samedi 25 mars 2023
53 jours 23 heures 31 minutes : Ils sont arrivés
Ce matin à 5h30, les familles ont embarqué à bord du catamaran de Vincent et Jannick pour rallier Rameocéan qui se trouvait au large de Petit Havre. Le jour se levait. Vers 6h10, en scrutant l’horizon vers l’est, je distingue quelque chose… une forme sur l’eau avec des ailes qui se déploient régulièrement. C’est eux, décharge d’émotion. Vincent met le cap sur ce point au loin. Tous les passagers se précipitent pour le voir. Nous les perdons de vue car il y a de la houle et nous sommes bien plus haut que le bateau à rame souvent caché par les vagues … On se rapproche de leur position constamment vérifiée sur le traceur GPS, mais rien en vue à bâbord . Je sors du carré arrière du côté tribord pour m’avancer sur le trempoline et me donner davantage de visibilité et là …. surprise … ils sont là à une cinquantaine de mètres . Cris de joie, tout le monde se précipite de ce côté du catamaran pour les voir. Vincent change de cap et se dirige vers eux. Que d’émotions… On s’interpelle, on fait de grands signes, on chante, on crie…
Chacun essaie de reconnaître son rameur préféré. Ils se sont préparés, douchés, pour certains rasés , ils ont revêtu une tenue propre. Ils ont le teint hâlé, silhouettes très affinées voire sèches… Les caméras, les appareils photos crépitent, chacun immortalise cet instant magique de la première rencontre après un océan d’absence…
Puis nous les accompagnons , en voguant à leur côté. Nous n’en croyons pas nos yeux , le bateau avance, mais nous avons l’impression qu’il fait du sur-place ! C’est cela ramer ! Quand il y a de la houle, les pelles sont parfois hors de l’eau … Inimaginable ! Quelle prouesse.
Il leur faudra un peu plus d’une heure trente pour rallier l’îlet Gosier où ils franchiront la ligne d’arrivée virtuelle. Le bateau longe la côte au plus près du rivage. Pour rejoindre le ponton , ils empruntent la passe au milieu de la caille. A cette heure, la plage et l’espace entre le rivage et l’îlet est très fréquenté par les sportifs Guadeloupéens ( nageurs, kayakistes, longe-côteurs, coureurs…) . Ils sont interrompus dans leurs efforts par l’intrusion de cette curieuse embarcation avec 6 hommes à bord.
Une fois, le catamaran ancré à deux pas du ponton, nous les rejoignons à bord de l’annexe pour leur apporter un pavillon au couleur de la France qu’ils pourront brandir au moment d’accoster.
Ils contournent à présent la digue et viennent aborder à côté de la navette qui mènent les touristes à l’ilet Gosier. Ils amarrent le bateau sur le quai flottant de la piscine d’eau de mer. Ils débarquent et nous nous précipitons pour les prendre dans nos bras. Quelle joie ! Ils l’ont fait, ils sont là ! Nous applaudissons, nous crions de joie, quelques larmes coulent.
Nous avons préparé quelques gourmandises rêvées par nos rameurs : une savoureuse salade de fruits exotiques , des viennoiseries toutes fraîches et croustillantes, une bouteille de champagne pour arroser l’exploit !
Les touristes assistent les yeux plein d’interrogations à cette étrange animation …
Et j’en termine par deux citations proposées par un contributeur de la cagnotte pour le rire médecin : « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine, elle est mortelle » Paolo Coelho « Les seules démarches vouées à l’échec sont celles que l’on ne tente jamais » Paul Émile Victor
L’aventure se termine et nous remercions tous les lecteurs et lectrices qui ont apporté leur soutien au suivi de ce défi et participé à la cagnotte .
vendredi 24 mars 2023
Jour 53 : Terre …terre
Il ont passé leur dernière nuit au milieu de l’océan sans apercevoir de terre. La prochaine, ils seront guidés par les lumières des villes et village qui jalonnent la côte Sud de Grande Terre . Le ciel était beaucoup moins couvert et ils ont pu admirer la voute céleste.
Journal des rencontres
Vers 2h ce matin, une paire d’oiseau a survolé le bateau. Les rameurs surpris de cette apparition nocturne, ont assisté à un ballet digne des meilleurs pilotes de voltige aérienne. Un des deux volatiles a réussi à se poser à la proue du bateau juste à la lisière d’un panneau solaire. Il était en équilibre sur la pointe tel Jack dans Titanic. Le second tenta d’en faire autant, mais point de place pour se poser ! Il chercha alors un espace pour lui. C’est alors qu’il aperçut un curieux perchoir… Les pelles de Christophe… C’était parfait ! Il s’y posa et s ’y agrippa. Il y resta suffisamment longtemps pour que Louis le filme ! Finalement , il rejoignit son camarade pour parfaire la parodie de Titanic !
Terre en vue
Le bateau étant très bas sur l’eau, ce matin au lever du jour, ils ne réussissaient pas encore à distinguer la silhouette de la Désirade. C’est en se rapprochant qu’elle leur est apparue, long plateau au-dessus de l’horizon visible à tribord. Et là ils ont pu déclamé comme Apollinaire : " Je ne veux jamais l'oublier ma colombe ma blanche rade O marguerite exfoliée mon île au loin ma Désirade ma rose mon giroflier"
En cette fin d’après-midi, il leur reste 39 MN ( 72 km) à parcourir en passant entre la Désirade et Petite Terre puis en longeant la côte de la Grande Terre de Saint François à l’îlet Gosier où se situe la ligne d’arrivée.
ETA entre 7h et 8h demain matin heure locale.
La Guadeloupe
C’est un archipel constitué de deux grandes îles : la Basse -Terre (volcanique) et la Grande Terre (plateau calcaire). Elles sont séparée par un bras de mer nommé « La rivière salée ». Elle compte également d’autres îles plus petites :
- Au sud de Basse Terre , les deux Iles des Saintes ( Terre de Haut et Terre de Bas)
- Au sud de Grande Terre, l’île de Marie Galante
- A l’est de Grande Terre, L’île de La Désirade ( c’est la première terre que nos rameurs apercevront) et celle de Petite Terre.
jeudi 23 mars 2023
Jour 52 : moins de 100 MN à parcourir …
Ce n’est pas parce qu’ils ont traversé l’Atlantique dans des conditions inhabituelles ( des alizés peu installés, de longues journées de pétole) que les derniers jours vont leur offrir une météo digne des plages tropicales avec grand soleil, ciel bleu azur, et filet d’air salvateur. Eole aidé de Zeus leur réserve une arrivée sous le signe du vent et de la pluie. La tenue de quart est de rigueur car ils sont copieusement arrosés et rincés. Heureusement la pluie tropicale n’est pas froide !
La nuit dernière, alors qu’ils essuyaient le énième grain de la nuit, le pilote automatique a cessé de fonctionner estimant peut-être qu’il avait grandement travaillé depuis le 30 janvier ! Les rameurs se sont donc lancés dans un échange standard. Imaginez à quatre pattes, dans la nuit noire, à la lueur de leur frontale, copieusement arrosés , aspergés et ballotés par la houle… Opération réussie ! Pas besoin de condamner un poste de rame, toutes les énergies sont réservées à l’avancée.
Ils se sont rapprochés de la Guadeloupe de 56 MN et nous sommes dans la capacité de présenter une première ETA ( estimated time of arrival) . Il leur reste ce soir 97 MN à parcourir , ils pourraient donc toucher terre samedi matin vers 6 – 7 h heure de Guadeloupe.
La Désirade
Lorsque le bateau approchera de l’arc des petites Antilles , la première terre que les rameurs apercevront est l’île de la Désirade plateau calcaire émergeant des eaux à la pointe sud-est de l’ile de la Grande Terre de Guadeloupe. Avant de la distinguer à proprement parler, leur regard sera attiré par une clignotement rouge entre ciel et mer … OVNI, hallucination, rêve éveillé… ? Non , il s’agit des feux de position des éoliennes du parc installé au sommet de l’île. En effet , l’île est parfaitement exposée aux alizés , ces vents d’est que nos rameurs ont tant espérés tout au long de leur transatlantique !
Cette ferme éolienne a la particularité d’être anticyclonique , elles sont rabattables en cas de cyclone.
Puis avec le lever du soleil, les contours caractéristiques de l’île se dessineront à l’horizon. Signe indéniable que l’arrivée est proche. Déjà en 1493, lors de son second voyage, Christophe Colomb et son équipage ont été heureux d’apercevoir l’île après 21 jours de navigation. D’ailleurs l’île doit certainement son nom au fait que les marins s’écrièrent en chœur « Oh île tant désirée… » à la vue de cette première terre ferme depuis leur départ des Canaries .
Toutes similitudes avec l’aventure de nos rameurs sont fortuites… il semble cependant qu’un bateau à voile soit beaucoup plus rapide qu’un bateau à rame !
La Désirade est une île calcaire de forme allongée de 11km de longueur et 2 km de largeur, elle présente un vaste plateau qui atteint une altitude de 275 m ( ce pourquoi on la distingue d’assez loin). Cette île n’a pas de cours d’eau. Cependant elle a été peuplée dès le IIIe siècle par des populations amérindiennes. Les espagnols la fréquentèrent au XVIIe s, mais peu propice à l’agriculture elle servit de repaire aux corsaires. Les rameurs la doubleront donc pour rejoindre le canal entre Grande Terre et Marie-Galante.
mercredi 22 mars 2023
Jour 51 : Fin prêts !
Pendant que les rameurs continuent inlassablement à tirer sur leurs pelles pour se rapprocher de leur but, familles et amis ont eux préféré la voie des airs pour se rendre en Guadeloupe afin de ne pas rater le moment où ils toucheront terre ! C’est évidemment plus rapide, plus confortable, et moins épuisant… Peut-être les rameurs ont-ils aperçu les avions passer au-dessus de leurs têtes ?
