles de Marie-Galante, de la Grande-Terre, de la partie Est d’Antigua, de Barbuda et d’Anguilla.
- un arc interne constitué d'îles volcaniques récentes encore actives de nos jours. Il s’agit des îles de Grenade, Saint Vincent, Sainte Lucie, La Martinique, La Dominique, Basse-Terre, Montserrat, Nevis , Saint Kitts
lundi 20 mars 2023
Jour 49 : Mer croisée…
7 semaines en mer, 4150 km parcourus ( 89% de la traversée), 57° de longitude atteint, des vagues de toutes les tailles, Eole jouant au chat et à la souris avec eux… Cette aventure s’étire dans le temps, ne leur laisse pas de répit et se joue de leur impatience à toucher le but.
Durant cette journée, ils ont essuyé une houle croisée qui a freiné l’élan pris depuis le week-end. Ils n’ont parcouru que 44 MN à 1,83 nd. Ramer est compliqué, le bateau ne glisse pas et les rameurs reçoivent des coups de pelle lorsqu’un retour de vague les arrête brusquement.
Qu’est-ce qu’une mer croisée ?
C’est un état de la mer où deux systèmes de vagues se propagent dans deux directions différentes et se croisent. Elle peut se produire lorsque la houle a une plus longue période (ce soir à leur position : période de 16 s direction N) que les vagues générées localement par le vent ( période de 9s direction NE).
Espérons que tous les éléments vont finir par s’aligner dans la bonne direction pour permettre à l’équipage de rejoindre rapidement leur destination.
dimanche 19 mars 2023
Amis suiveurs de l’aventure de Rameocéan, la ligne d’arrivée se rapproche, la dernière semaine de navigation est entamée. Nos marins ont résisté aux conditions difficiles, ils ont dépassés les épreuves des maux physiques, des frustrations... Ils ont gardé tout au long un tempérament de battant qu’ils ont transformé en miles gagnés. De notre côté, le défi que nous avions à relever est la cagnotte pour le Rire Médecin. Nous remercions tous les donateurs qui ont permis de récolter d’ores et déjà 64% de l’objectif soit 2580 euros. Nous aussi transformons l’intérêt que nous portons à cette aventure en sourires pour les enfants malades. Surfons sur les vents portants et atteignons ensemble dans un grand élan de générosité les 100% de la cagnotte ! Quelle bonne surprise à offrir à nos vainqueurs de l’Atlantique à la rame.
https://lesdefisdusourire.leriremedecin.org/projects/l-atlantique-a-la-rame-pour-le-rire-medecin
dimanche 19 mars 2023
Jour 48 : Contraste
Les vieux loups de mer le savent bien, ce n’est pas dans les temps anticycloniques que l’on a le meilleur vent! Nos rameurs ont pu en effet juger de la qualité et de la force du vent dans la pétole qu’ils ont traversée, malheureusement pour eux, à plusieurs reprises depuis El Hierro !
Pour avoir du vent, il faut être dans ce que, nous terriens, nous appelons du « mauvais temps » et que les marins appellent de leur vœu le plus cher « le beau temps » ! Eh bien c’est ce qu’éprouvent nos rameurs depuis hier en début d’après-midi. Ils vivent ce contraste saisissant sur tous les tableaux : le soleil cuisant a laissé sa place à la pluie averse qui les trempe , fini les 37° du matin au soir, bonjour le 25° humide, ils ont troqué leur tee-shirt contre la combinaison de quart bien étanche, le souffle malingre a mué en un vent de 20 nœuds , l’océan miroir s’est métamorphosé en un champ de vagues de 3m. Bref en quelques heures c’est tout et son contraire ! Mais cela a un avantage non négligeable : ils sont constamment en pointe de vitesse. Ils filent sur l’eau !
Ils se sont rapprochés du but de 60 MN à une vitesse moyenne de 2,5nd. La pluie est moins intense en cet après-midi dominical, le vent souffle très fort et cela leur permet de faire sécher tout ce qui a été trempé depuis la nuit dernière. Leur vitesse instantanée baisse un peu car la houle est toujours vertigineuse, le bateau se fraie un chemin au milieu de murs d’eau de plus 4 m … Il faut être très prudent.
Pour le dernier dimanche de la traversée , ils passent sous le palier des derniers 300 MN et si l’on considère qu’ils réalisent chaque jour la même avancée que ces dernières 24h, on peut espérer une arrivée vendredi 24 en milieu d’après-midi heure locale.
samedi 18 mars 2023
Jour 47 : Coucher de soleil
55° de longitude dépassé, moins de 700 km à faire, 56 MN parcourus depuis hier soir (presque 1°) à une vitesse moyenne de 2,35. Ils ont quitté progressivement la zone de calme et on retrouvé un vent bien établi en fin de nuit. Provenant du Nord-est, le vent entrant les a secoués car ils essayaient de maintenir un cap nord-ouest pour éviter de trop descendre au sud. Au petit matin , le ciel était couvert, ils ont même essuyé quelques ondées.
Hier soir , l’équipage a été témoin d’un phénomène naturel assez insolite que bon nombre de marins et pirates ont observé à leur époque sans être crus par les continentaux à qui ils narraient leur observation surprenante. Il a fallu attendre l’arrivée de la photographie couleur pour que les auditoires acceptent l’idée que les marins avaient vu un rayon vert.
Ce rayon apparaît lors des levers ou couchers de soleil ( plus fréquent en fin de journée) sur l’eau avec des conditions météo particulières : un ciel bien dégagé sans nuage. C’est le cas dans les pétoles anticycloniques, ce sont des zones de haute pression avec un air plus dense .
Que voit-on exactement ? On aperçoit un trait ou un point vert d’une luminosité intense juste au-dessus du soleil au moment où il bascule à l’horizon . Il ne dure que quelques secondes. C’est pourquoi on parle aussi d’éclair vert ou green flash en anglais.
Comment cela se produit-il ?
L'atmosphère terrestre joue le rôle d'un prisme qui sépare les rayons du soleil en plusieurs couleurs. Lorsqu’ils traversent un air très dense, la lumière se courbe et se disperse dans l'atmosphère. Les couleurs comme le bleu, le vert et le violet ( à faible longueur d’onde) se reflètent plus facilement que les couleurs comme le rouge, l'orange et le jaune (à grande longueur d'onde). Quand le soleil est haut dans le ciel, la lumière voyage sur une plus courte distance et les couleurs ne se séparent pas bien. Mais lorsque le Soleil commence à passer en dessous de l'horizon, la lumière doit parcourir une plus grande distance : par conséquent, les couleurs se séparent plus facilement. C'est justement dans ces conditions que nos yeux arrivent à percevoir la lumière verte.
La légende raconte que le nom officiel de rayon vert proviendrait du roman de Jules Verne « Le Rayon Vert » écrit en 1882. Dans son livre, l'auteur décrit « une couleur verte qu'aucun artiste ne peut obtenir sur sa palette ».
C’est exactement cela que les rameurs ont aperçu au moment du coucher du soleil. Ils ont clairement distingué l’éclair vert posé sur la ligne d’horizon au moment où le soleil disparaissait. Magique !
vendredi 17 mars 2023
Jour 46 : 37° à l’ombre !
Qui dit calme plat , dit … nettoyage de coque. Aujourd’hui en plein midi, la tâche était accomplie avec en sus le bonheur du rafraichissement d’un bain de mer dans une eau à 26°. Les rameurs évoluaient dans un aquarium grandeur nature : eau bleu azur, limpide , visibilité à presque 10 mètres, et des centaines de poissons à portée de main. Ils ont également nettoyé la fosse où est rangé le radeau de survie sous les sellettes. C’était nécessaire ! Il fait toujours très chaud dans ces heures de milieu de journée et comme aucun souffle de vent ne vient ventiler les marins, c’est vraiment cuisant aux postes de rame et étouffant en cabine. 37°2 à l’ombre ! La mer est plate comme un miroir et le bateau glisse comme sur des patins. L’efficience de leur rame est parfaite et la proue fend les eaux, l’écran de contrôle affiche des vitesses instantanées supérieures à 2 nœuds depuis le milieu d’après-midi pour eux. Waouh ! Cependant l’avancée sur la dernière journée reflète les conditions de pétole qu’ils subissent depuis hier soir. Ils ont parcouru 37 MN à 1,53 nd . Ils devraient sentir le vent rentrer à nouveau en fin de nuit.
Il y a quelques jours, nous découvrions qu’être sur ce type de bateau est synonyme de jeu de balancier . Il faut constamment rechercher l’équilibre de l’embarcation soumise à la bonne volonté de la houle océanique. Mais ce n’est pas le seul pendant de ce type de navigation. En effet , le moindre mouvement des équipiers peut générer un déséquilibre. Ils doivent prêter attention à leurs pairs et communiquer pour que ces derniers puissent l’anticiper. Par exemple , si un rameur doit se lever pour vider le seau d’aisance par-dessus-bord, il prévient les autres avant de le faire , ainsi ils sont prêts à encaisser l’à-coup et ne risque pas de se cogner ou d’être délogé du siège de rame.
Nous pouvons commencer à enclencher le compte à rebours : Rameocéan entre dans sa dernière semaine de navigation.
jeudi 16 mars 2023
Jour 45 : A la recherche de l’eau douce…
Hier, ils ont eu quelques frayeurs. Lorsque le duo des experts de la cabine arrière s’est lancé dans la production d’eau dessalinisée pour la journée. Ils ont constaté que le rendement était extrêmement faible. La pompe montrait des signes alarmants de défaillance. Ils désespéraient de mettre des heures carrées pour produire la ration quotidienne. Patrick, appelé à l’aide , posa le diagnostic du dysfonctionnement : cela ressemblait à un encrassement des filtres. Il a fallu vérifier cette hypothèse. Il y a 2 filtres : un au niveau de la prise d’eau accessible par une soute de la cabine arrière et un autre à l’entrée du dessal dans la soute bâbord du bateau. Le premier des deux ne nécessitant pas de démontage compliqué a été vérifié. Un peu de contorsion pour y accéder, un fois en main, ils ont constaté qu’il était passablement encrassé par des algues et autres dépôts. Le second demandant un démontage de la pompe sera vérifié si le débit de production continue à ne pas être satisfaisant. Ce ne fut pas le cas , le dessal a produit sans problème les 18 litres nécessaires pour aujourd’hui. Pas besoin donc de se lancer dans une exploration outillée et complexe.
Le séjour en mer s’étirant au-delà des 50 jours, le stock de snack pack sera prochainement épuisé. Ces notes sucrées évoquant des souvenirs agréables vont bientôt leur manquer. Ils se sont partagé les derniers sachets en choisissant chacun sa gourmandise préférée … L’adage « on garde le meilleur pour la fin » a tout son sens ici ! Ne vous inquiétez pas il leur reste suffisamment à manger : des lyophilisés et de la viande séchée …
La performance de ces dernières 24h est moindre que celle d’hier 45 MN à 1,88 de moyenne. En effet ils sont entrés dans une zone de calme provoquée par l’anticyclone des Açores. Cela devrait durer au moins 24h avant une reprise bien marquée samedi qui les mènera directement à destination en fin de semaine prochaine. La rame se durcit, c’est un peu incompréhensible car superficiellement les conditions ne sont pas mauvaises : un vent certes faible, une mer plutôt plate. Et pourtant, ils avancent plus difficilement . En cause à coup sûr des courants qui se font un malin plaisir de contrer leur avancée. Ils espèrent que ce sera leur dernier épisode temps calme !
Journal des rencontres
Aujourd’hui un gros porte-container a croisé leur route à distance respectable, il se dirigeait vers New-York. Impressionnant ! Une vraie autoroute maritime ! Et tout près d’eux ce sont des dizaines de dorades coryphènes qui croisent leur route !
mercredi 15 mars 2023
Jour 44 : Corps d’athlète .
Un nouveau palier a été franchi la nuit dernière : il leur reste moins de 1000 km à parcourir ; ils ont également dépassé la longitude de la ville de Cayenne en Guyane ce soir. Ils ont parcouru 57 MN en 24h soit un degré de longitude à une vitesse moyenne de 2,39. Ils apprécient la situation qui les rapproche de l’arrivée.
Histoire de poisson volant
Il s’avère que se lancer dans un défi transatlantique c’est aussi côtoyer de très près ces poissons si particuliers puisqu’ils nous donnent l’impression d’hésiter constamment entre deux modes de locomotion : nager ou voler !
Hier soir au moment de la prise de quart de 22h, Christophe quittait son abri pour remplacer Louis à son poste, Dominique était donc seul au fond de la cabine. Il est de coutume pour aérer l’espace et apporter un peu de fraîcheur d’entrouvrir à peine la lucarne de toiture d’autant qu’en ce moment il n’y a pas de risque de d’enfourner puisque la houle est de taille modeste. Soudain Louis et Christophe entendent un cri provenant de l’intérieur … Que se passe-t-il ? Dominique venait de subir une attaque de poisson volant à l’intérieur. Un exocet très agile avait réussi dans son vol plané à viser le petit interstice d’ouverture de la lucarne pour visiter cette drôle d’embarcation au trois paires de pattes ! Ils sont vraiment déterminés !
Une question posée par une lectrice: Leurs bras sont sollicités, mais perdent-ils du muscle au niveau des jambes, ou le fait de pousser suffit-il à ne pas en perdre?