Pendant ce temps-là, ils ont parcouru comme hier 58MN à une vitesse moyenne de 2,65nd. Les conditions ont alterné tout au long de la journée : vent 15 nd, vagues modérées , puis à nouveau des vents forts et des vagues de plus de 4m qui les emportaient dans de longs surfs ! Ajoutez à cela quelques grains bien positionnés leur demandant de revêtir les vestes de quart.
Pour se rapprocher davantage de la Guadeloupe, ils se sont calés sur le fuseau horaire de Guadeloupe en ramant une demi-heure de plus sur les quarts de fin d’après-midi. Ils sont fin prêts .
mardi 21 mars 2023
Jour 50 : Plus qu’hier…
Nous en avons à présent l’habitude dans une transatlantique à la rame, les journées se suivent mais ne se ressemblent pas. Après la journée d’hier , bien remuante, les éléments ont fini par s’aligner à partir de la fin de la nuit. Le vent reste soutenu et les vagues toujours aussi impressionnantes mais à présent chacun unit ses forces pour faire glisser le bateau vers l’arc antillais. Ils ont parcouru sur les dernières 24 heures 58MN à une vitesse de 2,43. Il leur reste à présent à parcourir environ 200 MN soit 370 km. Les rameurs restent concentrés sur leur technique de rame pour éviter de se blesser. Ils ont débuté un drôle de compte à rebours : on arrive dans 3 ou 4 dodos !!! Ils espèrent également arriver de jour.
L’arc des Petites Antilles
Il est constitué d'une vingtaine d'îles et de nombreux ilots. Il s'étend sur 850 km du Nord au Sud. Il est tourné vers l'Est, et son rayon de courbure est d'environ 450 km.
Il résulte de l’enfoncement de la plaque tectonique « Amérique » sous la plaque tectonique Caraïbe de densité plus faible qui supporte la mer des Caraïbes. ( c’est la subduction).
Cet arc des Petites Antilles est double, on distingue:
- un arc externe ou arc ancien. Il regroupe les Antilles calcaires . Ces îles n'ont pas connu d'activité volcanique. Il s’agit des iles de Marie-Galante, de la Grande-Terre, de la partie Est d’Antigua, de Barbuda et d’Anguilla.
- un arc interne constitué d'îles volcaniques récentes encore actives de nos jours. Il s’agit des îles de Grenade, Saint Vincent, Sainte Lucie, La Martinique, La Dominique, Basse-Terre, Montserrat, Nevis , Saint Kitts
lundi 20 mars 2023
Jour 49 : Mer croisée…
7 semaines en mer, 4150 km parcourus ( 89% de la traversée), 57° de longitude atteint, des vagues de toutes les tailles, Eole jouant au chat et à la souris avec eux… Cette aventure s’étire dans le temps, ne leur laisse pas de répit et se joue de leur impatience à toucher le but.
Durant cette journée, ils ont essuyé une houle croisée qui a freiné l’élan pris depuis le week-end. Ils n’ont parcouru que 44 MN à 1,83 nd. Ramer est compliqué, le bateau ne glisse pas et les rameurs reçoivent des coups de pelle lorsqu’un retour de vague les arrête brusquement.
Qu’est-ce qu’une mer croisée ?
C’est un état de la mer où deux systèmes de vagues se propagent dans deux directions différentes et se croisent. Elle peut se produire lorsque la houle a une plus longue période (ce soir à leur position : période de 16 s direction N) que les vagues générées localement par le vent ( période de 9s direction NE).
Espérons que tous les éléments vont finir par s’aligner dans la bonne direction pour permettre à l’équipage de rejoindre rapidement leur destination.
dimanche 19 mars 2023
Amis suiveurs de l’aventure de Rameocéan, la ligne d’arrivée se rapproche, la dernière semaine de navigation est entamée. Nos marins ont résisté aux conditions difficiles, ils ont dépassés les épreuves des maux physiques, des frustrations... Ils ont gardé tout au long un tempérament de battant qu’ils ont transformé en miles gagnés. De notre côté, le défi que nous avions à relever est la cagnotte pour le Rire Médecin. Nous remercions tous les donateurs qui ont permis de récolter d’ores et déjà 64% de l’objectif soit 2580 euros. Nous aussi transformons l’intérêt que nous portons à cette aventure en sourires pour les enfants malades. Surfons sur les vents portants et atteignons ensemble dans un grand élan de générosité les 100% de la cagnotte ! Quelle bonne surprise à offrir à nos vainqueurs de l’Atlantique à la rame.
https://lesdefisdusourire.leriremedecin.org/projects/l-atlantique-a-la-rame-pour-le-rire-medecin
dimanche 19 mars 2023
Jour 48 : Contraste
Les vieux loups de mer le savent bien, ce n’est pas dans les temps anticycloniques que l’on a le meilleur vent! Nos rameurs ont pu en effet juger de la qualité et de la force du vent dans la pétole qu’ils ont traversée, malheureusement pour eux, à plusieurs reprises depuis El Hierro !
Pour avoir du vent, il faut être dans ce que, nous terriens, nous appelons du « mauvais temps » et que les marins appellent de leur vœu le plus cher « le beau temps » ! Eh bien c’est ce qu’éprouvent nos rameurs depuis hier en début d’après-midi. Ils vivent ce contraste saisissant sur tous les tableaux : le soleil cuisant a laissé sa place à la pluie averse qui les trempe , fini les 37° du matin au soir, bonjour le 25° humide, ils ont troqué leur tee-shirt contre la combinaison de quart bien étanche, le souffle malingre a mué en un vent de 20 nœuds , l’océan miroir s’est métamorphosé en un champ de vagues de 3m. Bref en quelques heures c’est tout et son contraire ! Mais cela a un avantage non négligeable : ils sont constamment en pointe de vitesse. Ils filent sur l’eau !
Ils se sont rapprochés du but de 60 MN à une vitesse moyenne de 2,5nd. La pluie est moins intense en cet après-midi dominical, le vent souffle très fort et cela leur permet de faire sécher tout ce qui a été trempé depuis la nuit dernière. Leur vitesse instantanée baisse un peu car la houle est toujours vertigineuse, le bateau se fraie un chemin au milieu de murs d’eau de plus 4 m … Il faut être très prudent.
Pour le dernier dimanche de la traversée , ils passent sous le palier des derniers 300 MN et si l’on considère qu’ils réalisent chaque jour la même avancée que ces dernières 24h, on peut espérer une arrivée vendredi 24 en milieu d’après-midi heure locale.
samedi 18 mars 2023
Jour 47 : Coucher de soleil
55° de longitude dépassé, moins de 700 km à faire, 56 MN parcourus depuis hier soir (presque 1°) à une vitesse moyenne de 2,35. Ils ont quitté progressivement la zone de calme et on retrouvé un vent bien établi en fin de nuit. Provenant du Nord-est, le vent entrant les a secoués car ils essayaient de maintenir un cap nord-ouest pour éviter de trop descendre au sud. Au petit matin , le ciel était couvert, ils ont même essuyé quelques ondées.
Hier soir , l’équipage a été témoin d’un phénomène naturel assez insolite que bon nombre de marins et pirates ont observé à leur époque sans être crus par les continentaux à qui ils narraient leur observation surprenante. Il a fallu attendre l’arrivée de la photographie couleur pour que les auditoires acceptent l’idée que les marins avaient vu un rayon vert.
Ce rayon apparaît lors des levers ou couchers de soleil ( plus fréquent en fin de journée) sur l’eau avec des conditions météo particulières : un ciel bien dégagé sans nuage. C’est le cas dans les pétoles anticycloniques, ce sont des zones de haute pression avec un air plus dense .
Que voit-on exactement ? On aperçoit un trait ou un point vert d’une luminosité intense juste au-dessus du soleil au moment où il bascule à l’horizon . Il ne dure que quelques secondes. C’est pourquoi on parle aussi d’éclair vert ou green flash en anglais.
Comment cela se produit-il ?
L'atmosphère terrestre joue le rôle d'un prisme qui sépare les rayons du soleil en plusieurs couleurs. Lorsqu’ils traversent un air très dense, la lumière se courbe et se disperse dans l'atmosphère. Les couleurs comme le bleu, le vert et le violet ( à faible longueur d’onde) se reflètent plus facilement que les couleurs comme le rouge, l'orange et le jaune (à grande longueur d'onde). Quand le soleil est haut dans le ciel, la lumière voyage sur une plus courte distance et les couleurs ne se séparent pas bien. Mais lorsque le Soleil commence à passer en dessous de l'horizon, la lumière doit parcourir une plus grande distance : par conséquent, les couleurs se séparent plus facilement. C'est justement dans ces conditions que nos yeux arrivent à percevoir la lumière verte.
La légende raconte que le nom officiel de rayon vert proviendrait du roman de Jules Verne « Le Rayon Vert » écrit en 1882. Dans son livre, l'auteur décrit « une couleur verte qu'aucun artiste ne peut obtenir sur sa palette ».
C’est exactement cela que les rameurs ont aperçu au moment du coucher du soleil. Ils ont clairement distingué l’éclair vert posé sur la ligne d’horizon au moment où le soleil disparaissait. Magique !
vendredi 17 mars 2023
Jour 46 : 37° à l’ombre !
Qui dit calme plat , dit … nettoyage de coque. Aujourd’hui en plein midi, la tâche était accomplie avec en sus le bonheur du rafraichissement d’un bain de mer dans une eau à 26°. Les rameurs évoluaient dans un aquarium grandeur nature : eau bleu azur, limpide , visibilité à presque 10 mètres, et des centaines de poissons à portée de main. Ils ont également nettoyé la fosse où est rangé le radeau de survie sous les sellettes. C’était nécessaire ! Il fait toujours très chaud dans ces heures de milieu de journée et comme aucun souffle de vent ne vient ventiler les marins, c’est vraiment cuisant aux postes de rame et étouffant en cabine. 37°2 à l’ombre ! La mer est plate comme un miroir et le bateau glisse comme sur des patins. L’efficience de leur rame est parfaite et la proue fend les eaux, l’écran de contrôle affiche des vitesses instantanées supérieures à 2 nœuds depuis le milieu d’après-midi pour eux. Waouh ! Cependant l’avancée sur la dernière journée reflète les conditions de pétole qu’ils subissent depuis hier soir. Ils ont parcouru 37 MN à 1,53 nd . Ils devraient sentir le vent rentrer à nouveau en fin de nuit.