Pour ramer, la force vient à 80% des jambes. Les bras terminent le mouvement de rame ( voir video en lien). Ce ne sont donc pas eux qui travaillent le plus. Les dorsaux et les abdominaux sont également très sollicités dans le mouvement. Les rameurs sont en gainage permanent pour encaisser les mouvements du bateau. Concernant le gain de muscle en général, la réalité est que les rameurs ne s’alimentent pas à la hauteur de leurs dépenses énergétiques pour fabriquer du muscle. Ils perdent donc toute la graisse du corps et s’il n’y a plus rien à perdre ils peuvent perdre aussi du muscle. Chacun a sa propre stratégie : certains partent avec un petit rembourrage permettant de ne pas puiser dans la réserve de muscle, d’autres mangent pour quatre tout au long de la traversée… Nous ne divulguerons pas de nom ! Toutefois on peut reconnaître qu’ils arrivent transformés en Guadeloupe, prêts pour une séance photo pour un magazine de Fitness. L’expérience nous prouve que cela ne dure pas pour tous très longtemps, l’attrait de repas traditionnels leur redonne en quelques mois leur silhouette d’avant traversée !
mardi 14 mars 2023
Jour 43 : Et ça repart …
Cette quarante troisième journée leur a procuré la satisfaction d’une belle avancée de 56 MN à une vitesse moyenne utile de 2,32nd malgré vent et houle orientés de Nord Est. Cela leur a offert de bonnes sensations de vitesse tout en étant généreusement secoués, en conséquent la rame a été plutôt inconfortable. II essaient de maintenir le cap pour ne pas se laisser trop emporter au Sud et devoir changer la destination finale! Manquerait plus que ça! On les attend en Guadeloupe pas en Martinique!
Quelqu’un a-t-il résolu la devinette de Jérôme? Mes élèves l'ont résolue… A votre tour! Je peux vous donner un indice: il s’agit d’un lieu.
Journal des rencontres
Hier en fin d’après-midi, un grand requin tournait autour du bateau. Heureusement pas de baignade au programme!
Ils rejoignent à nouveau des zones fréquentées par les cargos. L’AIS dévoile leur identité et leur destination. Ils ont croisé au loin un bateau se dirigeant vers le Venezuela et un autre faisant cap sur la Floride.
Histoire de poisson volant
Cette fois-ci le télescopage a bien eu lieu, un valeureux rameur s’est malheureusement trouvé sur la trajectoire d’un exocet océanique, et boum… une belle tape entre l’œil et l’oreille gauche de Jérôme! Aïe Aïe Aïe !! Heureusement, il a la tête dure, pas de mal. Les rameurs se sont alors précipités pour retrouver le corps de l’imprudent projectile. Ils ont fait chou blanc! Décidément …
Activité de marin
Louis voyant l’arrivée fondre sur eux se découvre une âme de journaliste et a décidé d’interviewer ses petits camarades avant qu’ils ne puissent échapper à ses questions curieuses, constructives, intrusives… Nous avons hâte de découvrir son reportage !
lundi 13 mars 2023
Jour 42 : 6 semaines de mer
50° de longitude dépassé, 76% de la traversée réalisée. La Guadeloupe en ligne de mire mais encore éloignée d’environ 600 MN ( 1100 km).
Les conditions de vent pas encore solidement établies leur font vivre un ascenseur émotionnel digne des plus périlleuses montagnes russes. C’est l’euphorie lorsque comme hier, ils parcourent 1 degré dans la journée, puis le soufflet retombe lorsque dans la nuit le vent cale et le compteur de vitesse a du mal à dépasser les 1,5 nd ! Dur dur…Leur performance réalisée sur les dernières 24h est de 42MN parcourus à une vitesse moyenne de 1,75 nd. Ils débutent leur 7ème semaine par un changement d’heure, synonyme d’une demi-heure de rame en plus sur les quarts de fin d’après-midi. Nous aurons à partir de ce moment-là 4 heures de décalage.
Cartes postales
Tout un programme : des réflexions philosophiques, du réalisme, de la poésie, de l’humour …
Louis : « Vouloir si vite en terminer, pour sitôt le regretter ! »
Patrick : « L’esprit d’équipe, le courage, les efforts de l’équipage ont eu raison d’une semaine d’enfer. Calmes, vents contraires et chaleurs accablantes ne nous ont pas épargnés. »
Christophe : « Nos bras se tendent pour toucher l’horizon. Nous profitons pleinement de cet univers bleu entre mer et ciel, et de la vie à bord. »
Jérôme : « Mon premier est un garçon.
Mon second est mon second.
J’ai raté mon troisième.
Qui suis-je ? »
Daliu : « Un proverbe chinois dit : "Après les difficultés, le meilleur est à venir." Nous avons eu une semaine difficile. Le beau temps arrive avec une arrivée prochaine en Guadeloupe pour le meilleur. »
Dominique : « 50 jours sur l’océan pour une arrivée d’un instant. Est-ce le chemin du bonheur ou le bonheur du chemin ? »
dimanche 12 mars 2023
Jour 41 : Ça balance pas mal sur l’Atlantique
Le bateau file à nouveau vers l’ouest . Les marins sont heureux de ressentir les effets de la glisse. Ils ont parcouru 57 MN depuis hier soir à une vitesse de 2,4 . Ils devraient avant la nuit franchir le seuil du 50° de longitude . ( plus que 11 degrés pour l’arrivée)
Néanmoins des douleurs dorsales se sont réveillées, faute à ces dernières journées bien épuisantes ! Les marins éprouvent donc de nouvelles stratégies afin d’améliorer sans cesse leur condition. Si l’on tend bien l’oreille on pourrait presque entendre les messages que les rameurs adressent régulièrement à leurs coéquipiers en cabine: « ça penche à bâbord… », « ça penche à tribord… » Aussitôt ces derniers se repositionnent de manière à rééquilibrer le bateau : pour la cabine avant le marin s’installe au centre , à la cabine arrière un marin se met également au milieu et l’autre se positionne du côté opposé à celui vers lequel le bateau penche. Imaginez un peu la chorégraphie … car tout en équilibrant il faut aussi se préparer à manger, se sécher, se changer … Bref ce n’est pas si simple ! Et la nuit alors ? Les rameurs réveillent-ils leurs coéquipiers ? Bien sûr que non ! Ils ont imaginé plusieurs parades . La première consiste à déplacer les bouteilles d’eau pleines d’un bord à l’autre en fonction du tangage. Pour couvrir leur besoin, ils disposent en effet d’environ huit bouteilles. Elles leur servent de lest, ils les rangent dans les coffres soute qui se trouvent de part et d’autre des postes de rame. Si cela ne suffit pas, il reste le seau d’aisance. Rempli d’eau, placé au bon endroit, il contribue lui aussi à l’équilibre du bateau ! Quel jeu de balancier ! Cette recherche d’équilibre en continu bonifie le geste de rame et rejaillit sur les performances.
Feuilleton des rencontres
Pour ceux que cela inquièterait, Diego rend toujours visite quotidiennement à notre équipage. Contre vents et marées il reste fidèle à ses curieux compagnons transatlantiques.
La nuit dernière, lors du quart des jeunes, un gros poisson volant a échoué au fond de la fosse sous les postes de rame près du canot de survie. L’espace étant étroit, il n’avait aucun moyen de se dépêtrer de cette impasse. Chance pour lui, il y a là toujours un peu d’eau du fait des éclaboussures de la houle. Mais pas suffisamment pour assurer sa survie. Nos rameurs ont alors endossé leur costume de sauveteur en mer , ont réussi à l’attraper et l’ont placé dans un seau plein d’eau… Je pense qu’ils avaient une idée derrière la tête …( grillade … sushi…) C’était sans compter sur l’instinct de survie de l’imprudent « exocet ». Ayant retrouvé un volume d’eau suffisant, il mit en marche sa nageoire caudale véritable moteur à réaction et d’un bond périlleux jaillit du seau pour planer jusqu’à l’océan son territoire maternel. On ne l’y reprendra plus !
samedi 11 mars 2023
Jour 40 : Danse avec les sirènes
Le vent a calé en fin de nuit pour eux. Ils ont quitté la frange de la dépression qui leur infligeait le vent contraire, pour une zone de grand calme au niveau du vent. La mer est à nouveau lisse mais une houle de face persiste et les gêne encore.
A son zénith, le soleil brûlait les corps, pas un souffle d’air et l’impression curieuse d’évoluer sur un lac. Ils décidèrent donc de faire une pause pour nettoyer la coque. Elle ne s’était pas trop encrassée depuis le dernier arrêt nettoyage. Quatre rameurs ont profité également de ces instants pour prendre un bain au milieu d’un banc d’une bonne cinquantaine ….. non pas de sirènes…. mais de dorades coryphènes. Il y en avait même une beaucoup plus grande (plus d’un mètre) qui semblait diriger le groupe. Cet intermède a reposé et détendu les muscles qui avaient été grandement sollicités ces dernières 48 heures.
Ils ont quitté cette pétole en fin d’après-midi et récupéré enfin des vents d’est (toutefois encore très modérés). Ils ont réalisé une avancée modeste sur les dernières 24h mais cependant valeureuse (environ 30 MN à 1,5 nd de moyenne) et ont franchi le 49° de longitude ouest. Ils ont recouvré également des vitesses instantanées de l’ordre de 2 nœuds.
Vive les alizés, véritable voie rapide et directe pour rejoindre la Guadeloupe !
vendredi 10 mars 2023
Jour 39 : « Je rame ! »
Encore une journée compliquée demandant beaucoup d’efforts et d’énergie à nos marins. L’expression « je rame » n’a jamais aussi bien porté son nom et décrit leur situation. Vent de travers ( venant du sud) d’une force certaine ( 10nd) , vagues de face ou de trois quart, ça secoue comme dans un shaker. Le pilote automatique qui était depuis plusieurs semaines resté sagement accroché à la barre, s’est décroché à maintes reprises aujourd’hui provoquant immédiatement les réflexes de sécurité. Heureusement que les hommes sont amarinés maintenant. Ils supportent cette vie trépidante pour ne pas dire renversante sans mal de mer !!! Ils sont patients et ont le moral. Ils progressent vers leur destination, contre vents et marées ils ne reculent pas ! ( ce n’est pas le cas des solos se trouvant un peu plus au nord ) C’est déjà ça. Ils ont couverts 27MN sur cette journée particulière à une vitesse de 1,09 nd. Le seul avantage c’est que le souffle du vent atténue la force du soleil, cette ventilation naturelle leur permet de supporter un peu mieux les températures tropicales.
jeudi 09 mars 2023
Jour 38 : Vents contraires
Cette année 2023, ne leur aura rien épargné. Après l’absence de vent, la houle saccadée, la pétole, les voici depuis ce matin confrontés à des vents contraires ! Certes pas très forts , mais les poussants tout de même dans le mauvais sens ! Les deux autres bateaux solos se trouvant au nord de Rameocéan ont même reculé aujourd’hui! Nos rameurs s’organisent: ils recherchent le meilleur rapport cap-vitesse. C’est viser la meilleure VMG ( Vélocity Made Good) stratégie de navigation qui optimise la vitesse du bateau selon la direction du vent et la distance à parcourir. Ne pas essayer de combattre ce vent c’est ne pas avancer et se laisser bringuebaler en tous sens. Ils essaient par conséquent de trouver un peu de vitesse en se laissant légèrement emporter vers le Nord pour contrer Eole. Cette situation devrait perdurer encore demain et à moindre mesure samedi. Ils ont finalement parcouru 37 MN depuis hier soir à une vitesse moyenne de 1,55 nd .
Rêve de pêche (suite)
Manifestement les envies de repas de la mer sont tenaces… Jérôme veut absolument réussir à pêcher un poisson. Il s’est rendu compte qu’en tapotant la surface de l’eau du plat de la main, cela provoquait l’arrivée de poissons ( essentiellement des dorades coryphènes). Il s’est donc exécuté, une dorade est venue presque effleurer sa main, il a alors essayé de la saisir avec l’autre main… et pffttt … échec! Il n’est pas encore mat ! Il va essayer de peaufiner sa stratégie !
mercredi 08 mars 2023
Jour 37 : Mer d’huile et montagnes sous-marine !
Depuis trois jours, ils ont dépassés le 45° de longitude. Et lorsque l’on regarde attentivement les courbes de niveau de la carte marine, on se rend compte qu’ils évoluent à présent dans une zone ou la profondeur est moindre . C’est normal car ils se situent à l’aplomb de la dorsale médio atlantique.
Une dorsale est une chaîne de montagnes sous-marine, que l'on rencontre dans tous les bassins océaniques. Elle se distingue de la plaine abyssale par des profondeurs beaucoup moins marquées, aux alentours de 2 000 m. Une dorsale se présente sous la forme de reliefs formant une chaîne, de part et d'autre d'un rift central marqué.
La dorsale médio-atlantique s’étend du 87° de latitude nord – à environ 333km au sud du Pôle Nord – à l’île subantarctique Bouvet au 54° de latitude sud. Elle s’élève à environ 3000m au-dessus du plancher océanique et s’étend sur une largeur de 1000 à 1500km ; elle comprend de nombreuses failles transformantes et une vallée centrale qui suit son axe longitudinal.
La plus grande partie de la dorsale est sous-marine, mais elle émerge par endroits sous forme d’îles volcaniques de tailles variables, qui jalonnent l’Océan Atlantique dans sa longueur (Islande, Açores, Sainte Hélène…)
Cette dorsale a été découverte dans les années 50. Elle sépare la plaque nord-américaine et la plaque eurasienne dans l’Atlantique nord, et la plaque sud-américaine et la plaque africaine dans l’Atlantique sud. Ces plaques continuent de s’écarter, ce qui fait que l’Atlantique s’élargit au niveau de la dorsale d’environ 2,5 centimètres par an en direction est-ouest.
Ouf, n’ayons crainte, la distance de la traversée ne va pas augmenter pendant leur traversée ! Ils ont parcouru 47 MN à une vitesse moyenne de 1,96 nd, c’est une belle journée compte tenu de la pétole dans laquelle ils évoluent. Un nouveau palier est aussi dépassé il leur reste moins de 1500 km à parcourir. Au lever du jour, le ciel était couvert et les marins espéraient un peu de répit au niveau de la force du soleil. On peut toujours rêver, 34° en plein midi. Prendre un repas lyophilisé réhydraté avec de l’eau chaude donne des suées aux rameurs !
Rêve de pêche (suite)
La nuit dernière , le quart des experts a été à deux doigts de réaliser un exploit. En effet, une belle dorade a percuté de plein fouet la pelle de Patrick. Estourbie par le choc, elle flottait à la surface de l’eau. Les rameurs aussitôt se sont précipités pour la pêcher à mains nues… Malheureusement, elle leur a échappé… Dommage !
Dans l’après-midi, nouvelle alerte …plusieurs thons escortaient le bateau …un peu gros pour la pêche à la pelle ou à mains nues !
mardi 07 mars 2023
Jour 36 : Rêve de pêche
Ils sont entrés dans le long tunnel de pétole, ils ont l’impression de naviguer sur un lac, pas la moindre ride à la surface de l’eau. Cependant, ils ont travaillé la qualité de rame de manière à produire des mouvements de grandes amplitudes et à favoriser la glisse du bateau. Depuis la mi-journée, ils sont heureux de réaliser à nouveau des vitesses instantanées proches de 2 nœuds. Ils pensent que les jours précédents, ils ont dû être gênés par des courants inversés de profondeur qui annulaient tous leurs efforts. Ils ont parcourus 33 MN depuis 24 heures. La moyenne quotidienne ne reflète pas encore l’amélioration qu’ils ont constaté. Faute à la nuit dernière pendant laquelle ils ont été scotchés de longues minutes dans la pétole.
Les quarts de mi-journée sont toujours éprouvants . La température oscille entre 34 et 35° , pas un souffle pour aérer et la réverbération des rayons à la surface de l’eau double l’effet du soleil. Ils font donc des pauses toutes les 20 minutes pour se réhydrater. Pendant les quarts de repos , le leitmotiv pour tous est « pas d’activité » ; il faut recharger les batteries corporelles !
Pour corser l’aventure, ils ont traversé un véritable « champ de sargasses ». Complètement encerclés, ils se sont englués dedans. Pour libérer le bateau prisonnier de cette île biotope, il a fallu relever la dérive qui était enchevêtrée dans une pelote de sargasses.
Envies de rameurs
La nuit dernière vers 2h du matin, la lune quasiment pleine balayait de son halot argenté le bateau et tout son alentour. Quelle surprise pour les rameurs de constater qu’elle se reflétait également sur le dos des nombreux poissons louvoyant autour de l’embarcation! Leurs écailles scintillaient dans l’eau sombre et réveillaient des réflexes pavloviens. Certains rêvaient d’une grillade, d’autres de sushis… Daliu s’est même proposé d’en confectionner, il assure qu’en à peine 15 minutes, il peut préparer un plat pour l’équipage ! L’eau à la bouche, chacun essaie d’échafauder un plan pour attraper un poisson . Patrick les laissera-t-il faire ?
lundi 06 mars 2023
Explications météo
Je passe la plume aujourd’hui à mon gendre Sylvain qui va éclairer nos lanternes en matière de météorologie. Je l’en remercie.
Nos rameurs se trouvent dans un vent qui s’est estompé aujourd’hui pour se retrouver à nouveau dans un temps très calme dès demain. Du déjà vu ? Oui, mais ce calme sera très différent du précédent, et sera finalement le premier calme « habituel » sur ce type de traversée. En effet, ce sera leur premier calme anticyclonique (soit une zone de haute pression) par rapport aux calmes dépressionnaires (de basse pression. NOTA : l’expression calme dépressionnaire n’est pas habituelle mais nous trouvons qu’elle est pratique pour faire la différence avec les calmes anticycloniques) qu’ils ont eu à subir à répétition depuis leur départ. Mais en dehors de la pression quelle différence ? Pour eux, ce sera surtout une arrivée de la pétole qui sera graduelle, au fur et à mesure que le bateau entrera dans l’anticyclone jusqu’à arriver dans une zone de calme absolu, sous un grand soleil. Mais avant de parler des spécificités des calmes dépressionnaires, prenons le temps de souligner à quel point nous étions tous très surpris qu’ils aient eu à en subir.
Car voyez-vous, normalement, traverser l’Atlantique en hiver c’est passer sous les grandes dépressions du Nord Atlantique, protégé par un anticyclone positionné au niveau des Açores et dérouler sur un tapis de vents soutenus qui accompagnent les bateaux en faisant une jolie cuillère des Canaries aux Antilles : les fameux alizés. La route Canaries --> Antilles est alors parfaite, car elle est en plein dans ces vents soutenus et prévisibles et au-dessus d’une zone plus chaotique qui ceinture l’équateur : la zone intercontinentale de convergence plus connue pour son fameux pot au noir, avec ses grands calmes et ses orages chauds.
Tranquillement installé sur la route des Alizés, le risque de pétole se limite généralement à des descentes d’anticyclones, délogés du centre de l’Atlantique par les grandes dépressions d’hiver qui se déplacent de l’Amérique du Nord vers l’Est pour apporter, quelques jours plus tard, les habituelles pluies froides d’hiver en Europe. Mais cette année, il n’a pas beaucoup plu en France (et c’est peu de le dire), et c’est peut-être un premier indice pour comprendre pourquoi nos rameurs ont eu si peu d’Alizés et eu à traverser des calmes dépressionnaires.
Pour le comprendre, il faut se tourner vers les météorologues et leurs schémas de circulation générale de l’atmosphère. Nous ne sommes pas météorologues et nous allons chercher à simplifier. Normalement, il existe une bande, juste au-dessus des tropiques, où officient ce que les météorologues appellent des cellules de Hadley. Reprenons les mots de météocontact.fr : « Ces cellules sont, pour faire simple, une circulation de masses d’air provenant de la zone équatoriale qui sont montées en altitude puis sont remontées au niveau des latitudes subtropicales où elles subsidient et retournent vers la zone équatoriale au niveau du sol avant de recommencer un cycle. C’est cette deuxième étape qui est à l’origine des alizés. ». En synthétisant plus, elles se traduisent localement à leur Nord par de grandes bandes d’anticyclones (à la latitude dite des chevaux), avec, sur l’Atlantique, le plus connu d’entre eux : celui des Açores, en référence à sa position habituelle. Hors nous vivons depuis quelques années un phénomène inhabituel : ces cellules de Hadley se déplacent en moyenne petit à petit vers le Nord dans l’hémisphère nord (et inversement vers le sud dans l’hémisphère sud), de sorte que la bande anticyclonique sèche habituelle du 30° nord se retrouve plus souvent au niveau de l’Europe. En d’autres mots, l’anticyclone des Acores est en Bretagne. Conséquence : une année 2022 très sèche et un début 2023 historiquement très sec en France. Plus bas, nous retrouvons des alizées instables au niveau subtropical, et un phénomène inattendu : l’apparition sur la route des rameurs de systèmes que l’on attend beaucoup plus près de l’équateur habituellement : une forme de pot au noir sur l’habituelle route des alizés. Et ça y ressemble : des alizés instables, interrompus par des dépressions chaudes qui se forment et oscillent, croissent et décroissent avec des variations difficiles à prévoir.
Et c’est ainsi que nos rameurs ont dû traverser par deux fois des calmes dépressionnaires et qu’ils ont dû adapter leur route à deux reprises pour éviter le pire des fronts orageux que ces dépressions chaudes pouvaient abriter. En effet, les calmes dépressionnaires se situent derrière une zone de front avec une entrée dans la pétole et une sortie qui se font en quelques heures tout au plus avec de grandes bascules de vent. Ce sont des calmes pendant lesquels demeurent une houle croisée inconfortable mais aussi quelques nuages salvateurs contre la chaleur.
Ce sont des moments assez déroutants qui font et défont des courses qui normalement passent par le pot au noir, comme le Vendée globe et la Transat Jacques Vabre. Pour nos rameurs, rien de bien méchant tant qu’ils évitaient les orages, si ce n’est qu’ils ont naturellement ralenti. Évidemment cette situation rendait jusqu’à présent les projections à long termes difficiles à faire, comme c’est généralement le cas dans le pot au noir…
… Et maintenant ? Maintenant il semblerait que nous entrions enfin dans un système plus habituel… Enfin… pas tout de suite. Nos rameurs sont au sud d’une énorme dépression qui va balayer l’Atlantique nord avant d’échouer en Irlande. Une dépression dont la pointe sud arrive au 20° degré nord, et ça c’est rare, même en hiver. Le temps de son passage, l’anticyclone va engouffrer nos rameurs pour quelques jours de cagnard et de grand calme. Mais derrière se dessine, enfin, une situation connue : la reconstitution d’un anticyclone fort au niveau des Açores, des dépressions bien constituées sur le nord de l’Atlantique et un tapis roulant des alizés qui pourrait se remettre à fonctionner dans une semaine et pousser à nouveau nos rameurs à bon port ! (et un peu plus de pluie arriver en France).
C’est un retour temporaire à une situation normale qui ne devrait pas nous faire oublier le décalage sur le long terme des cellules de Hadley dont la cause est difficile à établir (mais un phénomène majeur est sur le bout des lèvres de chacun) et il faudra voir sur le long terme l’effet de ces changements tant sur notre climat que sur les tentatives de traversée à la rame.
Pour en savoir plus sur le décalage des cellules de Hadley et leur conséquence : https://www.meteo-paris.com/actualites/le-changement-climatique-egalement-synonyme-de-temps-plus-calme
Crédit de l’illustration : wiki commons
lundi 06 mars 2023
Jour 35: Et de cinq … semaines !
5 semaines de navigation , 65% de la traversée réalisée, 3000 km parcourus, une vitesse moyenne de 1,94 nœud, un bon paquet d’images exceptionnelles stockées, de nombreux nouveaux amis parmi la faune Atlantique, des conditions météorologiques inhabituelles, 3 nettoyages de coque, 1260 litres d’eau dessalinisée produites, un bon nombre de lyophilisés consommés, 2 changements de roulement sur les sellettes, des tas de discussions philosophiques, plusieurs milliers de minutes d’appel satellite, des heures de sommeil en pointillé , de la bonne humeur et beaucoup de patience…
Ils entament une semaine durant laquelle la pétole sera leur lot quotidien. Cela se vérifie déjà par leur avancée des dernières heures : 35 MN à 1,47nd.
Série des images exceptionnelles
En ce moment la lune à son coucher a rendez-vous avec le soleil levant. Banal comme image me direz-vous ! Eh bien pas tant que cela… La lune s’est couchée parée d’orange et le soleil jaloux de la belle robe rousse de son aimée s’est lui aussi revêtu de la sorte. Si bien que nos rameurs ne savaient plus où donner de la tête : un disque roux les guidait tant à la proue qu’à la poupe du bateau ! Singulier, non ?
Feuilleton des rencontres
En cette fin de journée du 6 mars, un poisson de belle taille rodait à une profondeur d’environ 1m50. Cette silhouette couronnée d’un aileron donnait l’impression de surveiller l’embarcation. Les rameurs le distinguaient grâce à la transparence de l’eau, mais personne ne réussit à l’identifier.
dimanche 05 mars 2023
Jour 34 : Aventure ou régate océanique ?
Les Alizés ont déjà faibli et descendent petit à petit vers le sud. Leur performance journalière est donc moindre sur ces dernières heures. Ils ont parcourus 44 MN à une moyenne de 1,7nd en journée.
Durant le week-end , l’équipage se relaie pour faire la lessive et prendre les douches. Ils assurent également l’entretien du bateau, ils ont à nouveau changé les roulements des sellettes, preuve qu’ils rament beaucoup…les mécanismes s’usent …
La houle a été hachée toute la nuit et encore en journée, maintenir une rame efficiente est plus laborieux. Traverser l’Atlantique n’est pas un long fleuve tranquille, les conditions météo changent sans cesse et l’équipage s’adapte. Les prévisions pour la semaine à venir ne présagent pas la présence de vents réguliers et porteurs. C’est plutôt l’inverse! Il vont à nouveau traverser un long tunnel de pétole! La date d’arrivée ne s’approche pas autant qu’on le souhaiterait.
Pendant ce temps , deux équipages britanniques ( un duo et un de 3 chauffeurs de taxi londoniens) qui avaient pris la mer de Lanzarote le 3 janvier, ont rejoint Antigua ( une île à 70 km au Nord de la Guadeloupe) le 5 mars en 61 jours et 5h de traversée. Ces équipages participaient à une régate océanique d’aviron (Atlantic dash) organisée chaque année et ont quasiment navigué bord à bord tout du long.
D’autres équipages se situent dans les mêmes longitudes que Rame océan. Ils ne les croiseront certainement pas…mais c’est étrange de voir que ce défi est partagé par de nombreux aventuriers sportifs de toutes nationalités. Ils ne sont pas si seuls dans ce monde océanique!
Simon Howes, un britannique de 67 ans est parti en solo le 16 janvier de Gran Canaria, son arrivée est prévue à Ste Lucie (une île de l’arc des petites Antilles juste au sud de la Martinique) .
Andrew Osborne, un britannique de 57 ans est parti en solo le 8 janvier de Gran Canaria, son arrivée est prévue à Antigua.
Pawet Lokaj, un polonais de 47 ans est parti en solo le 2 janvier de Tenerife , son arrivée est prévue à Trinidad and Tobago ( deux îles au large du Venezuela).