Il y a quelques jours, nous découvrions qu’être sur ce type de bateau est synonyme de jeu de balancier . Il faut constamment rechercher l’équilibre de l’embarcation soumise à la bonne volonté de la houle océanique. Mais ce n’est pas le seul pendant de ce type de navigation. En effet , le moindre mouvement des équipiers peut générer un déséquilibre. Ils doivent prêter attention à leurs pairs et communiquer pour que ces derniers puissent l’anticiper. Par exemple , si un rameur doit se lever pour vider le seau d’aisance par-dessus-bord, il prévient les autres avant de le faire , ainsi ils sont prêts à encaisser l’à-coup et ne risque pas de se cogner ou d’être délogé du siège de rame.
Nous pouvons commencer à enclencher le compte à rebours : Rameocéan entre dans sa dernière semaine de navigation.
jeudi 16 mars 2023
Jour 45 : A la recherche de l’eau douce…
Hier, ils ont eu quelques frayeurs. Lorsque le duo des experts de la cabine arrière s’est lancé dans la production d’eau dessalinisée pour la journée. Ils ont constaté que le rendement était extrêmement faible. La pompe montrait des signes alarmants de défaillance. Ils désespéraient de mettre des heures carrées pour produire la ration quotidienne. Patrick, appelé à l’aide , posa le diagnostic du dysfonctionnement : cela ressemblait à un encrassement des filtres. Il a fallu vérifier cette hypothèse. Il y a 2 filtres : un au niveau de la prise d’eau accessible par une soute de la cabine arrière et un autre à l’entrée du dessal dans la soute bâbord du bateau. Le premier des deux ne nécessitant pas de démontage compliqué a été vérifié. Un peu de contorsion pour y accéder, un fois en main, ils ont constaté qu’il était passablement encrassé par des algues et autres dépôts. Le second demandant un démontage de la pompe sera vérifié si le débit de production continue à ne pas être satisfaisant. Ce ne fut pas le cas , le dessal a produit sans problème les 18 litres nécessaires pour aujourd’hui. Pas besoin donc de se lancer dans une exploration outillée et complexe.
Le séjour en mer s’étirant au-delà des 50 jours, le stock de snack pack sera prochainement épuisé. Ces notes sucrées évoquant des souvenirs agréables vont bientôt leur manquer. Ils se sont partagé les derniers sachets en choisissant chacun sa gourmandise préférée … L’adage « on garde le meilleur pour la fin » a tout son sens ici ! Ne vous inquiétez pas il leur reste suffisamment à manger : des lyophilisés et de la viande séchée …
La performance de ces dernières 24h est moindre que celle d’hier 45 MN à 1,88 de moyenne. En effet ils sont entrés dans une zone de calme provoquée par l’anticyclone des Açores. Cela devrait durer au moins 24h avant une reprise bien marquée samedi qui les mènera directement à destination en fin de semaine prochaine. La rame se durcit, c’est un peu incompréhensible car superficiellement les conditions ne sont pas mauvaises : un vent certes faible, une mer plutôt plate. Et pourtant, ils avancent plus difficilement . En cause à coup sûr des courants qui se font un malin plaisir de contrer leur avancée. Ils espèrent que ce sera leur dernier épisode temps calme !
Journal des rencontres
Aujourd’hui un gros porte-container a croisé leur route à distance respectable, il se dirigeait vers New-York. Impressionnant ! Une vraie autoroute maritime ! Et tout près d’eux ce sont des dizaines de dorades coryphènes qui croisent leur route !
mercredi 15 mars 2023
Jour 44 : Corps d’athlète .
Un nouveau palier a été franchi la nuit dernière : il leur reste moins de 1000 km à parcourir ; ils ont également dépassé la longitude de la ville de Cayenne en Guyane ce soir. Ils ont parcouru 57 MN en 24h soit un degré de longitude à une vitesse moyenne de 2,39. Ils apprécient la situation qui les rapproche de l’arrivée.
Histoire de poisson volant
Il s’avère que se lancer dans un défi transatlantique c’est aussi côtoyer de très près ces poissons si particuliers puisqu’ils nous donnent l’impression d’hésiter constamment entre deux modes de locomotion : nager ou voler !
Hier soir au moment de la prise de quart de 22h, Christophe quittait son abri pour remplacer Louis à son poste, Dominique était donc seul au fond de la cabine. Il est de coutume pour aérer l’espace et apporter un peu de fraîcheur d’entrouvrir à peine la lucarne de toiture d’autant qu’en ce moment il n’y a pas de risque de d’enfourner puisque la houle est de taille modeste. Soudain Louis et Christophe entendent un cri provenant de l’intérieur … Que se passe-t-il ? Dominique venait de subir une attaque de poisson volant à l’intérieur. Un exocet très agile avait réussi dans son vol plané à viser le petit interstice d’ouverture de la lucarne pour visiter cette drôle d’embarcation au trois paires de pattes ! Ils sont vraiment déterminés !
Une question posée par une lectrice: Leurs bras sont sollicités, mais perdent-ils du muscle au niveau des jambes, ou le fait de pousser suffit-il à ne pas en perdre?
Pour ramer, la force vient à 80% des jambes. Les bras terminent le mouvement de rame ( voir video en lien). Ce ne sont donc pas eux qui travaillent le plus. Les dorsaux et les abdominaux sont également très sollicités dans le mouvement. Les rameurs sont en gainage permanent pour encaisser les mouvements du bateau. Concernant le gain de muscle en général, la réalité est que les rameurs ne s’alimentent pas à la hauteur de leurs dépenses énergétiques pour fabriquer du muscle. Ils perdent donc toute la graisse du corps et s’il n’y a plus rien à perdre ils peuvent perdre aussi du muscle. Chacun a sa propre stratégie : certains partent avec un petit rembourrage permettant de ne pas puiser dans la réserve de muscle, d’autres mangent pour quatre tout au long de la traversée… Nous ne divulguerons pas de nom ! Toutefois on peut reconnaître qu’ils arrivent transformés en Guadeloupe, prêts pour une séance photo pour un magazine de Fitness. L’expérience nous prouve que cela ne dure pas pour tous très longtemps, l’attrait de repas traditionnels leur redonne en quelques mois leur silhouette d’avant traversée !
mardi 14 mars 2023
Jour 43 : Et ça repart …
Cette quarante troisième journée leur a procuré la satisfaction d’une belle avancée de 56 MN à une vitesse moyenne utile de 2,32nd malgré vent et houle orientés de Nord Est. Cela leur a offert de bonnes sensations de vitesse tout en étant généreusement secoués, en conséquent la rame a été plutôt inconfortable. II essaient de maintenir le cap pour ne pas se laisser trop emporter au Sud et devoir changer la destination finale! Manquerait plus que ça! On les attend en Guadeloupe pas en Martinique!
Quelqu’un a-t-il résolu la devinette de Jérôme? Mes élèves l'ont résolue… A votre tour! Je peux vous donner un indice: il s’agit d’un lieu.
Journal des rencontres
Hier en fin d’après-midi, un grand requin tournait autour du bateau. Heureusement pas de baignade au programme!
Ils rejoignent à nouveau des zones fréquentées par les cargos. L’AIS dévoile leur identité et leur destination. Ils ont croisé au loin un bateau se dirigeant vers le Venezuela et un autre faisant cap sur la Floride.
Histoire de poisson volant
Cette fois-ci le télescopage a bien eu lieu, un valeureux rameur s’est malheureusement trouvé sur la trajectoire d’un exocet océanique, et boum… une belle tape entre l’œil et l’oreille gauche de Jérôme! Aïe Aïe Aïe !! Heureusement, il a la tête dure, pas de mal. Les rameurs se sont alors précipités pour retrouver le corps de l’imprudent projectile. Ils ont fait chou blanc! Décidément …
Activité de marin
Louis voyant l’arrivée fondre sur eux se découvre une âme de journaliste et a décidé d’interviewer ses petits camarades avant qu’ils ne puissent échapper à ses questions curieuses, constructives, intrusives… Nous avons hâte de découvrir son reportage !
lundi 13 mars 2023
Jour 42 : 6 semaines de mer
50° de longitude dépassé, 76% de la traversée réalisée. La Guadeloupe en ligne de mire mais encore éloignée d’environ 600 MN ( 1100 km).
Les conditions de vent pas encore solidement établies leur font vivre un ascenseur émotionnel digne des plus périlleuses montagnes russes. C’est l’euphorie lorsque comme hier, ils parcourent 1 degré dans la journée, puis le soufflet retombe lorsque dans la nuit le vent cale et le compteur de vitesse a du mal à dépasser les 1,5 nd ! Dur dur…Leur performance réalisée sur les dernières 24h est de 42MN parcourus à une vitesse moyenne de 1,75 nd. Ils débutent leur 7ème semaine par un changement d’heure, synonyme d’une demi-heure de rame en plus sur les quarts de fin d’après-midi. Nous aurons à partir de ce moment-là 4 heures de décalage.
Cartes postales
Tout un programme : des réflexions philosophiques, du réalisme, de la poésie, de l’humour …
Louis : « Vouloir si vite en terminer, pour sitôt le regretter ! »
Patrick : « L’esprit d’équipe, le courage, les efforts de l’équipage ont eu raison d’une semaine d’enfer. Calmes, vents contraires et chaleurs accablantes ne nous ont pas épargnés. »
Christophe : « Nos bras se tendent pour toucher l’horizon. Nous profitons pleinement de cet univers bleu entre mer et ciel, et de la vie à bord. »
Jérôme : « Mon premier est un garçon.
Mon second est mon second.
J’ai raté mon troisième.
Qui suis-je ? »
Daliu : « Un proverbe chinois dit : "Après les difficultés, le meilleur est à venir." Nous avons eu une semaine difficile. Le beau temps arrive avec une arrivée prochaine en Guadeloupe pour le meilleur. »
Dominique : « 50 jours sur l’océan pour une arrivée d’un instant. Est-ce le chemin du bonheur ou le bonheur du chemin ? »
dimanche 12 mars 2023
Jour 41 : Ça balance pas mal sur l’Atlantique
Le bateau file à nouveau vers l’ouest . Les marins sont heureux de ressentir les effets de la glisse. Ils ont parcouru 57 MN depuis hier soir à une vitesse de 2,4 . Ils devraient avant la nuit franchir le seuil du 50° de longitude . ( plus que 11 degrés pour l’arrivée)
Néanmoins des douleurs dorsales se sont réveillées, faute à ces dernières journées bien épuisantes ! Les marins éprouvent donc de nouvelles stratégies afin d’améliorer sans cesse leur condition. Si l’on tend bien l’oreille on pourrait presque entendre les messages que les rameurs adressent régulièrement à leurs coéquipiers en cabine: « ça penche à bâbord… », « ça penche à tribord… » Aussitôt ces derniers se repositionnent de manière à rééquilibrer le bateau : pour la cabine avant le marin s’installe au centre , à la cabine arrière un marin se met également au milieu et l’autre se positionne du côté opposé à celui vers lequel le bateau penche. Imaginez un peu la chorégraphie … car tout en équilibrant il faut aussi se préparer à manger, se sécher, se changer … Bref ce n’est pas si simple ! Et la nuit alors ? Les rameurs réveillent-ils leurs coéquipiers ? Bien sûr que non ! Ils ont imaginé plusieurs parades . La première consiste à déplacer les bouteilles d’eau pleines d’un bord à l’autre en fonction du tangage. Pour couvrir leur besoin, ils disposent en effet d’environ huit bouteilles. Elles leur servent de lest, ils les rangent dans les coffres soute qui se trouvent de part et d’autre des postes de rame. Si cela ne suffit pas, il reste le seau d’aisance. Rempli d’eau, placé au bon endroit, il contribue lui aussi à l’équilibre du bateau ! Quel jeu de balancier ! Cette recherche d’équilibre en continu bonifie le geste de rame et rejaillit sur les performances.
Feuilleton des rencontres
Pour ceux que cela inquièterait, Diego rend toujours visite quotidiennement à notre équipage. Contre vents et marées il reste fidèle à ses curieux compagnons transatlantiques.
La nuit dernière, lors du quart des jeunes, un gros poisson volant a échoué au fond de la fosse sous les postes de rame près du canot de survie. L’espace étant étroit, il n’avait aucun moyen de se dépêtrer de cette impasse. Chance pour lui, il y a là toujours un peu d’eau du fait des éclaboussures de la houle. Mais pas suffisamment pour assurer sa survie. Nos rameurs ont alors endossé leur costume de sauveteur en mer , ont réussi à l’attraper et l’ont placé dans un seau plein d’eau… Je pense qu’ils avaient une idée derrière la tête …( grillade … sushi…) C’était sans compter sur l’instinct de survie de l’imprudent « exocet ». Ayant retrouvé un volume d’eau suffisant, il mit en marche sa nageoire caudale véritable moteur à réaction et d’un bond périlleux jaillit du seau pour planer jusqu’à l’océan son territoire maternel. On ne l’y reprendra plus !
samedi 11 mars 2023
Jour 40 : Danse avec les sirènes
Le vent a calé en fin de nuit pour eux. Ils ont quitté la frange de la dépression qui leur infligeait le vent contraire, pour une zone de grand calme au niveau du vent. La mer est à nouveau lisse mais une houle de face persiste et les gêne encore.
A son zénith, le soleil brûlait les corps, pas un souffle d’air et l’impression curieuse d’évoluer sur un lac. Ils décidèrent donc de faire une pause pour nettoyer la coque. Elle ne s’était pas trop encrassée depuis le dernier arrêt nettoyage. Quatre rameurs ont profité également de ces instants pour prendre un bain au milieu d’un banc d’une bonne cinquantaine ….. non pas de sirènes…. mais de dorades coryphènes. Il y en avait même une beaucoup plus grande (plus d’un mètre) qui semblait diriger le groupe. Cet intermède a reposé et détendu les muscles qui avaient été grandement sollicités ces dernières 48 heures.
Ils ont quitté cette pétole en fin d’après-midi et récupéré enfin des vents d’est (toutefois encore très modérés). Ils ont réalisé une avancée modeste sur les dernières 24h mais cependant valeureuse (environ 30 MN à 1,5 nd de moyenne) et ont franchi le 49° de longitude ouest. Ils ont recouvré également des vitesses instantanées de l’ordre de 2 nœuds.
Vive les alizés, véritable voie rapide et directe pour rejoindre la Guadeloupe !
vendredi 10 mars 2023
Jour 39 : « Je rame ! »
Encore une journée compliquée demandant beaucoup d’efforts et d’énergie à nos marins. L’expression « je rame » n’a jamais aussi bien porté son nom et décrit leur situation. Vent de travers ( venant du sud) d’une force certaine ( 10nd) , vagues de face ou de trois quart, ça secoue comme dans un shaker. Le pilote automatique qui était depuis plusieurs semaines resté sagement accroché à la barre, s’est décroché à maintes reprises aujourd’hui provoquant immédiatement les réflexes de sécurité. Heureusement que les hommes sont amarinés maintenant. Ils supportent cette vie trépidante pour ne pas dire renversante sans mal de mer !!! Ils sont patients et ont le moral. Ils progressent vers leur destination, contre vents et marées ils ne reculent pas ! ( ce n’est pas le cas des solos se trouvant un peu plus au nord ) C’est déjà ça. Ils ont couverts 27MN sur cette journée particulière à une vitesse de 1,09 nd. Le seul avantage c’est que le souffle du vent atténue la force du soleil, cette ventilation naturelle leur permet de supporter un peu mieux les températures tropicales.
jeudi 09 mars 2023
Jour 38 : Vents contraires
Cette année 2023, ne leur aura rien épargné. Après l’absence de vent, la houle saccadée, la pétole, les voici depuis ce matin confrontés à des vents contraires ! Certes pas très forts , mais les poussants tout de même dans le mauvais sens ! Les deux autres bateaux solos se trouvant au nord de Rameocéan ont même reculé aujourd’hui! Nos rameurs s’organisent: ils recherchent le meilleur rapport cap-vitesse. C’est viser la meilleure VMG ( Vélocity Made Good) stratégie de navigation qui optimise la vitesse du bateau selon la direction du vent et la distance à parcourir. Ne pas essayer de combattre ce vent c’est ne pas avancer et se laisser bringuebaler en tous sens. Ils essaient par conséquent de trouver un peu de vitesse en se laissant légèrement emporter vers le Nord pour contrer Eole. Cette situation devrait perdurer encore demain et à moindre mesure samedi. Ils ont finalement parcouru 37 MN depuis hier soir à une vitesse moyenne de 1,55 nd .
Rêve de pêche (suite)
Manifestement les envies de repas de la mer sont tenaces… Jérôme veut absolument réussir à pêcher un poisson. Il s’est rendu compte qu’en tapotant la surface de l’eau du plat de la main, cela provoquait l’arrivée de poissons ( essentiellement des dorades coryphènes). Il s’est donc exécuté, une dorade est venue presque effleurer sa main, il a alors essayé de la saisir avec l’autre main… et pffttt … échec! Il n’est pas encore mat ! Il va essayer de peaufiner sa stratégie !
mercredi 08 mars 2023
Jour 37 : Mer d’huile et montagnes sous-marine !
Depuis trois jours, ils ont dépassés le 45° de longitude. Et lorsque l’on regarde attentivement les courbes de niveau de la carte marine, on se rend compte qu’ils évoluent à présent dans une zone ou la profondeur est moindre . C’est normal car ils se situent à l’aplomb de la dorsale médio atlantique.
Une dorsale est une chaîne de montagnes sous-marine, que l'on rencontre dans tous les bassins océaniques. Elle se distingue de la plaine abyssale par des profondeurs beaucoup moins marquées, aux alentours de 2 000 m. Une dorsale se présente sous la forme de reliefs formant une chaîne, de part et d'autre d'un rift central marqué.
La dorsale médio-atlantique s’étend du 87° de latitude nord – à environ 333km au sud du Pôle Nord – à l’île subantarctique Bouvet au 54° de latitude sud. Elle s’élève à environ 3000m au-dessus du plancher océanique et s’étend sur une largeur de 1000 à 1500km ; elle comprend de nombreuses failles transformantes et une vallée centrale qui suit son axe longitudinal.
La plus grande partie de la dorsale est sous-marine, mais elle émerge par endroits sous forme d’îles volcaniques de tailles variables, qui jalonnent l’Océan Atlantique dans sa longueur (Islande, Açores, Sainte Hélène…)
Cette dorsale a été découverte dans les années 50. Elle sépare la plaque nord-américaine et la plaque eurasienne dans l’Atlantique nord, et la plaque sud-américaine et la plaque africaine dans l’Atlantique sud. Ces plaques continuent de s’écarter, ce qui fait que l’Atlantique s’élargit au niveau de la dorsale d’environ 2,5 centimètres par an en direction est-ouest.
Ouf, n’ayons crainte, la distance de la traversée ne va pas augmenter pendant leur traversée ! Ils ont parcouru 47 MN à une vitesse moyenne de 1,96 nd, c’est une belle journée compte tenu de la pétole dans laquelle ils évoluent. Un nouveau palier est aussi dépassé il leur reste moins de 1500 km à parcourir. Au lever du jour, le ciel était couvert et les marins espéraient un peu de répit au niveau de la force du soleil. On peut toujours rêver, 34° en plein midi. Prendre un repas lyophilisé réhydraté avec de l’eau chaude donne des suées aux rameurs !