Aurimas Valujavicius, un lituanien de 28 ans est parti en solo le 26 décembre de Ayamonte en Andalousie, son arrivée est prévue à Miami.
Feuilleton des rencontres
Les rameurs sont toujours épatés par la découverte des modes de vie des animaux de l’océan. Les oiseaux , entre autre, avec leur agilité à repérer en volant les imprudents poissons nageant à fleur d’eau, les impressionnent. Ne croyez pas que ces majestueux volatils vont s’abaisser à mouiller leur plumage pour attraper leur proie… Non, il vont attendre patiemment planant au-dessus des flots, que le poisson risque une nageoire hors de l’eau pour fondre sur lui et le saisir avant même que son saut ne le ramène dans son élément! L’expression « plus vite que l’éclair » prend ici tout son sens !
samedi 04 mars 2023
Jour 33 : Poisson vole !
Ils ont atteint le but qu’ils s’étaient fixé hier : sur chaque pointage de position, ils ont conservé une progression supérieure à 1° comparativement à la position à la même heure hier. Les alizés leur sont favorables et leurs efforts sont positifs, ils ont parcouru 57 MN sur les dernières 24 h à une vitesse moyenne de 2,4 nd. La houle néanmoins est assez désordonnée, la navigation est par conséquent rude. La nuit dernière, ils ont à nouveau ressenti l’effet essorage vitesse 1200 tours/min. Ils n’ont pas très bien dormi! Pour la nuit prochaine, cela devrait aller un peu mieux, la vitesse d’essorage est estimée à 400 tours /min d’après Christophe! Le vent faiblit un peu.
Ce matin, ils ont même échappé à une collision …. avec un gros poisson volant! Il est passé à moins de 20 cm du nez du rameur à la nage! Il a bien cru recevoir une claque monumentale en sentant le souffle des nageoires ailées sur son visage…
D’autant que pour être en mesure de voler, le poisson volant doit atteindre une grande vitesse dans l’eau (environ 50 km/h). C’est grâce au mouvement de sa nageoire caudale, véritable moteur qui peut réaliser plus de 50 battements par seconde, que le poisson volant réalise de grandes accélérations et modifie sa trajectoire pour se propulser dans les airs. Il sort alors de l’eau et donne l’impression de voler. Il ne peut pas rester indéfiniment dans les airs, mais c’est un excellent planeur. En effet, ses nageoires pectorales sont très développées ce qui lui permet de planer sur de grandes distances accentuant d’autant plus la sensation de voler. Vu de l’extérieur et particulièrement du bateau à rames, on a l’impression que le poisson volant vole.
vendredi 03 mars 2023
Jour 32 : Enfin les alizés !
Leur vœu le plus cher a été enfin exaucé à partir de la nuit dernière. Des Alizés sont arrivés et ont accompagné leurs efforts tout au long de la journée. Cela paye, ils ont parcouru 55 MN. Et ont dépassé le seuil des 1000 derniers miles nautiques ! Ce ne sont pas des vents encore très forts mais cela les motive et efface un peu les douleurs de l’effort et le mordant du soleil ! Espérons que les alizés durent…
Les quarts entre 12h et 16h sont toujours les plus brûlants et étouffants, mais aujourd’hui les risées apportaient un petit souffle frais salvateur. Les rameurs se sont fixés comme objectif de parcourir 1° en 24h , alors ils ne chôment pas !
Le mile nautique (MN) ou mile marin ou tout simplement nautique est une unité de mesure de longueur utilisée en navigation tant maritime qu’aérienne. Il équivaut 1852 m par convention depuis la conférence hydrographique internationale de 1929. L’unité de mesure de vitesse est le nœud ( kt ou nd) qui correspond à un mile marin par heure soit 1852m/h.
Pourquoi dit-on nœud ?
Au XVI siècle , les navigateurs lançaient un morceau de bois relié à une ficelle depuis l’arrière du bateau. La ficelle qui comportait des nœuds noués à intervalles réguliers ( environ tous les 15m) se déroulait au fur et à mesure de l’avancée du bateau. Les marins comptaient le nombre de nœuds qui passait (filait) dans leur mains pendant qu’un sablier s’écoulait ( 30 sec), ils pouvaient ainsi estimer la distance qu’ils parcouraient et en déduire leur vitesse.
jeudi 02 mars 2023
Jour 31 : Soleil de plomb et vent faiblard !
En ce moment, la lune est en phase gibbeuse croissante, nos marins profitent donc d’un éclairage nocturne naturel. Le halot lunaire éclaire le bateau de l’arrière à l’avant comme un lampadaire, nul besoin de frontales.
Il peuvent également observer en début de nuit vers l’ouest Vénus et Jupiter qui semblent toutes deux très proches. C’est une illusion d’optique.
Ils ont réalisé exactement la même avancée que ces deux derniers jours 44 MN et ont entamé les derniers 2000km avant la destination. Le vent est toujours aussi modeste. Ils espèrent l’arrivée des alizés pour pouvoir faire de belles journées. L’absence de vent conjugué à un soleil de plomb ( 31° à 33°) les éprouve beaucoup, pourtant ils s’obligent à maintenir le rythme . Chapeau bas ! Messieurs !
Les Alizés
L'alizé est un vent régulier des régions intertropicales (entre 23°27 nord et 23°27 sud), soufflant dans l'hémisphère nord, du nord-est vers le sud-ouest. Les alizés s'étendent depuis le niveau de la mer (0 m) jusqu'à 1 500 ou 2 000 mètres d'altitude.
Les navigateurs portugais du XVe siècle découvrent le régime des vents de l'Atlantique, et trouvent la clé pour une navigation en direction de l'Outre-mer. Notre bateau suit la même voie que ces illustres navigateurs.
Au grand dam de l’équipage de Rameocean, cette année les alizés sont capricieux . Ils changent d’air et ne se contentent pas de la zone intertropicale. Ils changent aussi d’allure constamment et font trépigner nos rameurs.
En 2016, l’équipage de Grande expédition déplorait la présence visible de plastique un peu partout dans l’Océan, 7 ans plus tard l’équipage de Rameocean subit les effets certains du changement climatique !
mercredi 01 mars 2023
Jour 30 : « Allo Papa Tango Charlie »
Un nouveau mois commence, il sera aussi le mois de l’arrivée à destination ! Leur trentième jour de navigation est comparable au précédent 45Mn parcourus à la même moyenne. Plus de 2600 km depuis le départ … L’équipage se met en mode défi quotidien. Ils se fixent une durée maximum de 30 heures pour parcourir 1 degré de longitude, à chaque quart les équipiers essaient de faire mieux que leurs prédécesseurs… C’est une bonne motivation et cela fait passer au second plan la frustration des conditions météo plus que modestes! Le bateau jouit toujours d’une escorte hors norme : des dorades aux écailles multicolores, des petits poissons …
L’équipage a précisé qu’ils avaient croisé à maintes reprises des navires au loin. C’est un point de vigilance. En effet, les bâtiments de grandes tailles dévient très lentement de leur trajectoire et si un frêle esquif tel Rameocean se trouvait sur leur route, ce serait difficile de l’éviter. A son bord, Rameocean possède plusieurs équipements pour surveiller le trafic autour d’eux :
- La radio VHF marine est une radio courte distance. Sa portée varie selon la puissance et la hauteur des antennes. Sur l’embarcation que nous suivons elle permet de capter des navires jusqu’à 10 km . Elle reste le moyen incontournable pour assurer la sécurité à bord.
- L’AIS ( système automatique d'identification) est système mondial d'échange automatique de messages standardisés entre bateaux à partir d'émetteurs-récepteurs de signaux radio. Il permet de connaître la position des bâtiments naviguant à proximité.
Lorsque nos rameurs aperçoivent des lumières la nuit ou repèrent un navire de visu le jour, ils allument simultanément VHF et AIS. Sur l’écran de contrôle, ils voient sa position (comme sur un radar) et récupèrent des informations à son sujet (nom du navire, longueur, largeur, tonnage, port de départ, port d’arrivée).
Pour entrer en communication avec ce navire, ils utilisent de façon strictement réglementée le canal 16, canal d'appel et d’urgence. Tout le monde peut l’utiliser pour lancer un appel mais pas pour discuter. Cela implique que lorsqu’on a contacté le bateau, réalisé une transmission concise des informations essentielles, on dégage le canal 16 pour ne pas l’encombrer et on bascule sur un canal bateau/bateau qui, lui, permet d’échanger plus longuement.
Ainsi, en toute circonstance, la sécurité de tous est garantie en mer !
Exemple de message envoyé par nos rameurs lors du contact avec le bateau chinois :
« Rowing boat … ( le bateau s’identifie et confirme les avoir repérés) …RDV canal 19 »
mardi 28 février 2023
Jour 29 : Rêves …
Au moment où je vous écris, l’équipage de Rameocean termine à peine sa journée, le soleil se couche pour eux. Ils ont parcouru 45 Mn depuis hier soir et maintiennent un cap direct Guadeloupe. Leurs efforts sont utiles à 100%. Les vents costauds d’il y a presque trois semaines leur manquent, ils aimeraient revivre les longs surfs et les vitesses élevées. Un peu de patience, ils devraient recouvrer de telles sensations en fin de semaine ! Ils ne déméritent cependant pas et transforment en miles chaque risée, chaque rafale même si elle n’excède que rarement les 10 nœuds.
Patrick essaie de se souvenir s’il a déjà expérimenté une traversée sous de telles conditions météo…C’est une première !
Louis disait dans sa dernière carte postale « mes rêves d’arrivée prochaine se précisent ! »
C’est certainement le rêve commun de tous, mais vous allez être surpris de découvrir que chacun imagine des solutions bien personnelles pour le réaliser.
A quoi rêvent les rameurs ?
Leur sommeil haché du fait des quarts , certainement interrompu en plein cycle paradoxal leur ménage des rêves tellement réels qu’ils ont du mal parfois à démêler le vrai du faux ! D’ailleurs c’est un sujet de conversation entre eux ! Ils rêvent de leur aventure océanique. Non, pas de cauchemars, m’ont-ils assuré, des rêves ! En voici quelques florilèges :
Louis a rêvé que le bateau arrivait dans une gare ( pour les bateaux à rames évidemment) . Une foule d’enfants l’attendait. Tous les rameurs ont été interviewés sauf lui !
Christophe a rêvé qu’il traversait l’Atlantique sur une péniche fluviale ! ( Là au moins , il y a de la place !)
Dominique a rêvé qu’il dormait dans un kayak ! ( Enfin un espace pour lui seul !)
Jérôme a rêvé qu’il faisait du rafting avec Patrick sur le canot de survie ! Et en franchissant la ligne d’arrivée, il voit partout des livres avec la photo de Patrick… Quelle vedette !
Il ne faudrait pas oublier de mettre votre chapeau lorsque le soleil est de plomb ! Bon rêve à tous !
lundi 27 février 2023
Jour 28: Leçon de pêche!
En mer depuis 4 semaines, l’équipage a parcouru plus de la moitié de leur périple et s’engage à présent sur la dernière ligne droite qui les mènera en Guadeloupe. La route -si l’on peut dire- est encore longue, mais c’est important pour le moral de savoir que, chaque jour, la distance qui les sépare de l’arrivée est moins importante que celle qui les sépare du port de La Restinga à Hierro.
Ils ont franchi aujourd’hui un nouveau palier, celui du méridien 40° ouest. Cela signifie qu’ils vont changer d’heure, ils auront alors 3 heures de moins que nous. Cette fois-ci, il ne rallongeront pas les quarts de milieu de journée car le soleil au zenith est mordant pour les organismes. Il faut se ménager! Ils rameront une demi-heure de plus sur les quarts de fin d’après-midi. Là où ils sont, le soleil se couche vers 20h et les dernières heures d’ensoleillement sont plutôt douces et agréables… Ramer un peu plus passera presque inaperçu ! Il ne restera qu’à décaler la montre d’une heure : à 21h, il sera 20h!
Feuilleton des rencontres
Les rameurs ont pris aujourd’hui une belle leçon de pêche! Le bateau était survolé par des oiseaux au corps très profilé, aux ailes décalées. Ils volaient au-dessus d’eux tels des avions de chasse et semblaient à l’affut de quelques proies. Puis soudain, une escadre de poissons volants jaillit de l’eau et réalise de longs bonds. C’est alors que les oiseaux plongent vers ces amateurs de voltige en rase-motte, arrivent dans leur dos et les saisissent avant qu’ils ne regagnent l’océan. Une fois dans le bec, le pauvre poisson est avalé sans crier gare et les oiseaux reprennent de la hauteur pour préparer un nouvel assaut! Ce n’est pas Diego, avec ces vaines tentatives d’atterrissage, qui serait capable d’une telle démonstration! Il préfère venir saluer tranquillement nos marins et s’assurer que tout le monde va bien!
dimanche 26 février 2023
Jour 27 : Repas de fête!
La nuit dernière encore calme plat. Pour vous dire, ils ont fabriqué une manche à air de fortune - avec un simple cordon de sacs poubelle accroché à l’arrière du bateau - pour visualiser facilement la présence, la provenance et la force du vent… Eh bien - comme dirait Daliu - rien, nada, pas un seul mouvement, le cordon pendouille et ne faseye pas!
Ils mettent le cap plein ouest et visent la Guadeloupe. Car maintenant qu’ils ont franchi la mi- parcours, ils « descendent » vers l’arrivée comme ils se plaisent à dire ! Ils ont parcouru sur les dernières 24 heures 41 miles nautiques, petit à petit cela s’améliore.
Aujourd’hui, sous le franc soleil tropical, ils se sont accordé un moment festif entre 11h30 et 12h30 pour partager un repas gastronomique, de fête … A vous de juger ! 1 sardine à l’huile et demie, quelques cacahuètes, des tuc et… des Figolus en dessert. A ne pas en douter , ils se sont régalés ! Tout cela arrosé par un grand cru « Océanique dessalinisée » d’aucuns auraient certainement préféré quelques bulles de soda, ou mousse de malt… Pas de ça à bord !
Feuilleton des rencontres
En fin de nuit, ils ont croisé un cargo, suffisamment éloigné pour ne pas inquiéter nos rameurs.
Le bateau est toujours escorté par des poissons, cette fois-ci ce sont des dorades coryphènes . Elles nagent parallèlement au bateau, presque à portée de pelle.
samedi 25 février 2023
Jour 26 : Mi-parcours
La nuit dernière a été assez calme. Mer plate, vent quasi inexistant, avancée donc modeste (1,20 en utile)…
Notre équipe préférée s’organise. Faire bouger le bateau dans ces conditions est éprouvant . Alors ils ont réaménagé leurs mini-pauses de quart de rame. Afin de toujours ramer à trois ( c’est quand même plus efficace) , ils ne se relaient plus, ils prennent la pause en même temps.
Le moral est aux couleurs de la météo tropicale : grand soleil, grand sourire. D’ailleurs Diego est venu les saluer ce matin , vraiment fidèle cet oiseau !
Si l’on étudie la carte marine, on constate que le bateau évolue en ce moment au confins des plaines abyssales de l’est Atlantique ( Plaine abyssale du Cap-vert et Plaine abyssale de Gambie). Ces plaines sont des zones aplanies de très grandes profondeurs. Ils ne sont pas prêts d’apercevoir le plancher océanique puisque dans ces plaines la profondeur atteint 5 000 à 6 000 mètres! Sacrée quantité d’eau sous la coque !
En fin de journée, ça avance mieux et nos marins sont heureux de voir l’écran de contrôle afficher des vitesses instantanées supérieures à 2 nœuds (moyenne sur la journée 2 nœuds utiles et 38 miles parcourus sur les dernières 24h). Le palier tant attendu « mi-parcours » est en vue, il sera dépassé dans les prochaines heures. Ils ont décidé de fêter l’évènement demain.
Cartes postales reçues aujourd’hui : de la poésie, du réalisme, de l’espoir , de la philosophie …
Dominique : « Un si petit espace pour les rameurs, un si grand pour l’océan ! »
Jérôme : « A force de mater l’eau, je deviens matelot ! »
Patrick : « La deuxième partie de la traversée sera plus rapide que la première partie ! dixit le rameur bouddhiste. »
Christophe : « Sommes au milieu de l’immensité bleue aux mille nuances, mer et ciel se confondent. Vos soutiens sont importants, maintenant direction Gwada ! Pensez aux enfants malades. N’oubliez pas la cagnotte le Rire Médecin ! »
Louis : « Alors que mes souvenirs du passé s’amenuisent, mes rêves d’arrivée prochaine se précisent ! »
Daliu : « La vie sur le bateau est comme ce que j’ai envie de dire maintenant : RIEN ! Il ne faut pas croire les films hollywoodiens : la vie de pirate est ennuyeuse !! »
vendredi 24 février 2023
Jour 25 : Au soleil
35 miles nautiques parcourus ces dernières 24h. C’est difficile. Le vent les aide peu. Il faut développer beaucoup d’énergie pour avancer. Le « Hic » est que ces conditions semblent être ce qui les attend sur les 8 prochains jours… Aujourd’hui, ils ont donc profité du beau soleil pour nettoyer à nouveau la coque du bateau en espérant que cela leur apporte 0,3 à 0,4 nœud de vitesse en plus.
Il y avait à faire, le fouling recouvrait complètement la coque mais il était facile à enlever. Ils ont arrêté de ramer 1heure chrono en main . Il faut être sérieux, ce n’est pas une sortie baignade! Toutefois, plusieurs rameurs ont profité de l’occasion pour faire une grande toilette!
Quelle surprise d’apercevoir -tout en nettoyant la coque- un banc de dorades coryphènes évoluant à 4-5 m de profondeur! Ces poissons caractéristiques des eaux chaudes tropicales de tous les océans ont une robe très colorée allant du jaune au bleu en passant par le vert et même le doré. Ils mesurent jusqu’à 2m de long et pèsent jusqu’à 45kg. Ils se nourrissent de poissons volants, de calmars, de maquereaux et autres petits poissons. Ils effectuent de grandes migrations et peuvent se rencontrer aussi bien en haute mer que près des côtes.
En journée, ils profitent d’un bel ensoleillement , ça ne plombe pas encore , ils peuvent donc peaufiner leur bronzage sans risquer de se brûler !
Endormi ou éveillé ?
Après plus de 3 semaines de rame, les effets de l’activité physique journalière intense provoque chez certains rameurs un état particulier proche de l’hallucination. La fatigue générée par l’effort, la perte de poids, le sommeil tronçonné font qu’il leur arrive de ne pas savoir s’ils rêvent ou s’ils sont éveillés ! Ils s’habillent pour le quart alors que ce n’est pas le moment, ils rêvent qu’ils rament , ils rament en rêvant … Bref ils ont l’impression d’être assis entre deux chaises ! La solution consiste à mieux se reposer en changeant par exemple l’organisation du couchage pour avoir un sommeil plus réparateur ; à profiter des quarts longs de journée pour dormir plutôt que lire ou discuter avec ses compères …
jeudi 23 février 2023
Jour 24 : Et on rame, rame , rame encore …
Les jours se suivent et les conditions ne permettent pas plus qu’hier une rame véloce: le vent est modéré plutôt dans leur sens mais la houle est complètement désordonnée. Vous savez maintenant que cela est synonyme d’avancée modeste et d’efforts intenses. Nos rameurs voient leur temps de parcours s’allonger… Ils espèrent ne pas s’engluer dans une zone de pétole afin d’atteindre ce week-end la mi-parcours signe de « descente » vers l’arrivée.
Heureusement, la proximité avec leur environnement leur apporte chaque jour des images exceptionnelles telles les chorégraphies aériennes des poissons. Aurions-nous imaginé que ces animaux spécialistes de la natation sont également capables de faire des bonds acrobatiques hors de l’eau? Ils semblent attirés par cette drôle d’embarcation de petite taille -comparativement à l’immensité de l’océan- qui ne fait pas de bruit de moteur! Ils sont en confiance, l’approchent de très près et la suivent.
mercredi 22 février 2023
Jour 23 : Danse et rame océanique
Merci à tous les contributeurs pour la campagne du « rire médecin ». La cagnotte progresse au rythme de la traversée de nos rameurs. (le 21/02 : 43% du trajet et 43% récoltés…) Continuons sur cette lancée, et visons ensemble l’arrivée et son objectif de collecte. L’équipage vous remercie de votre soutien.
Nouveau palier dépassé : 2050 km parcourus ce matin soit 89 km par jour en moyenne. L’objectif de l’équipage est d’atteindre la mi-parcours ce week-end.
Feuilleton des rencontres
Tout un aéropage de poissons divers et variés entoure et accompagne le bateau. Il y a de minuscules poissons volants d’à peine 3 cm de long, au vu du rapport entre leur taille et celle du bateau, ils s’échouent sur le pont lors de leurs vols aventureux!
De longs poissons fuselés -peut-être des Thazards- connus sous le nom de Wahoo dans les pays anglophones (même famille que les thons et les maquereaux), font des bonds hors de l’eau- telles les nageuses de natation synchronisée- et épatent nos rameurs qui s’exclament en les voyant: OH !!!.
Activité quotidienne
Chaque jour, un rameur de la cabine arrière se charge de la production d’eau douce quotidienne. Dans un premier temps, il récupère auprès des coéquipiers les bouteilles vides. Il met en marche la pompe en actionnant le commande desalinisateur dans sa cabine. Il remplit les bouteilles que chacun utilisera par la suite. Cela prend un peu plus d’1heure trente puisque il faut à chaque rameur 6 litres d’eau douce par jour pour sa consommation personnelle ( boisson, préparation des lyophilisé, rinçage de la lessive et lors de la douche). Soit 36 l par jour avec un desalinisateur qui produit environ 20l/h.
mardi 21 février 2023
Jour 22 : Sérénité et patience
Rien de nouveau en matière de conditions météo. Le bateau subit toujours un vent de travers qui perturbe leur avancée. L’équipage accepte avec résignation cette dépendance à la météo. Les rêves de record de vitesse ont laissé place à une paisible acceptation de la réalité. Certains ont néanmoins les yeux toujours rivés sur l’écran de contrôle GPS et vivent avec ivresse les pointes de vitesse provoquées par les rafales de vents alignées avec la houle…
Sur le bateau, l’équipage est organisé et chacun a trouvé ses marques. Les discussions à bord , deviennent sérieuses et chacun commente, analyse les informations internationales transmises par familles et amis lors des appels. Patrick s’invente nouveau présentateur du JT. On refait le monde! Si mes souvenirs sont bons, il me semble que cela était également arrivé lors des traversées de Paul et Aude!
Ils sont vraiment au milieu de l’Atlantique, il n’ont plus aperçu de cargos depuis quatre à cinq jours. Rien à l’horizon!
Si ce n’est les visites quotidiennes de Diego, et l’apparition des premières plaque de sargasses!
Les sargasses sont des algues qui vivent en pleine mer et qui n'ont pas de racines. Autrement dit, elles circulent librement à la surface de l'océan et peuvent parcourir de grandes distances. Elles constituent de véritables écosystèmes marins apportant le gîte et le couvert à de nombreuses espèces. Ces algues ne représentent donc pas de danger particulier en mer. Ce n’est plus le cas lorsqu’elles s’échouent sur les littoraux. Elles s’y décomposent et leur dégradation entraîne des émanations de gaz dont l'odeur est nauséabonde. À fortes concentrations, ces gaz sont même toxiques pour l'homme et les écosystèmes.
A ce propos, ils se sont rendus compte que leur embarcation est le premier maillon d’une chaîne alimentaire: en effet les microalgues ont certainement à nouveau colonisé la coque, elles attirent des bancs de petits poissons qui viennent les brouter en quelque sorte, ceux -ci attirent à leur tour des poissons plus gros et carnivores - ceux mêmes qui assuraient l’escorte du bateau hier- Peut-être y en a-t-il des plus gros encore mais que nos rameurs n’ont pas observés… Il sera temps de nettoyer à nouveau la coque! Non pas pour casser cette belle chaîne alimentaire, mais pour gagner en vitesse! Attention aux très gros poissons!
lundi 20 février 2023
Jour 21 : Depuis trois semaines en mer.
Voici trois semaines qu’ils ont pris la mer . Ils ont dépassé dans la journée des paliers marquants :
- la pointe la plus à l’est de l’Amérique du Sud
- 1000 miles nautiques parcourus
- 40% de la traversée réalisée
Les conditions sont semblables à celle d’hier, toujours un vent de travers qui réduit leur vitesse . Ils espèrent ne pas retomber dans des zones sans vent. Les prévisions actuelles sont assez instables . Il y a effectivement un risque de rencontrer une immense zone sans vent. Mais les modèles prédictifs ne sont pas tous d’accord sur la position exacte de cette zone. Il faut attendre.
Ce matin, au lever du jour, Diego leur a rendu visite. Il a tenté vainement à deux reprises de se poser sur le toit de la cabine arrière. Décidément cet oiseau semble vouloir leur donner un coup de main ( euh , non un coup d’aile) pour ramer !
J’ai reçu aujourd’hui quelques réponses au problème d’hier . Certaines m’ont fait bien rire :
- « Alors moi je laisse les experts matheux et je valide d'emblée toute réponse ! »
- « 2 Efferalgan ??? »
- « Allez je me lance (à l'eau) : 248 000 🕺 »
Feuilleton des rencontres
En fin d’après-midi , le bateau a eu droit à une escorte présidentielle : une bonne trentaine de poissons de taille respectable ( 2 à 3kg) les a encadrés et accompagnés pendant un petit moment . La classe !
dimanche 19 février 2023
Jour 20 : Vous avez dit « repos » ?
Ce dimanche, après avoir réalisé une bonne moyenne durant la nuit ( 2,13 nœuds), ils subissent à la fois un vent de sud-est et une houle dans le même sens. Ils maintiennent leur cap direct vers la Guadeloupe et rament en prenant les vagues de bâbord.
Ce régime de vent s’est maintenu tout au long de la journée et il ont parcouru une bonne quarantaine de miles à une vitesse utile de 2,04. Le temps est ensoleillé mais ce n’est pas encore la chaleur tropicale, le fond de l’air est frais et le soleil n’est pas encore brûlant. D’aucuns en profitent d’ailleurs pour faire des petites séances de bronzette au poste de rame. Histoire de ne pas arriver avec un teint trop pâle !
En cette journée de repos hebdomadaire pour la plupart d’entre nous terriens, voyons ce qu’ils font pendant leurs quarts de repos ?
Lorsque les rameurs ont fini leur quart de rame, ils rentrent dans leurs cabines respectives. La première chose qu’ils font est de changer de tenue et de se sécher. En effet lorsqu’ils rament, ils sont au niveau de l’eau et sont vite mouillés. Une fois secs, ils soignent ce qui a besoin de l’être, petits bobos aux pieds et aux mains et surtout l’essentiel -ce sur quoi ils reposent durant tous leurs quarts de rame- leur postérieur … Il faut le bichonner, c’est très sensible aux frottements, aux irritations, alors une fois bien sec , on se crème ….avec la fameuse crème N…….a ( Pub interdite)!