Rêve de pêche (suite)
La nuit dernière , le quart des experts a été à deux doigts de réaliser un exploit. En effet, une belle dorade a percuté de plein fouet la pelle de Patrick. Estourbie par le choc, elle flottait à la surface de l’eau. Les rameurs aussitôt se sont précipités pour la pêcher à mains nues… Malheureusement, elle leur a échappé… Dommage !
Dans l’après-midi, nouvelle alerte …plusieurs thons escortaient le bateau …un peu gros pour la pêche à la pelle ou à mains nues !
mardi 07 mars 2023
Jour 36 : Rêve de pêche
Ils sont entrés dans le long tunnel de pétole, ils ont l’impression de naviguer sur un lac, pas la moindre ride à la surface de l’eau. Cependant, ils ont travaillé la qualité de rame de manière à produire des mouvements de grandes amplitudes et à favoriser la glisse du bateau. Depuis la mi-journée, ils sont heureux de réaliser à nouveau des vitesses instantanées proches de 2 nœuds. Ils pensent que les jours précédents, ils ont dû être gênés par des courants inversés de profondeur qui annulaient tous leurs efforts. Ils ont parcourus 33 MN depuis 24 heures. La moyenne quotidienne ne reflète pas encore l’amélioration qu’ils ont constaté. Faute à la nuit dernière pendant laquelle ils ont été scotchés de longues minutes dans la pétole.
Les quarts de mi-journée sont toujours éprouvants . La température oscille entre 34 et 35° , pas un souffle pour aérer et la réverbération des rayons à la surface de l’eau double l’effet du soleil. Ils font donc des pauses toutes les 20 minutes pour se réhydrater. Pendant les quarts de repos , le leitmotiv pour tous est « pas d’activité » ; il faut recharger les batteries corporelles !
Pour corser l’aventure, ils ont traversé un véritable « champ de sargasses ». Complètement encerclés, ils se sont englués dedans. Pour libérer le bateau prisonnier de cette île biotope, il a fallu relever la dérive qui était enchevêtrée dans une pelote de sargasses.
Envies de rameurs
La nuit dernière vers 2h du matin, la lune quasiment pleine balayait de son halot argenté le bateau et tout son alentour. Quelle surprise pour les rameurs de constater qu’elle se reflétait également sur le dos des nombreux poissons louvoyant autour de l’embarcation! Leurs écailles scintillaient dans l’eau sombre et réveillaient des réflexes pavloviens. Certains rêvaient d’une grillade, d’autres de sushis… Daliu s’est même proposé d’en confectionner, il assure qu’en à peine 15 minutes, il peut préparer un plat pour l’équipage ! L’eau à la bouche, chacun essaie d’échafauder un plan pour attraper un poisson . Patrick les laissera-t-il faire ?
lundi 06 mars 2023
Explications météo
Je passe la plume aujourd’hui à mon gendre Sylvain qui va éclairer nos lanternes en matière de météorologie. Je l’en remercie.
Nos rameurs se trouvent dans un vent qui s’est estompé aujourd’hui pour se retrouver à nouveau dans un temps très calme dès demain. Du déjà vu ? Oui, mais ce calme sera très différent du précédent, et sera finalement le premier calme « habituel » sur ce type de traversée. En effet, ce sera leur premier calme anticyclonique (soit une zone de haute pression) par rapport aux calmes dépressionnaires (de basse pression. NOTA : l’expression calme dépressionnaire n’est pas habituelle mais nous trouvons qu’elle est pratique pour faire la différence avec les calmes anticycloniques) qu’ils ont eu à subir à répétition depuis leur départ. Mais en dehors de la pression quelle différence ? Pour eux, ce sera surtout une arrivée de la pétole qui sera graduelle, au fur et à mesure que le bateau entrera dans l’anticyclone jusqu’à arriver dans une zone de calme absolu, sous un grand soleil. Mais avant de parler des spécificités des calmes dépressionnaires, prenons le temps de souligner à quel point nous étions tous très surpris qu’ils aient eu à en subir.
Car voyez-vous, normalement, traverser l’Atlantique en hiver c’est passer sous les grandes dépressions du Nord Atlantique, protégé par un anticyclone positionné au niveau des Açores et dérouler sur un tapis de vents soutenus qui accompagnent les bateaux en faisant une jolie cuillère des Canaries aux Antilles : les fameux alizés. La route Canaries --> Antilles est alors parfaite, car elle est en plein dans ces vents soutenus et prévisibles et au-dessus d’une zone plus chaotique qui ceinture l’équateur : la zone intercontinentale de convergence plus connue pour son fameux pot au noir, avec ses grands calmes et ses orages chauds.
Tranquillement installé sur la route des Alizés, le risque de pétole se limite généralement à des descentes d’anticyclones, délogés du centre de l’Atlantique par les grandes dépressions d’hiver qui se déplacent de l’Amérique du Nord vers l’Est pour apporter, quelques jours plus tard, les habituelles pluies froides d’hiver en Europe. Mais cette année, il n’a pas beaucoup plu en France (et c’est peu de le dire), et c’est peut-être un premier indice pour comprendre pourquoi nos rameurs ont eu si peu d’Alizés et eu à traverser des calmes dépressionnaires.
Pour le comprendre, il faut se tourner vers les météorologues et leurs schémas de circulation générale de l’atmosphère. Nous ne sommes pas météorologues et nous allons chercher à simplifier. Normalement, il existe une bande, juste au-dessus des tropiques, où officient ce que les météorologues appellent des cellules de Hadley. Reprenons les mots de météocontact.fr : « Ces cellules sont, pour faire simple, une circulation de masses d’air provenant de la zone équatoriale qui sont montées en altitude puis sont remontées au niveau des latitudes subtropicales où elles subsidient et retournent vers la zone équatoriale au niveau du sol avant de recommencer un cycle. C’est cette deuxième étape qui est à l’origine des alizés. ». En synthétisant plus, elles se traduisent localement à leur Nord par de grandes bandes d’anticyclones (à la latitude dite des chevaux), avec, sur l’Atlantique, le plus connu d’entre eux : celui des Açores, en référence à sa position habituelle. Hors nous vivons depuis quelques années un phénomène inhabituel : ces cellules de Hadley se déplacent en moyenne petit à petit vers le Nord dans l’hémisphère nord (et inversement vers le sud dans l’hémisphère sud), de sorte que la bande anticyclonique sèche habituelle du 30° nord se retrouve plus souvent au niveau de l’Europe. En d’autres mots, l’anticyclone des Acores est en Bretagne. Conséquence : une année 2022 très sèche et un début 2023 historiquement très sec en France. Plus bas, nous retrouvons des alizées instables au niveau subtropical, et un phénomène inattendu : l’apparition sur la route des rameurs de systèmes que l’on attend beaucoup plus près de l’équateur habituellement : une forme de pot au noir sur l’habituelle route des alizés. Et ça y ressemble : des alizés instables, interrompus par des dépressions chaudes qui se forment et oscillent, croissent et décroissent avec des variations difficiles à prévoir.
Et c’est ainsi que nos rameurs ont dû traverser par deux fois des calmes dépressionnaires et qu’ils ont dû adapter leur route à deux reprises pour éviter le pire des fronts orageux que ces dépressions chaudes pouvaient abriter. En effet, les calmes dépressionnaires se situent derrière une zone de front avec une entrée dans la pétole et une sortie qui se font en quelques heures tout au plus avec de grandes bascules de vent. Ce sont des calmes pendant lesquels demeurent une houle croisée inconfortable mais aussi quelques nuages salvateurs contre la chaleur.
Ce sont des moments assez déroutants qui font et défont des courses qui normalement passent par le pot au noir, comme le Vendée globe et la Transat Jacques Vabre. Pour nos rameurs, rien de bien méchant tant qu’ils évitaient les orages, si ce n’est qu’ils ont naturellement ralenti. Évidemment cette situation rendait jusqu’à présent les projections à long termes difficiles à faire, comme c’est généralement le cas dans le pot au noir…
… Et maintenant ? Maintenant il semblerait que nous entrions enfin dans un système plus habituel… Enfin… pas tout de suite. Nos rameurs sont au sud d’une énorme dépression qui va balayer l’Atlantique nord avant d’échouer en Irlande. Une dépression dont la pointe sud arrive au 20° degré nord, et ça c’est rare, même en hiver. Le temps de son passage, l’anticyclone va engouffrer nos rameurs pour quelques jours de cagnard et de grand calme. Mais derrière se dessine, enfin, une situation connue : la reconstitution d’un anticyclone fort au niveau des Açores, des dépressions bien constituées sur le nord de l’Atlantique et un tapis roulant des alizés qui pourrait se remettre à fonctionner dans une semaine et pousser à nouveau nos rameurs à bon port ! (et un peu plus de pluie arriver en France).
C’est un retour temporaire à une situation normale qui ne devrait pas nous faire oublier le décalage sur le long terme des cellules de Hadley dont la cause est difficile à établir (mais un phénomène majeur est sur le bout des lèvres de chacun) et il faudra voir sur le long terme l’effet de ces changements tant sur notre climat que sur les tentatives de traversée à la rame.
Pour en savoir plus sur le décalage des cellules de Hadley et leur conséquence : https://www.meteo-paris.com/actualites/le-changement-climatique-egalement-synonyme-de-temps-plus-calme
Crédit de l’illustration : wiki commons
lundi 06 mars 2023
Jour 35: Et de cinq … semaines !
5 semaines de navigation , 65% de la traversée réalisée, 3000 km parcourus, une vitesse moyenne de 1,94 nœud, un bon paquet d’images exceptionnelles stockées, de nombreux nouveaux amis parmi la faune Atlantique, des conditions météorologiques inhabituelles, 3 nettoyages de coque, 1260 litres d’eau dessalinisée produites, un bon nombre de lyophilisés consommés, 2 changements de roulement sur les sellettes, des tas de discussions philosophiques, plusieurs milliers de minutes d’appel satellite, des heures de sommeil en pointillé , de la bonne humeur et beaucoup de patience…
Ils entament une semaine durant laquelle la pétole sera leur lot quotidien. Cela se vérifie déjà par leur avancée des dernières heures : 35 MN à 1,47nd.