Ensuite, selon les besoins, ils se préparent à manger. Après l’effort, le réconfort … Une fois le ventre plein, ils ont le choix entre plusieurs activités selon le moment de la journée. Dormir est l’une d’entre elles! En effet, le sommeil à bord est morcelé. Les temps de sommeil réparateurs sont courts, alors il faut bien profiter de chaque instant où M. Sommeil se présente, vite petite sieste !
Une fois bien reposés, il est temps de faire un petit brin de ménage, car les cabines ne sont pas individuelles, l’espace est partagé, il est indispensable de maintenir un minimum de propreté! Les belles journées, ils en profitent aussi pour faire la lessive, leur trousseau à bord est minimaliste. De temps en temps, ils changent de vêtement de rame, et lavent ceux qui ont été utilisés. Encore une histoire de confort après l’effort !
Ils s’accordent aussi des moments de soins esthétiques : se raser la barbe, les cheveux aussi pour certains…
Il ne faut pas oublier la fabrication de l’eau douce chaque jour , tâche qui incombe aux coloc de la cabine arrière.
Enfin, voici venu le temps … des loisirs …OUI vous avez bien lu ! Lecture, appels téléphoniques, écoute de musique ( ambiance boîte de nuit !), carnet de bord, discussion avec les copains, déploiement du drone …
Tiens d’ailleurs l’équipe des experts a cogité et nous propose de résoudre un problème mathématique …
Les experts ont 6 quarts de rame chaque jour : 1 quart de 4h, 1 quart de 2h30, 3 quarts de 1h30 et 1 quart de 1H.
Pour ménager leur corps ils se sont organisés et ont décidé de prendre des petits temps de pause pendant lesquels ils ne rament pas, durant leurs quarts de rame.
Durant les quarts de 1h et 1h30, ils s’accordent à tour de rôle chacun 5 minutes de repos ( il y a toujours au minimum deux rameurs en action). Durant le long quart de nuit de 4h, le premier rameur rame 40 mn puis se repose 10 minutes et ensuite s’accorde une pause de 10 minutes toutes les 30 minutes de rame. Le second rameur rame 50 minutes puis comme son coéquipier se repose 10 minutes et ensuite s’accorde une pause de 10 minutes toutes les 30 minutes de rame et enfin le troisième rame 60 minutes avant de prendre sa première pause et il fait ensuite comme ses compères une pause de 10 minutes toutes les 30 minutes de rame.
Ils font la même chose sur le quart de 2h30.
Sachant que leur cadence est de 20 coups par minute et qu’ils rament à présent depuis 20 jours, combien de coups de rame cette équipe a-t-elle donnés depuis le départ de la traversée ? L’équipe des jeunes ne s’est pas organisée de cette manière, on ne nous demande donc pas de calculer leur nombre de coups de pelle !
A vos crayons et calculettes !
samedi 18 février 2023
Jour 19 : A table !
La nuit dernière , ils ont eu l’impression de moins bien avancer, même si les conditions de vent étaient tout à fait bonnes. Ils naviguaient sur un champ de bosses (ont-ils concouru en toute discrétion à une épreuve des mondiaux de ski ?). Le bateau était constamment balloté de droite, de gauche, d’avant et en arrière. Le geste de rame était moins efficient et plus blessant pour les corps. D’après nos statisticiens Aude et Sylvain, ils ont réalisés une moyenne utile de 1,76 nœuds sur les dernières 24h.
A propos des cartes postales :
Beaucoup d’entre vous ont apprécié lire les petits messages relatant quelques préoccupations de nos marins. Il est évident à leur lecture qu’un sujet fait quasiment l’unanimité ! Qu’est-ce qu’on mange ?
C’est assez simple… Si on se trouvait dans un restaurant gastronomique, on parlerait d’un menu en deux vagues. La vague grignotage à tout heure, en piochant dans le snack-pack méticuleusement préparé par Louis à Hierro et contenant diverses friandises. Du sucre, encore du sucre pour nourrir les muscles et divertir le cerveau de la répétitivité des activités comme le déplore Jérôme ! Et la vague calage en plusieurs prises selon l’appétit des rameurs en préparant les repas lyophilisés !
Les plats lyophilisés sont des plats séchés à froid (contrairement aux plats dits "déshydratés" qui ont été séchés à chaud). Ce procédé permet de garder les valeurs nutritionnelles ( de 800 cal à 1500 cal selon le plat ) et les qualités organoleptiques des aliments.
A la carte de ce restaurant flottant, il y a une grande variété de plats avec ou sans viande : hachis parmentier, fondu 3 fromages, bœuf bourguignon, aligot, chili, spaghetti bolognaise … Il semble cependant qu’il n’y ait pas de plat chinois !
Tout l’équipage ne consomme pas la même quantité de lyophilisés par jour, certains ne prennent que 2 repas ( un le matin, un le soir), d’autres en prennent jusqu’à 4 par jour. Pas d’inquiétude, le stock est suffisant pour les nourrir tous jusqu’à l’arrivée.
Pas de cuisinier à bord, chaque rameur est responsable de sa préparation. Ils s’installent dans le coin « cuisine-salon-salle à manger » de leur cabine. Ils calent le sachet de lyophilisé dans un seau pour éviter les débordements intempestifs ( en cas de vague, de maladresse …). Ils font chauffer l’eau dans le « jet-boil » réchaud à gaz compact. Ils versent l’eau chaude dans le sachet, quelques minutes de patience… Puis ils mangent à la petite cuillère ! Prévoyez tous de les inviter au resto à leur retour ! Dans la cabine arrière, il va de soi, que les coloc mangent chacun leur tour … Le coin « cuisine-salon-salle à manger » n’est pas suffisamment spacieux pour accueillir deux convives en même temps !!
Et pour les terriens, qui penseraient qu’il serait facile de diversifier les menus en prélevant quelques denrées dans leur environnement direct (un poisson volant, une dorade, un oiseau, quelques algues …) N’y pensez pas ! Ils sont là pour ramer !!!
Nos rameurs nous ont préparé une vidéo à ce sujet.
vendredi 17 février 2023
Jour 18 : Cartes postales
La nuit dernière, ils ont ramé à l’aveugle … non il n’ont pas eu de problème de GPS… Oui , je sais ils font dos à l’avancée … Ils avaient pourtant l’impression de ramer les yeux bandés …. Mais que s’est-il passé ? Et bien figurez-vous que le ciel était très couvert, pas le moindre scintillement d’étoiles, pas de lune, ils étaient enveloppés par l’obscurité, ne distinguant rien. Pas moyen de voir arriver les vagues, pas moyen d’anticiper leurs secousses. Une sensation particulière et dérangeante …
Ils sont entrés dans un système météo plus calme offrant cependant un vent suffisant et des vagues moyennes. L’avancée des dernières 24h est un peu en deçà des deux journées précédentes, mais ils continuent leur route vaillamment. La journée a été ensoleillée et l’ambiance à bord est joyeuse .
D’ailleurs ils nous ont préparé chacun une petite carte postale de leur « vacances sportives »
Mots des rameurs
Patrick : « Le stock de snack-pack ( les friandises) est rangé dans ma cabine. Il prend beaucoup de place … Je sais comment résoudre ce problème…» 😊
Jérôme : « La colo est sympa, mais les activités un peu répétitives ! » 😉
Daliu : « J’ai l’impression d’être en prison. La nourriture chinoise me manque . » :’(
Dominique : « Assez peu de cafés ouverts par ici … Je cherche, je cherche … » :D
Louis : « N’oubliez-pas les croissants et les fruits à l’arrivée ! » < :o)
Christophe : « J’ai tout compris…Patrick vient de me dire que les cabines ont été conçues pour des rameurs de moins 1m60 ! » 😉
jeudi 16 février 2023
Jour 17 : Quelle heure est-il ?
Le décalage horaire entre Paris et Pointe à Pitre est de 5 heures en hiver. Nos rameurs vont devoir se recaler tout au long de leur parcours pour être au plus près de l’heure solaire.
Paris est sur le fuseau UTC +1h, les Canaries sont à l’heure UTC. Depuis le début de l’aventure, nous avons donc une heure de plus que le bateau.
Comment vont-ils répartir ces décalages ?
Ils changent d’heure à chaque fois qu’ils dépassent un méridien multiple de 10. Sachant qu’ils sont partis de Hierro à la longitude de 18° ouest, cela se produira donc au méridien 30° ouest, 40° ouest , 50° ouest et le dernier juste avant l’arrivée à 60° ouest.
Aujourd’hui , ils ont réalisé le premier décalage horaire de la traversée : ils ont augmenté d’une demi-heure les deux quarts les plus courts de milieu de journée ( soit celui de 13h30 – 14h30 et celui de 14h30 – 15h30) . Ainsi en fin de journée, ils avaient deux heures de moins que nous .
La nuit et la journée se sont déroulées sur le même rythme qu’hier et ils ont réalisé une belle avancée vers l’ouest. En témoigne le dépassement de la longitude la plus à l’ouest de l’archipel des Açores. Un nouveau palier est atteint également : ils ont à présent parcouru le tiers de leur périple. Certains rameurs visent ardemment le suivant ( 50% du périple) signe de l’entrée dans la partie finale de l’aventure. En fin d’après-midi, le vent a faibli, les vagues sont moins hautes, cela avance toujours bien, mais le bateau n’est plus emporté dans des surfs … La vitesse instantanée retrouve des valeurs plus régulières.
Feuilleton des rencontres
Il y a quelques jours, l’équipe des jeunes avait subi une attaque en règle de poissons volants… Eh bien, aujourd’hui , les experts en ont sauvé quelques-uns qui, ayant mal préjugé de la largeur du bateau, s’étaient lamentablement écrasés sur le pont ! Un petit coup de pouce et les voilà à nouveau dans leur élément !
mercredi 15 février 2023
Jour 16 : Journée des « trente »
L’aventure n’est pas une croisière de luxe , loin s’en faut ! Maintenant que le vent est de retour, la vie à bord a repris des airs de tambour de machine à laver ! Les marins restent concentrés et ne se laissent pas distraire par leur environnement qui en ce moment se résume à des murs d’eau, de gros nuages et des douches de pluie ! La contrepartie de ces conditions musclées est qu’ils avancent et cela leur fait du bien. Ils ont franchi dans la nuit le 30° de longitude ouest, et atteint le seuil des 30% de la traversée réalisés.
Pour l’instant pas de changement d’heure en vue , ce n’est pas le moment de désorganiser les quarts. Il faut rester concentrer .
Les conditions de vie en cabine sont humides, même très humides. Tous les hublots sont fermés, et à l’intérieur cela condense, les marins au repos sont en continu mouillés par les gouttelettes de condensation qui recouvrent tout ! La nuit a été très agitée pour eux, en effet le bateau a été secoué comme une bouteille d’Orangina ! Résultat un sommeil très perturbé , les hommes étant constamment projetés contre les parois . Même en s’accrochant au matelas , ils ne réussissaient pas à éviter de rouler l’un contre l’autre !
En fin de journée, le soleil montre le bout de son nez, le vent faiblit légèrement et les vagues sont toujours aussi grandes. Leur vitesse utile sur les dernières 24h est de 2,74 nœuds. Ils ont réalisé une belle avancée de l’ordre de 55Mn en utile et 60Mn en réel. ( une bonne centaine de kilomètres)
Témoignage du jour :
« En ce moment , il y a des vagues de 4m. Ce sont de véritables murs qui arrivent sur nous. Un fois au sommet de la vague, le bateau est propulsé dans un surf long et rapide. Nous avons atteint la vitesse instantanée de 8,3 nœuds dans un de ces surfs ! J’adore ! »
mardi 14 février 2023
Jour 15 : Et ça repart !
Avant tout bonne fête à nos Valentins qui retrouvent des conditions favorables . Peut-être est-ce le résultats de tous les baisers que nous leur avons envoyés ce matin ? J’invite tous les suiveurs de l’aventure à les encourager en participant à la campagne de don pour le rire médecin, je crois bien que la cagnotte a elle-aussi traversé une période de pétole ! Traversons l’Atlantique avec eux en relevant le défi de la cagnotte au profit des enfants malades.
https://lesdefisdusourire.leriremedecin.org/projects/l-atlantique-a-la-rame-pour-le-rire-medecin
Ils sont heureux de revivre à nouveau la rame océanique avec du vent. C’est bon pour le moral. Mais c’est le retour de conditions plus rudes pour les marins. Le bateau est à nouveau secoué dans tous les sens par une houle assez perturbante : il faut mobiliser les muscles du dos et du ventre pour encaisser tous ces mouvements déséquilibrants. Les comportements de sécurité réapparaissent avec la houle de 3m et les vents de plus de 23 nœuds : les quarts de repos à l’intérieur et toutes les ouvertures bien fermées. Pour certains, Monsieur « mal de mer » se rappelle à leur bon souvenir ! Pas de répit !
Un nouveau palier est en ligne de mire et devrait être atteint dès demain : la longitude 30° ouest.
Qu’est-ce que le rameur à la nage ?
Hier, j’utilisais ce terme pour désigner l’un des rameurs. Sur le bateau, il y a trois postes de rame. A leur poste de rame, les rameurs font dos à l’avancée du bateau. Ils sont alignés de l’avant à l’arrière, les uns derrière les autres, ayant comme point de mire le dos de leur coéquipier. Celui qui se trouve à l’arrière du bateau est face au hublot de la cabine arrière, il a devant lui le pilote automatique et l’écran de contrôle du GPS et dans son dos ses deux autres coéquipiers de quart et l’avant du bateau. C’est lui qui donne en quelque sorte la cadence. On dit qu’il est à la nage.
lundi 13 février 2023
Jour 14 : Bout de tunnel.