Série des images exceptionnelles
En ce moment la lune à son coucher a rendez-vous avec le soleil levant. Banal comme image me direz-vous ! Eh bien pas tant que cela… La lune s’est couchée parée d’orange et le soleil jaloux de la belle robe rousse de son aimée s’est lui aussi revêtu de la sorte. Si bien que nos rameurs ne savaient plus où donner de la tête : un disque roux les guidait tant à la proue qu’à la poupe du bateau ! Singulier, non ?
Feuilleton des rencontres
En cette fin de journée du 6 mars, un poisson de belle taille rodait à une profondeur d’environ 1m50. Cette silhouette couronnée d’un aileron donnait l’impression de surveiller l’embarcation. Les rameurs le distinguaient grâce à la transparence de l’eau, mais personne ne réussit à l’identifier.
dimanche 05 mars 2023
Jour 34 : Aventure ou régate océanique ?
Les Alizés ont déjà faibli et descendent petit à petit vers le sud. Leur performance journalière est donc moindre sur ces dernières heures. Ils ont parcourus 44 MN à une moyenne de 1,7nd en journée.
Durant le week-end , l’équipage se relaie pour faire la lessive et prendre les douches. Ils assurent également l’entretien du bateau, ils ont à nouveau changé les roulements des sellettes, preuve qu’ils rament beaucoup…les mécanismes s’usent …
La houle a été hachée toute la nuit et encore en journée, maintenir une rame efficiente est plus laborieux. Traverser l’Atlantique n’est pas un long fleuve tranquille, les conditions météo changent sans cesse et l’équipage s’adapte. Les prévisions pour la semaine à venir ne présagent pas la présence de vents réguliers et porteurs. C’est plutôt l’inverse! Il vont à nouveau traverser un long tunnel de pétole! La date d’arrivée ne s’approche pas autant qu’on le souhaiterait.
Pendant ce temps , deux équipages britanniques ( un duo et un de 3 chauffeurs de taxi londoniens) qui avaient pris la mer de Lanzarote le 3 janvier, ont rejoint Antigua ( une île à 70 km au Nord de la Guadeloupe) le 5 mars en 61 jours et 5h de traversée. Ces équipages participaient à une régate océanique d’aviron (Atlantic dash) organisée chaque année et ont quasiment navigué bord à bord tout du long.
D’autres équipages se situent dans les mêmes longitudes que Rame océan. Ils ne les croiseront certainement pas…mais c’est étrange de voir que ce défi est partagé par de nombreux aventuriers sportifs de toutes nationalités. Ils ne sont pas si seuls dans ce monde océanique!
Simon Howes, un britannique de 67 ans est parti en solo le 16 janvier de Gran Canaria, son arrivée est prévue à Ste Lucie (une île de l’arc des petites Antilles juste au sud de la Martinique) .
Andrew Osborne, un britannique de 57 ans est parti en solo le 8 janvier de Gran Canaria, son arrivée est prévue à Antigua.
Pawet Lokaj, un polonais de 47 ans est parti en solo le 2 janvier de Tenerife , son arrivée est prévue à Trinidad and Tobago ( deux îles au large du Venezuela).
Aurimas Valujavicius, un lituanien de 28 ans est parti en solo le 26 décembre de Ayamonte en Andalousie, son arrivée est prévue à Miami.
Feuilleton des rencontres
Les rameurs sont toujours épatés par la découverte des modes de vie des animaux de l’océan. Les oiseaux , entre autre, avec leur agilité à repérer en volant les imprudents poissons nageant à fleur d’eau, les impressionnent. Ne croyez pas que ces majestueux volatils vont s’abaisser à mouiller leur plumage pour attraper leur proie… Non, il vont attendre patiemment planant au-dessus des flots, que le poisson risque une nageoire hors de l’eau pour fondre sur lui et le saisir avant même que son saut ne le ramène dans son élément! L’expression « plus vite que l’éclair » prend ici tout son sens !
samedi 04 mars 2023
Jour 33 : Poisson vole !
Ils ont atteint le but qu’ils s’étaient fixé hier : sur chaque pointage de position, ils ont conservé une progression supérieure à 1° comparativement à la position à la même heure hier. Les alizés leur sont favorables et leurs efforts sont positifs, ils ont parcouru 57 MN sur les dernières 24 h à une vitesse moyenne de 2,4 nd. La houle néanmoins est assez désordonnée, la navigation est par conséquent rude. La nuit dernière, ils ont à nouveau ressenti l’effet essorage vitesse 1200 tours/min. Ils n’ont pas très bien dormi! Pour la nuit prochaine, cela devrait aller un peu mieux, la vitesse d’essorage est estimée à 400 tours /min d’après Christophe! Le vent faiblit un peu.
Ce matin, ils ont même échappé à une collision …. avec un gros poisson volant! Il est passé à moins de 20 cm du nez du rameur à la nage! Il a bien cru recevoir une claque monumentale en sentant le souffle des nageoires ailées sur son visage…
D’autant que pour être en mesure de voler, le poisson volant doit atteindre une grande vitesse dans l’eau (environ 50 km/h). C’est grâce au mouvement de sa nageoire caudale, véritable moteur qui peut réaliser plus de 50 battements par seconde, que le poisson volant réalise de grandes accélérations et modifie sa trajectoire pour se propulser dans les airs. Il sort alors de l’eau et donne l’impression de voler. Il ne peut pas rester indéfiniment dans les airs, mais c’est un excellent planeur. En effet, ses nageoires pectorales sont très développées ce qui lui permet de planer sur de grandes distances accentuant d’autant plus la sensation de voler. Vu de l’extérieur et particulièrement du bateau à rames, on a l’impression que le poisson volant vole.
vendredi 03 mars 2023
Jour 32 : Enfin les alizés !
Leur vœu le plus cher a été enfin exaucé à partir de la nuit dernière. Des Alizés sont arrivés et ont accompagné leurs efforts tout au long de la journée. Cela paye, ils ont parcouru 55 MN. Et ont dépassé le seuil des 1000 derniers miles nautiques ! Ce ne sont pas des vents encore très forts mais cela les motive et efface un peu les douleurs de l’effort et le mordant du soleil ! Espérons que les alizés durent…
Les quarts entre 12h et 16h sont toujours les plus brûlants et étouffants, mais aujourd’hui les risées apportaient un petit souffle frais salvateur. Les rameurs se sont fixés comme objectif de parcourir 1° en 24h , alors ils ne chôment pas !
Le mile nautique (MN) ou mile marin ou tout simplement nautique est une unité de mesure de longueur utilisée en navigation tant maritime qu’aérienne. Il équivaut 1852 m par convention depuis la conférence hydrographique internationale de 1929. L’unité de mesure de vitesse est le nœud ( kt ou nd) qui correspond à un mile marin par heure soit 1852m/h.
Pourquoi dit-on nœud ?
Au XVI siècle , les navigateurs lançaient un morceau de bois relié à une ficelle depuis l’arrière du bateau. La ficelle qui comportait des nœuds noués à intervalles réguliers ( environ tous les 15m) se déroulait au fur et à mesure de l’avancée du bateau. Les marins comptaient le nombre de nœuds qui passait (filait) dans leur mains pendant qu’un sablier s’écoulait ( 30 sec), ils pouvaient ainsi estimer la distance qu’ils parcouraient et en déduire leur vitesse.
jeudi 02 mars 2023
Jour 31 : Soleil de plomb et vent faiblard !
En ce moment, la lune est en phase gibbeuse croissante, nos marins profitent donc d’un éclairage nocturne naturel. Le halot lunaire éclaire le bateau de l’arrière à l’avant comme un lampadaire, nul besoin de frontales.
Il peuvent également observer en début de nuit vers l’ouest Vénus et Jupiter qui semblent toutes deux très proches. C’est une illusion d’optique.
Ils ont réalisé exactement la même avancée que ces deux derniers jours 44 MN et ont entamé les derniers 2000km avant la destination. Le vent est toujours aussi modeste. Ils espèrent l’arrivée des alizés pour pouvoir faire de belles journées. L’absence de vent conjugué à un soleil de plomb ( 31° à 33°) les éprouve beaucoup, pourtant ils s’obligent à maintenir le rythme . Chapeau bas ! Messieurs !
Les Alizés
L'alizé est un vent régulier des régions intertropicales (entre 23°27 nord et 23°27 sud), soufflant dans l'hémisphère nord, du nord-est vers le sud-ouest. Les alizés s'étendent depuis le niveau de la mer (0 m) jusqu'à 1 500 ou 2 000 mètres d'altitude.
Les navigateurs portugais du XVe siècle découvrent le régime des vents de l'Atlantique, et trouvent la clé pour une navigation en direction de l'Outre-mer. Notre bateau suit la même voie que ces illustres navigateurs.
Au grand dam de l’équipage de Rameocean, cette année les alizés sont capricieux . Ils changent d’air et ne se contentent pas de la zone intertropicale. Ils changent aussi d’allure constamment et font trépigner nos rameurs.
En 2016, l’équipage de Grande expédition déplorait la présence visible de plastique un peu partout dans l’Océan, 7 ans plus tard l’équipage de Rameocean subit les effets certains du changement climatique !
mercredi 01 mars 2023
Jour 30 : « Allo Papa Tango Charlie »
Un nouveau mois commence, il sera aussi le mois de l’arrivée à destination ! Leur trentième jour de navigation est comparable au précédent 45Mn parcourus à la même moyenne. Plus de 2600 km depuis le départ … L’équipage se met en mode défi quotidien. Ils se fixent une durée maximum de 30 heures pour parcourir 1 degré de longitude, à chaque quart les équipiers essaient de faire mieux que leurs prédécesseurs… C’est une bonne motivation et cela fait passer au second plan la frustration des conditions météo plus que modestes! Le bateau jouit toujours d’une escorte hors norme : des dorades aux écailles multicolores, des petits poissons …
L’équipage a précisé qu’ils avaient croisé à maintes reprises des navires au loin. C’est un point de vigilance. En effet, les bâtiments de grandes tailles dévient très lentement de leur trajectoire et si un frêle esquif tel Rameocean se trouvait sur leur route, ce serait difficile de l’éviter. A son bord, Rameocean possède plusieurs équipements pour surveiller le trafic autour d’eux :
- La radio VHF marine est une radio courte distance. Sa portée varie selon la puissance et la hauteur des antennes. Sur l’embarcation que nous suivons elle permet de capter des navires jusqu’à 10 km . Elle reste le moyen incontournable pour assurer la sécurité à bord.