La nuit dernière, ils ont été confrontés pendant une petite heure à des vents contraires . Heureusement ils n’étaient pas très forts et la seule puissance des muscles réunis a suffi pour avancer. Lors du quart de nuit des experts, la mer est devenue complètement désordonnée, non pas que les vagues aient été fortes et puissantes, mais elles arrivaient de tous côtés et le bateau était secoué sans arrêt. Il était très difficile de ramer, les pelles se percutaient , les hommes recevaient des retours de manche, vraiment compliqué… Ils ont finalement réussi à traverser cet épisode en ramant en relai : le rameur à la nage réalisait une série de 10 poussées, puis le second prenait le relai et enfin le troisième. Ainsi, ils ont pu maintenir un petit rythme efficace. La mer est une vraie école de résolution de problème à n’en pas douter !
Dans l’après-midi, ils commencent à ressentir le retour de conditions plus propices : mer pas encore très formée, un vent au-delà de 8 noeuds , leur vitesse instantanée flirte à nouveau avec le palier des 2 nœuds.
C’est le début de la sortie de la zone de pétole ! Et pour célébrer ce moment tant attendu par les rameurs, le quart des jeunes a aperçu au loin un groupe de baleines qui sautait. Manière pour elle d’applaudir ce retour de conditions favorables pour notre équipage !
Feuilleton des rencontres
Aujourd’hui, le sujet de la rencontre n’a rien d’extraordinaire sur l’océan. Ils ont croisé un cargo ! Ils se sont rapidement rendu compte que leurs routes ne se croiseraient jamais et qu’ils pouvaient tranquillement s’observer sans panique, en effet ce cargo était vraiment très proche ( quelques centaines de mètres, 300 tout au plus !)
Ce qui vaut l’anecdote , c’est le pavillon de ce cargo : un pavillon chinois ! Ni une ni deux Daliu entre en contact avec le commandant par radio . Il apprend ainsi que le bateau fait la liaison entre le Portugal et le Brésil. Ils discutent une bon moment .
samedi 11 février 2023
Jour 12 : un bateau tout propre.
Un air de vacances envahit l’embarcation. Soleil, mer d’huile, pas de bruits sinon le remous de leur coups de pelles. Ils aperçoivent, la nuit, des feux de position d’embarcations de toutes sortes : des voiliers empêtrés comme eux dans la pétole ( ils ont même l’impression d’avancer plus vite qu’eux !), des cargos au loin…et Diego bien sûr toujours présent pour les motiver.
Ils rament toujours et les corps en pâtissent. Ils ressentent chaque muscle du dos et des abdo à chaque poussée. Ce grand calme n’apporte finalement pas de repos salvateur , mais les motive à avancer pour retrouver au plus vite Eole et sa houle. L’équipe des jeunes se lance des défis de vitesse , l’équipier à la nage surveille le cadran GPS et ils donnent tout pour ramer le plus vite possible. Record à battre 5,1 nœuds!
Aujourd’hui, durant les deux quarts les plus courts ( de 13h30 – 14h30 , et 14h30 – 15h30) , ils n’ont pas ramé . Patrick leur a organisé une activité qui pourrait de prime abord paraître punitive mais qui en fait est très agréable … Ils ont nettoyé la coque du bateau . Cela signifie qu’ils ont pris un bain de mer en plein océan dans une mer d’huile . Ils se sont préparé pour aller dans l’eau .Chacun a choisi son costume de bain…J’ai cru comprendre que celui d’Adam est très confortable . Ils ont mis leurs lunettes de piscine... Je me demandais bien pourquoi cet objet était dans le trousseau du parfait rameur océanique ? Armés d’une raclette , type raclette de dégivrage , reliés au bateau par une ligne de vie, ils se sont jeté à l’eau et tels des plongeurs professionnels ils ont récuré la coque du bateau. Christophe a reconnu que nager au milieu de l’océan après de longues journées contraints dans des positions identiques sans pouvoir se lever ou étendre confortablement ses membres est un moment inoubliable, presque une renaissance. C’est la liberté.
Lors de cette plongée , ils ont découvert tout un monde sous la surface : des petits coquillages accrochés à la coque, de minuscules poissons, deux barracudas, et un autre poissons non identifié ( corps bleuté, très fuselé, tête bossue, et une nageoire caudale jaune …). Ils ont bien nettoyé le bateau et il semble que les premiers effets se ressentent car en fin de journée leur vitesse instantanée atteignait 2 nœuds alors que depuis leur arrivée dans la zone calme elle était coincée à 1, 5 nœud. Il faudra probablement renouveler ce nettoyage deux fois encore durant la traversée.
Feuilleton des rencontres
Mer d’huile, bateau fendant l’eau calmement , cela mérite une petite visite … Et aujourd’hui ce fut un groupe de trois globicéphales , cétacés appelés aussi dauphins pilotes car on les voit souvent dans le sillage des navires.
Nettoyage coque du bateau
Les coques des bateaux, comme tous corps qui restent immergés dans l'eau se trouvent rapidement colonisées par un biotope complexe constitué d'algues de crustacés et de micro-organismes divers. On nomme ces bio-salissures, le «fouling».
Il faut à tout prix garder la coque du bateau propre afin de conserver un hydrodynamisme et donc une vitesse optimale. C’est pourquoi les coques sont revêtues d’une couche protectrice appelée antifouling.
Laisser de telles salissures marines a de multiples conséquences : risques accrus de corrosion, augmentation du poids des navires, colmatage de canalisations, dérive des mesures des capteurs de navigation, introduction de nouvelles espèces invasives et surtout augmentation des forces de frottement.
Cette colonisation en dessous des coques peut être décrite comme une sorte de cycle biologique :
- Après quelques secondes des particules organiques non vivantes se collent au bateau.
- après plusieurs minutes, adhésion de bactéries
- en quelques heures, création d’une sorte de colonie de bactéries
- Après plusieurs jours, des microalgues s'installent sur la coque en se nourrissant des bactéries. Suivant le type d'algues et leur couleur, on voit apparaitre un film coloré sur la coque.
- au bout de 2 mois , installation de macro-algues
- Après plus de 2 mois, les organismes "supérieurs" font leur apparition. (coquillages, algues calcaires)
L’apparition des bio-salissures dépend de plusieurs critères dont la température de l’eau. Dans les eaux chaudes, le fouling adhère plus vite que dans les eaux froides.
vendredi 10 février 2023
Jour 11 : Calme plat
Les prévisions se réalisent, l’équipage se retrouve dans une zone très calme avec un vent très faible et une mer assez plate. Ce matin , ce n’était pas une mer d’huile, il y avait un petit clapot qui donnait un léger relief à l’océan. En fin de journée, ils ramaient sur un lac !!!
Ils rament et c’est plus dur car ils n’ont aucune aide ni du vent, ni de la houle ! Le bateau n’est pas si léger à déplacer … Ils espèrent clairement revoir rapidement des vents de 20 nœuds !
Le soleil ayant largement brillé , la journée fut consacrée à la lessive et au séchage du linge . Autant vous dire que le bateau a arboré un sacré look !
Malgré tout , ils avancent lentement mais sûrement, ils ont dépassé un nouveau cap. Plus de 1000km parcourus en 11 jours ( 22% de la traversée). Il leur reste 3600 km. C’est encore trop loin pour faire des paris sur la date d’arrivée ! Il s’attendent à vivre les mêmes conditions pour les deux prochains jours et envisagent de faire un nettoyage de la coque du bateau.
En avançant vers l’ouest, à la fin du quart 18h30 – 20h , il ne fait plus nuit noire, c’est le crépuscule et la lueur du jour couchant guide encore le bateau.
Série des images exceptionnelles
L’océan est décidément une mine infinie d’images exceptionnelles. La première moitié du quart de nuit s’est faite sous le scintillement de la voûte céleste. Ils vivent à ce moment-là réellement l’expression «avoir la tête dans les étoiles » ! Vers 2h du matin , magie, la lune s’est levée enveloppée d’une cape orangée !
jeudi 09 février 2023
"Pétole"
Une explication trouvée sur internet : « pet d’Eole » je ne crois pas que cela soit très académique mais c’est drôle!
Quand il n’y a pas un souffle de vent, que la mer est d’huile, qu’on n’avance pas d’un pouce : c’est le calme plat, voire l’ennui absolu, on dit "pétole" quand on fait du bateau.. On peut très bien comprendre cela lorsqu’on est sur un voilier . Mais pourquoi la craindre quand on est sur un bateau à rame ? En effet, lorsqu’il y a un vent très fort, les rameurs se mettent en mode arrêt pour éviter la casse. Alors l’absence de vent pourrait être agréable ! Mais c’est sans compter l’aide magistrale d’Eole sur ce type d’embarcation. Impressionné par les prouesses sportives des rameurs, Eole décuple l’effet de leur muscles en les aidant fortement : il les pousse… C’est pourquoi l’absence d’Eole n’est pas espérée par nos rameurs ni d’ailleurs la présence de celui-ci dans le sens contraire de leur avancée. En effet, il est difficile de contrer un tel vent et dans ce cas il faut utiliser les ancres flottantes pour éviter de reculer !
jeudi 09 février 2023
Jour 10 : Après la pluie, le beau temps.
Les conditions se sont clairement assagies. Le vent a fortement molli et la mer est calme. L’équipage apprécie ces nouvelles conditions. Certes cela les oblige à dépenser plus de force car le vent les aide très peu, mais cela leur évite les coups de pelle et d’être bringuebalés continuellement ! Ils en profitent donc pour la grande lessive ( lavage et séchage des vêtements, aération des cabines, toilette des marins).
Ils se préparent à supporter ce temps-là pendant deux - trois jours avant de prendre l’autoroute des alizés … Patrick analyse chaque jour les données météo et espère que ses choix leur éviteront les vents contraires. Lors de l’appel du soir , bien qu’appréciant ces moments de confort , ils espéraient tous retrouver rapidement des vents forts…
Feuilleton des rencontres
Ils ont été à nouveau accompagnés par des dauphins. Ils ont aperçu un nouvel oiseau tout aussi bâti pour le vol en rase-motte , mais au plumage plus blanc . Certainement un cousin Pétrel ! Il y a de nombreux oiseaux dans cette famille ! Ils ont aussi croisé au loin des voiliers sans voile qui allaient plus vite qu’eux grâce à leur moteur bien sûr.
Série des images exceptionnelles
Aujourd’hui ils ont eu le temps d’observer leur environnement , ils ont été témoin d’un curieux arc-en-ciel. Au lieu de voir l’arche multicolore, ils ont aperçu posé sur la ligne d’horizon un gros cumulus irisé . Un nuage arc-en – ciel !
mercredi 08 février 2023
Jour 9 : Quelle humidité !
Toute la nuit, ils ont supporté des conditions de vent soutenu et de houle importante avec en plus de nombreux grains. Il a fallu encore une fois faire une intervention sur le cale pied du poste n°2 en pleine nuit , avec de grosses vagues et sous averse diluvienne. Quelle joie de bricoler en plein air ! Heureusement la solidarité entre équipier a joué , et les talents de bricoleur hors pair de Dominique ont permis à Christophe de terminer son quart avec un cale pied solide . La réparation tient encore à l’heure de l’appel de fin de journée ! Merci Dominique.
En journée, le temps s’est calmé, même si de grosses vagues les ont surpris à plusieurs reprises . Christophe s’en est pris une sur la tête alors qu’il était au téléphone, résultat appareil en rade ! ( pas d’inquiétude pour les news, là encore la solidarité joue , puisque Patrick lui prête son téléphone de remplacement ! ) Louis en a essuyé une belle alors qu’il barrait … Vous pouvez donc aisément comprendre qu’ils ont tous un problème en commun : comment réussir à faire sécher les affaires trempées par les vagues ? Ils le déplorent au moment où il faut remettre les vêtements de rame juste avant le quart, ils sont humides et froid !
Comme vous l’avez lu plus haut, il subissent encore un petit dysfonctionnement de la charge de la batterie, ils préfèrent donc déconnecter le pilote de temps en temps et barrer manuellement pour permettre une charge complète.
Ils ont décidé de prendre une route plus sud , ils parient ainsi sur une position qui leur éviterait des vents contraires dimanche. C’est pourquoi aujourd’hui, même si leur performance réelle est tout à fait correcte ( 2,3) leur vitesse utile est nettement inférieure à celle des jours précédents (1,7). Ils se sont moins rapprochés de leur but. Ils ne pourront certainement pas éviter la zone de pétole samedi !
mardi 07 février 2023
Jour 8 : Rodéo océanique
Les conditions de mer sont toujours très musclées. Les rameurs deviennent cowboys ou « waves rider»! Chevaucher leur monture dans cette situation consiste à se plier à la volonté de la houle et suivre les mouvements incontrôlés qu’elle impose. Heureusement Patrick grâce à sa grande expérience leur donne de précieux conseils pour ramer dans de telles conditions et éviter de casser les pelles ou de se blesser. Tous ont l’air d’apprécier ce nouveau statut !
Durant La matinée, ils ont essuyé grains sur grains. Les vagues étaient impressionnantes, le vent très soutenu. Ils ont fait des surfs et ont été flashés à plus de huit nœuds !
Ils ont fait une bonne avancée la nuit dernière et sur toute la journée. L’étape du franchissement du Tropique se concrétise ainsi que le dépassement de la longitude la plus ouest de l’archipel du Cap Vert. C’est une bonne chose pour se placer au mieux afin d’être le moins gêné possible par la zone de temps calme qui se profile pour la fin de la semaine.
lundi 06 février 2023
Jour 7 : En mer depuis une semaine, 400 mn parcourus
Une semaine, c’est bien le temps nécessaire à chacun pour prendre ses marques. En effet , ce défi demande aux rameurs des adaptations sur bien des points : l’effort physique 12h de rame chaque jour dans toutes les conditions, le mal de mer, l’exiguïté de l’embarcation, l’alimentation , la vigilance de chaque instant indispensable pour réagir correctement, l’organisation millimétrée des quarts, les rythmes de sommeil. Chacun se mobilise pour atteindre l’objectif commun de la traversée et compare l’épreuve à un marathon, un Everest …
Cette septième journée a été sportive , du vent, des vagues … Les rameurs à leur poste de rame sont à fleur d’eau, leur sens affolent leurs témoins de situation périlleuse, et pourtant ils restent concentrés pour faire face aux évènements. Dans ces conditions , on rame dans les 3 dimensions : ça monte, ça descend, ça bouscule à droite, à gauche , ça surfe et on continue toujours à dérouler le mouvement de rame, malgré les bleus. En cabine, les équipiers au repos sont secoués et projetés les uns sur les autres. Ce n’est pas une transat de luxe !
Ils avancent , ils profitent de ces conditions pour se rapprocher du but. Ils ont réalisé une vitesse de 2, 43 en réel la nuit dernière et de 2, 59 en journée soit une vitesse moyenne utile de 2,26.
dimanche 05 février 2023
Jour 6 : action – réaction
Après une belle cinquième journée où l’équipage a réalisé son meilleur déplacement depuis le départ , on peut considérer qu’ils ont trouvé leur vitesse de croisière compte tenu des conditions de mer : 2,5 nœuds en vitesse réelle, 2,2 en vitesse utile. Ils ont également dépassé aujourd’hui les 500 premiers kilomètres.
La nuit dernière l’équipage a vécu des conditions un peu plus musclées que celles qu’ils avaient connues jusqu’alors : un vent en rafale à 20 nœuds, une houle désordonnée avec des vagues de 2m50- 3m. Il ne s’agit pas de baisser la garde. Il faut réagir immédiatement au moindre incident et réaliser automatiquement les procédures de sécurité révisées lors de la période d’entrainement.
C’est ce qui s’est produit à deux reprises une fois sur chaque quart . Une vague plus forte a fait sauter le dispositif qui relie le bras du pilote automatique et le chariot des écoutes du safran. Résultat le bateau n’est plus dirigé et à la merci des vagues. Chacun a rempli son rôle et le pilote a été rapidement reconnecté .
Des conditions plus rudes ont parfois pour conséquence directe l’arrêt de la rame, les pelles sont rangées , les rameurs assis sur leur sellette attendent que la situation se calme.
Cette mer plus formée implique également la fermeture de tous les hublots pour éviter l’entrée inopportune d’un paquet de mer.. Aujourd’hui, en journée , ils ont essuyé plusieurs grains, aperçu des arc en ciel , et dû revêtir leur veste de quart imperméable.
Ils sont prêts à affronter le coup de vent prévu pour demain.
dimanche 05 février 2023
dispositif pilote automatique - chariot
samedi 04 février 2023
Jour 5: Sillage argenté
Série des images exceptionnelles : Nos rameurs emmagasinent de nombreuses images que nous, terriens, ne pouvons imaginer. Cette nuit, une des équipes de quart a été témoin des dons de magicienne de la Lune. En effet , en fin de stade lune gibbeuse croissante, elle était hier éclairée à plus de 95%. Le reflet de son rayonnement à la surface de l’océan transformait le sillage du bateau en une queue de comète argentée.
Tout va bien à bord, chacun trouve ses marques et il faut apprendre à vivre dans un espace restreint.
Ils apprécient les conditions de rame. Ils ont encore fait quelques tests de charge batterie, tout est Ok. En fin de journée la houle est plus croisée, ramer est donc un peu plus rude, ça tape et les rameurs déplorent quelques bleus sur les jambes . Ce n’est rien.
Feuilleton des rencontres : ils sont toujours accompagnés de ce ou ces ( je ne peux dire s’il s’agit d’un seul ou de plusieurs) oiseaux de taille moyenne , dos gris-noir, ventre blanc, longues ailes et manifestement adaptés à la haute mer.
vendredi 03 février 2023
Ont-ils mangé des crêpes pour la chandeleur ?
Evidement non ! Mais une chose est sûre tout le monde s’alimente normalement à présent.
Les conditions ont été agréables pour ramer, pas trop de vent, une petite houle. Le bateau poursuit un cap sud-ouest le plus direct possible . Le fond de l’air est encore frais et les rameurs sont donc encore bien couverts pour ne pas avoir froid.
Série des images exceptionnelles : en ce moment , la fin de nuit est sombre , le ciel étoilé scintille et par enchantement le soleil apparaît à l’est sans aucun obstacle à l’horizon.
Feuilleton des rencontres : un cargo au loin allant d’ouest en est ; toujours des oiseaux . Il semblerait que ces derniers traversent l’Atlantique en allant de bateau en bateau. Mais sur Rameocean peu de place pour faire étape !
jeudi 02 février 2023
Etape acclimatation franchie
ça y est ils ont presque tous retrouvé un rythme de vie quasi normal : je fais du sport, je mange, je me repose…
Les conditions de navigation sont plus apaisées, la houle n’est que de 1m – 1m50 et dans leur sens. Les rameurs maitrisent bien les procédures de changement de quart. C’est une organisation au millimètre près .
-10 minutes avant la prise de quart : annonce du changement imminent par l’équipe au repos
- réponse du quart à la rame
- 5 minutes : décompte . Chacun se prépare, les uns à rendre les rames , les autres à se couvrir pour les prendre.
- au top changement en respectant la sécurité, en perdant le moins de temps possible et tout cela en équilibre.
Une vraie chorégraphie ! Cela ne m’étonne pas que les oiseaux viennent voir ce qui se passe à bord !
mercredi 01 février 2023
Premier février, premiers repas, premiers pépins...
Les conditions météo sont favorables si ce n'est une houle de nord de 2,50 m. Ils ont donc mis le cap plus franchement au sud pour éviter d'avoir des vagues de côté. Cela n'empêche pas que le quart de repos nocturne a plutôt ressemblé à un séjour dans une machine à laver programme essorage qu'à un somme dans un lit douillet !!
Quelle est la conséquence d'une route plus vers le sud ? La distance utile parcourue aujourd'hui sera moindre que celle d'hier. La distance utile comme la vitesse utile est celle qui rapproche le plus directement de l'objectif d'arrivée (principe de ligne droite plus court chemin pour relier deux points).
Les premiers pépins électroniques ont perturbé la matinée : un fusible du système de charge des batteries et un condensateur ont été remplacés. Pendant ce temps: pas de pilote automatique ( barre manuelle) . La charge a repris après la réparation, ils continuent à barrer manuellement en attendant la charge complète car il y a du soleil aujourd'hui! En fin d’après-midi , le pilote est à nouveau en marche et la batterie est chargée.
Le mal de mer tracasse encore certains , Louis est toujours épargné et d'autres changent de solution médicamenteuse ! En fin de journée , cela commence à porter ses fruits et plusieurs rameurs ont supporté leur premier repas.
mardi 31 janvier 2023
Haut les cœurs !
Ces 30 premières heures de navigation ne ménagent pas les marins. Le redouté mal de mer les assaille régulièrement.
Les conditions sont plutôt bonnes, pas trop de vent, de la houle pas encore suffisamment dans leur sens à leur goût, quelques grains, un peu de soleil. Ils ont déjà dépassé le méridien 19° west. Ils vont attaquer leur seconde nuit à bord avec le long quart nocturne assez difficile à supporter en début de traversée. Espérons qu’ avec le premier jour de février , ils seront amarinés et disposeront de tous leurs moyens.
lundi 30 janvier 2023
Cap 270
lundi 30 janvier 2023
Tout est OK à bord ! C'est parti pour le rire médecin aussi !
lundi 30 janvier 2023
30 Janvier 2023 13h18 heure locale à Hierro : Ils ont pris la mer…
Tout sourire nos rameurs ont commencé leur aventure en ce début d’après-midi. Il faut dire qu’ils commençaient sérieusement à avoir des fourmis dans les jambes !
Un pique-nique sandwich sur le ponton, des au revoir , quelques photos et les voilà partis.
Pour sortir du port, Louis, Christophe et Jérôme sont à la manœuvre. Ce ne sont pas les équipes fixées par Patrick pour la traversée. En effet la constitution des équipes est la suivante : équipe 1 dite celle des jeunes Louis, Jérôme et Daliu ; équipe des expérimentés ( manière polie d’évoquer ceux qui sont jeunes depuis plus longtemps que les premiers !) Dominique, Christophe et Patrick . L’ordre d’énonciation des prénoms vous indique la place des rameurs : à l’arrière, au centre, à l’avant du bateau. Sur l’après-midi , chaque équipe a fait des petits quarts de 45 minutes histoire de ménager les organismes et de se faire la main . A partir de 20h , chaque équipe prendra son relai normalement : l’équipe des jeunes rame de 20h à 22h, 2h à 6h, 8h30 à 10h30, de 12h à 13h30, de14h30 à 15h30, et de17h à 18h30, celle des expérimentés ramera de 22h à 2h, de 6h à 8h30, de 10h30 à12h, de 13h30 à 14h30, de 15h30 à 17h, et de 18h30 à 20h . Soit 12h de rame chacune par 24h.
Pas d’information sur le mal de mer, mais je peux vous dire qu’un marin ne l’aura pas , c’est Titi le clown , très à l’aise , certains avouent déjà qu’ils préféreraient être en chiffon !!
Merci à Roger Jacquelin pour ces belles photos de sortie du port et à Anne Didier et Remi , la famille de Jérôme pour leur reportage en direct du départ.
dimanche 29 janvier 2023
Derniers réglages et essai en mer
L’équipage est dans la dernière ligne droite . En cette belle journée de dimanche, ils ont réalisé les derniers réglages sur le bateau . Ils ont pu quitter le port et sortir en mer pour faire un dernier raccord tel un orchestre prêt à nous jouer une symphonie.
Le compte à rebours est lancé …Départ si tout va bien demain 30 janvier .
La photo nous montre le cap à tenir !
vendredi 27 janvier 2023
Opération mise à l’eau réussie.
Le bateau a quitté son emplacement au sec. Equipé de son safran et de sa dérive ,il a rejoint sa place à quai. La manœuvre a nécessité une grue . Les rameurs étaient aux petits soins pour leur embarcation.
jeudi 26 janvier 2023
La préparation minutieuse continue
Le bateau toujours au sec au port a été le siège de multiples vérifications : les équipements électroniques, les instruments de bord, test de charge électrique… Les marins ont aussi testé leurs téléphones satellites.
Le reste de la journée était sous le signe de l’amarinage ( mer plus démontée qu’hier, des creux de 4m ) et de la sécurité ( mettre la combinaison de survie sur terre et en mer ).
Demain étape très attendue : mise à l’eau du bateau .
mercredi 25 janvier 2023
Préparation du bateau et des marins
Aujourd’hui l’équipage s’est occupé de redonner au bateau son aspect de rameur océanique. Il a fallu préparer les sièges de rame, installer les cale-pieds et les pelles. En fin de journée le contrat était rempli.
L’autre temps fort de la journée a été l’amarinage de l’équipage au large du port. Pas de commentaires….
La fenêtre météo à partir de dimanche semble se confirmer.
mardi 24 janvier 2023
L’équipage réuni à La Restinga - El Hierro.
Louis , Jérôme, Dominique et DaLiu ont accueilli Patrick , Christophe et le bateau avec joie et soulagement . L’équipage s’organise : le planning de la semaine s’établit .
Le bateau est toujours au sec et chacun s’affaire pour le préparer (nettoyage, déco, préparation des postes de rame, réglage des équipements, organisation des cabines, vérification des éléments ….). C’est le programme pour les deux jours à venir. En effet , un avis de vent fort est annoncé pour jeudi, la mise à l’eau attendra ! Ces deux journées seront ponctuées par des sorties en mer avec un des clubs de plongée du coin , histoire de s’amariner et non pas de découvrir les magnifiques fonds marins !
Rendez-vous est pris vendredi matin pour mettre à l’eau le bateau. S’en suivront des exercices et entrainements en condition réelle.
Une première fenêtre météo se profile pour le lancement de la traversée : à partir de dimanche 29 ...Ils éviteront seulement le dernier jour de janvier car la météo annonce des vents contraires, il ne s’agit pas de reculer tout de même !
lundi 23 janvier 2023
En route vers Hierro...
C'est l'info réjouissante de cette fin de journée. Ce n'était pas gagné. 7 heures de retard à l'arrivée à Ténérife, correspondance pour Hierro ratée, aventures insolites , palabres ... Et puis soulagement , le bateau a trouvé sa place à bord du ferry. L'équipage va bientôt être réuni !
samedi 21 janvier 2023
Après une nuit d'attente, voiture, remorque et bateau ont enfin trouvé leur place dans le ferry. Départ au petit matin avec 7 heures de retard. Il est temps maintenant d'aller se reposer. Il y a de la mer et du vent . C'est un bon moyen de s'amariner.
vendredi 20 janvier 2023
A Huelva, fini les températures glaciales et la neige. Nous sommes prêts pour l'embarquement sur le ferry vers Tenerife. Le reste de l'équipage est arrivé aux Canaries.
mercredi 18 janvier 2023
Prologue de la transatlantique à la rame
vendredi 30 décembre 2022
Le bateau continue à être préparé à Caen (Normandie). C'est la phase finale avant le départ vers Les Canaries mi-janvier.
samedi 17 décembre 2022
6 rameurs, 5 Français et un Chinois se préparent pour une traversée de l'Atlantique à la rame.
Ils partiront des Canaries pour rejoindre la Guadeloupe.
Ils vous emmènent avec eux.