- L’AIS ( système automatique d'identification) est système mondial d'échange automatique de messages standardisés entre bateaux à partir d'émetteurs-récepteurs de signaux radio. Il permet de connaître la position des bâtiments naviguant à proximité.
Lorsque nos rameurs aperçoivent des lumières la nuit ou repèrent un navire de visu le jour, ils allument simultanément VHF et AIS. Sur l’écran de contrôle, ils voient sa position (comme sur un radar) et récupèrent des informations à son sujet (nom du navire, longueur, largeur, tonnage, port de départ, port d’arrivée).
Pour entrer en communication avec ce navire, ils utilisent de façon strictement réglementée le canal 16, canal d'appel et d’urgence. Tout le monde peut l’utiliser pour lancer un appel mais pas pour discuter. Cela implique que lorsqu’on a contacté le bateau, réalisé une transmission concise des informations essentielles, on dégage le canal 16 pour ne pas l’encombrer et on bascule sur un canal bateau/bateau qui, lui, permet d’échanger plus longuement.
Ainsi, en toute circonstance, la sécurité de tous est garantie en mer !
Exemple de message envoyé par nos rameurs lors du contact avec le bateau chinois :
« Rowing boat … ( le bateau s’identifie et confirme les avoir repérés) …RDV canal 19 »
mardi 28 février 2023
Jour 29 : Rêves …
Au moment où je vous écris, l’équipage de Rameocean termine à peine sa journée, le soleil se couche pour eux. Ils ont parcouru 45 Mn depuis hier soir et maintiennent un cap direct Guadeloupe. Leurs efforts sont utiles à 100%. Les vents costauds d’il y a presque trois semaines leur manquent, ils aimeraient revivre les longs surfs et les vitesses élevées. Un peu de patience, ils devraient recouvrer de telles sensations en fin de semaine ! Ils ne déméritent cependant pas et transforment en miles chaque risée, chaque rafale même si elle n’excède que rarement les 10 nœuds.
Patrick essaie de se souvenir s’il a déjà expérimenté une traversée sous de telles conditions météo…C’est une première !
Louis disait dans sa dernière carte postale « mes rêves d’arrivée prochaine se précisent ! »
C’est certainement le rêve commun de tous, mais vous allez être surpris de découvrir que chacun imagine des solutions bien personnelles pour le réaliser.
A quoi rêvent les rameurs ?
Leur sommeil haché du fait des quarts , certainement interrompu en plein cycle paradoxal leur ménage des rêves tellement réels qu’ils ont du mal parfois à démêler le vrai du faux ! D’ailleurs c’est un sujet de conversation entre eux ! Ils rêvent de leur aventure océanique. Non, pas de cauchemars, m’ont-ils assuré, des rêves ! En voici quelques florilèges :
Louis a rêvé que le bateau arrivait dans une gare ( pour les bateaux à rames évidemment) . Une foule d’enfants l’attendait. Tous les rameurs ont été interviewés sauf lui !
Christophe a rêvé qu’il traversait l’Atlantique sur une péniche fluviale ! ( Là au moins , il y a de la place !)
Dominique a rêvé qu’il dormait dans un kayak ! ( Enfin un espace pour lui seul !)
Jérôme a rêvé qu’il faisait du rafting avec Patrick sur le canot de survie ! Et en franchissant la ligne d’arrivée, il voit partout des livres avec la photo de Patrick… Quelle vedette !
Il ne faudrait pas oublier de mettre votre chapeau lorsque le soleil est de plomb ! Bon rêve à tous !
lundi 27 février 2023
Jour 28: Leçon de pêche!
En mer depuis 4 semaines, l’équipage a parcouru plus de la moitié de leur périple et s’engage à présent sur la dernière ligne droite qui les mènera en Guadeloupe. La route -si l’on peut dire- est encore longue, mais c’est important pour le moral de savoir que, chaque jour, la distance qui les sépare de l’arrivée est moins importante que celle qui les sépare du port de La Restinga à Hierro.
Ils ont franchi aujourd’hui un nouveau palier, celui du méridien 40° ouest. Cela signifie qu’ils vont changer d’heure, ils auront alors 3 heures de moins que nous. Cette fois-ci, il ne rallongeront pas les quarts de milieu de journée car le soleil au zenith est mordant pour les organismes. Il faut se ménager! Ils rameront une demi-heure de plus sur les quarts de fin d’après-midi. Là où ils sont, le soleil se couche vers 20h et les dernières heures d’ensoleillement sont plutôt douces et agréables… Ramer un peu plus passera presque inaperçu ! Il ne restera qu’à décaler la montre d’une heure : à 21h, il sera 20h!
Feuilleton des rencontres
Les rameurs ont pris aujourd’hui une belle leçon de pêche! Le bateau était survolé par des oiseaux au corps très profilé, aux ailes décalées. Ils volaient au-dessus d’eux tels des avions de chasse et semblaient à l’affut de quelques proies. Puis soudain, une escadre de poissons volants jaillit de l’eau et réalise de longs bonds. C’est alors que les oiseaux plongent vers ces amateurs de voltige en rase-motte, arrivent dans leur dos et les saisissent avant qu’ils ne regagnent l’océan. Une fois dans le bec, le pauvre poisson est avalé sans crier gare et les oiseaux reprennent de la hauteur pour préparer un nouvel assaut! Ce n’est pas Diego, avec ces vaines tentatives d’atterrissage, qui serait capable d’une telle démonstration! Il préfère venir saluer tranquillement nos marins et s’assurer que tout le monde va bien!
dimanche 26 février 2023
Jour 27 : Repas de fête!
La nuit dernière encore calme plat. Pour vous dire, ils ont fabriqué une manche à air de fortune - avec un simple cordon de sacs poubelle accroché à l’arrière du bateau - pour visualiser facilement la présence, la provenance et la force du vent… Eh bien - comme dirait Daliu - rien, nada, pas un seul mouvement, le cordon pendouille et ne faseye pas!
Ils mettent le cap plein ouest et visent la Guadeloupe. Car maintenant qu’ils ont franchi la mi- parcours, ils « descendent » vers l’arrivée comme ils se plaisent à dire ! Ils ont parcouru sur les dernières 24 heures 41 miles nautiques, petit à petit cela s’améliore.
Aujourd’hui, sous le franc soleil tropical, ils se sont accordé un moment festif entre 11h30 et 12h30 pour partager un repas gastronomique, de fête … A vous de juger ! 1 sardine à l’huile et demie, quelques cacahuètes, des tuc et… des Figolus en dessert. A ne pas en douter , ils se sont régalés ! Tout cela arrosé par un grand cru « Océanique dessalinisée » d’aucuns auraient certainement préféré quelques bulles de soda, ou mousse de malt… Pas de ça à bord !
Feuilleton des rencontres
En fin de nuit, ils ont croisé un cargo, suffisamment éloigné pour ne pas inquiéter nos rameurs.
Le bateau est toujours escorté par des poissons, cette fois-ci ce sont des dorades coryphènes . Elles nagent parallèlement au bateau, presque à portée de pelle.
samedi 25 février 2023
Jour 26 : Mi-parcours
La nuit dernière a été assez calme. Mer plate, vent quasi inexistant, avancée donc modeste (1,20 en utile)…
Notre équipe préférée s’organise. Faire bouger le bateau dans ces conditions est éprouvant . Alors ils ont réaménagé leurs mini-pauses de quart de rame. Afin de toujours ramer à trois ( c’est quand même plus efficace) , ils ne se relaient plus, ils prennent la pause en même temps.
Le moral est aux couleurs de la météo tropicale : grand soleil, grand sourire. D’ailleurs Diego est venu les saluer ce matin , vraiment fidèle cet oiseau !
Si l’on étudie la carte marine, on constate que le bateau évolue en ce moment au confins des plaines abyssales de l’est Atlantique ( Plaine abyssale du Cap-vert et Plaine abyssale de Gambie). Ces plaines sont des zones aplanies de très grandes profondeurs. Ils ne sont pas prêts d’apercevoir le plancher océanique puisque dans ces plaines la profondeur atteint 5 000 à 6 000 mètres! Sacrée quantité d’eau sous la coque !
En fin de journée, ça avance mieux et nos marins sont heureux de voir l’écran de contrôle afficher des vitesses instantanées supérieures à 2 nœuds (moyenne sur la journée 2 nœuds utiles et 38 miles parcourus sur les dernières 24h). Le palier tant attendu « mi-parcours » est en vue, il sera dépassé dans les prochaines heures. Ils ont décidé de fêter l’évènement demain.
Cartes postales reçues aujourd’hui : de la poésie, du réalisme, de l’espoir , de la philosophie …
Dominique : « Un si petit espace pour les rameurs, un si grand pour l’océan ! »
Jérôme : « A force de mater l’eau, je deviens matelot ! »
Patrick : « La deuxième partie de la traversée sera plus rapide que la première partie ! dixit le rameur bouddhiste. »
Christophe : « Sommes au milieu de l’immensité bleue aux mille nuances, mer et ciel se confondent. Vos soutiens sont importants, maintenant direction Gwada ! Pensez aux enfants malades. N’oubliez pas la cagnotte le Rire Médecin ! »
Louis : « Alors que mes souvenirs du passé s’amenuisent, mes rêves d’arrivée prochaine se précisent ! »
Daliu : « La vie sur le bateau est comme ce que j’ai envie de dire maintenant : RIEN ! Il ne faut pas croire les films hollywoodiens : la vie de pirate est ennuyeuse !! »
vendredi 24 février 2023
Jour 25 : Au soleil
35 miles nautiques parcourus ces dernières 24h. C’est difficile. Le vent les aide peu. Il faut développer beaucoup d’énergie pour avancer. Le « Hic » est que ces conditions semblent être ce qui les attend sur les 8 prochains jours… Aujourd’hui, ils ont donc profité du beau soleil pour nettoyer à nouveau la coque du bateau en espérant que cela leur apporte 0,3 à 0,4 nœud de vitesse en plus.
Il y avait à faire, le fouling recouvrait complètement la coque mais il était facile à enlever. Ils ont arrêté de ramer 1heure chrono en main . Il faut être sérieux, ce n’est pas une sortie baignade! Toutefois, plusieurs rameurs ont profité de l’occasion pour faire une grande toilette!
Quelle surprise d’apercevoir -tout en nettoyant la coque- un banc de dorades coryphènes évoluant à 4-5 m de profondeur! Ces poissons caractéristiques des eaux chaudes tropicales de tous les océans ont une robe très colorée allant du jaune au bleu en passant par le vert et même le doré. Ils mesurent jusqu’à 2m de long et pèsent jusqu’à 45kg. Ils se nourrissent de poissons volants, de calmars, de maquereaux et autres petits poissons. Ils effectuent de grandes migrations et peuvent se rencontrer aussi bien en haute mer que près des côtes.
En journée, ils profitent d’un bel ensoleillement , ça ne plombe pas encore , ils peuvent donc peaufiner leur bronzage sans risquer de se brûler !
Endormi ou éveillé ?
Après plus de 3 semaines de rame, les effets de l’activité physique journalière intense provoque chez certains rameurs un état particulier proche de l’hallucination. La fatigue générée par l’effort, la perte de poids, le sommeil tronçonné font qu’il leur arrive de ne pas savoir s’ils rêvent ou s’ils sont éveillés ! Ils s’habillent pour le quart alors que ce n’est pas le moment, ils rêvent qu’ils rament , ils rament en rêvant … Bref ils ont l’impression d’être assis entre deux chaises ! La solution consiste à mieux se reposer en changeant par exemple l’organisation du couchage pour avoir un sommeil plus réparateur ; à profiter des quarts longs de journée pour dormir plutôt que lire ou discuter avec ses compères …
jeudi 23 février 2023
Jour 24 : Et on rame, rame , rame encore …
Les jours se suivent et les conditions ne permettent pas plus qu’hier une rame véloce: le vent est modéré plutôt dans leur sens mais la houle est complètement désordonnée. Vous savez maintenant que cela est synonyme d’avancée modeste et d’efforts intenses. Nos rameurs voient leur temps de parcours s’allonger… Ils espèrent ne pas s’engluer dans une zone de pétole afin d’atteindre ce week-end la mi-parcours signe de « descente » vers l’arrivée.
Heureusement, la proximité avec leur environnement leur apporte chaque jour des images exceptionnelles telles les chorégraphies aériennes des poissons. Aurions-nous imaginé que ces animaux spécialistes de la natation sont également capables de faire des bonds acrobatiques hors de l’eau? Ils semblent attirés par cette drôle d’embarcation de petite taille -comparativement à l’immensité de l’océan- qui ne fait pas de bruit de moteur! Ils sont en confiance, l’approchent de très près et la suivent.
mercredi 22 février 2023
Jour 23 : Danse et rame océanique
Merci à tous les contributeurs pour la campagne du « rire médecin ». La cagnotte progresse au rythme de la traversée de nos rameurs. (le 21/02 : 43% du trajet et 43% récoltés…) Continuons sur cette lancée, et visons ensemble l’arrivée et son objectif de collecte. L’équipage vous remercie de votre soutien.
Nouveau palier dépassé : 2050 km parcourus ce matin soit 89 km par jour en moyenne. L’objectif de l’équipage est d’atteindre la mi-parcours ce week-end.
Feuilleton des rencontres
Tout un aéropage de poissons divers et variés entoure et accompagne le bateau. Il y a de minuscules poissons volants d’à peine 3 cm de long, au vu du rapport entre leur taille et celle du bateau, ils s’échouent sur le pont lors de leurs vols aventureux!
De longs poissons fuselés -peut-être des Thazards- connus sous le nom de Wahoo dans les pays anglophones (même famille que les thons et les maquereaux), font des bonds hors de l’eau- telles les nageuses de natation synchronisée- et épatent nos rameurs qui s’exclament en les voyant: OH !!!.
Activité quotidienne
Chaque jour, un rameur de la cabine arrière se charge de la production d’eau douce quotidienne. Dans un premier temps, il récupère auprès des coéquipiers les bouteilles vides. Il met en marche la pompe en actionnant le commande desalinisateur dans sa cabine. Il remplit les bouteilles que chacun utilisera par la suite. Cela prend un peu plus d’1heure trente puisque il faut à chaque rameur 6 litres d’eau douce par jour pour sa consommation personnelle ( boisson, préparation des lyophilisé, rinçage de la lessive et lors de la douche). Soit 36 l par jour avec un desalinisateur qui produit environ 20l/h.
mardi 21 février 2023
Jour 22 : Sérénité et patience
Rien de nouveau en matière de conditions météo. Le bateau subit toujours un vent de travers qui perturbe leur avancée. L’équipage accepte avec résignation cette dépendance à la météo. Les rêves de record de vitesse ont laissé place à une paisible acceptation de la réalité. Certains ont néanmoins les yeux toujours rivés sur l’écran de contrôle GPS et vivent avec ivresse les pointes de vitesse provoquées par les rafales de vents alignées avec la houle…
Sur le bateau, l’équipage est organisé et chacun a trouvé ses marques. Les discussions à bord , deviennent sérieuses et chacun commente, analyse les informations internationales transmises par familles et amis lors des appels. Patrick s’invente nouveau présentateur du JT. On refait le monde! Si mes souvenirs sont bons, il me semble que cela était également arrivé lors des traversées de Paul et Aude!
Ils sont vraiment au milieu de l’Atlantique, il n’ont plus aperçu de cargos depuis quatre à cinq jours. Rien à l’horizon!
Si ce n’est les visites quotidiennes de Diego, et l’apparition des premières plaque de sargasses!
Les sargasses sont des algues qui vivent en pleine mer et qui n'ont pas de racines. Autrement dit, elles circulent librement à la surface de l'océan et peuvent parcourir de grandes distances. Elles constituent de véritables écosystèmes marins apportant le gîte et le couvert à de nombreuses espèces. Ces algues ne représentent donc pas de danger particulier en mer. Ce n’est plus le cas lorsqu’elles s’échouent sur les littoraux. Elles s’y décomposent et leur dégradation entraîne des émanations de gaz dont l'odeur est nauséabonde. À fortes concentrations, ces gaz sont même toxiques pour l'homme et les écosystèmes.
A ce propos, ils se sont rendus compte que leur embarcation est le premier maillon d’une chaîne alimentaire: en effet les microalgues ont certainement à nouveau colonisé la coque, elles attirent des bancs de petits poissons qui viennent les brouter en quelque sorte, ceux -ci attirent à leur tour des poissons plus gros et carnivores - ceux mêmes qui assuraient l’escorte du bateau hier- Peut-être y en a-t-il des plus gros encore mais que nos rameurs n’ont pas observés… Il sera temps de nettoyer à nouveau la coque! Non pas pour casser cette belle chaîne alimentaire, mais pour gagner en vitesse! Attention aux très gros poissons!
lundi 20 février 2023
Jour 21 : Depuis trois semaines en mer.
Voici trois semaines qu’ils ont pris la mer . Ils ont dépassé dans la journée des paliers marquants :
- la pointe la plus à l’est de l’Amérique du Sud
- 1000 miles nautiques parcourus
- 40% de la traversée réalisée
Les conditions sont semblables à celle d’hier, toujours un vent de travers qui réduit leur vitesse . Ils espèrent ne pas retomber dans des zones sans vent. Les prévisions actuelles sont assez instables . Il y a effectivement un risque de rencontrer une immense zone sans vent. Mais les modèles prédictifs ne sont pas tous d’accord sur la position exacte de cette zone. Il faut attendre.
Ce matin, au lever du jour, Diego leur a rendu visite. Il a tenté vainement à deux reprises de se poser sur le toit de la cabine arrière. Décidément cet oiseau semble vouloir leur donner un coup de main ( euh , non un coup d’aile) pour ramer !
J’ai reçu aujourd’hui quelques réponses au problème d’hier . Certaines m’ont fait bien rire :
- « Alors moi je laisse les experts matheux et je valide d'emblée toute réponse ! »
- « 2 Efferalgan ??? »
- « Allez je me lance (à l'eau) : 248 000 🕺 »
Feuilleton des rencontres
En fin d’après-midi , le bateau a eu droit à une escorte présidentielle : une bonne trentaine de poissons de taille respectable ( 2 à 3kg) les a encadrés et accompagnés pendant un petit moment . La classe !
dimanche 19 février 2023
Jour 20 : Vous avez dit « repos » ?
Ce dimanche, après avoir réalisé une bonne moyenne durant la nuit ( 2,13 nœuds), ils subissent à la fois un vent de sud-est et une houle dans le même sens. Ils maintiennent leur cap direct vers la Guadeloupe et rament en prenant les vagues de bâbord.
Ce régime de vent s’est maintenu tout au long de la journée et il ont parcouru une bonne quarantaine de miles à une vitesse utile de 2,04. Le temps est ensoleillé mais ce n’est pas encore la chaleur tropicale, le fond de l’air est frais et le soleil n’est pas encore brûlant. D’aucuns en profitent d’ailleurs pour faire des petites séances de bronzette au poste de rame. Histoire de ne pas arriver avec un teint trop pâle !
En cette journée de repos hebdomadaire pour la plupart d’entre nous terriens, voyons ce qu’ils font pendant leurs quarts de repos ?
Lorsque les rameurs ont fini leur quart de rame, ils rentrent dans leurs cabines respectives. La première chose qu’ils font est de changer de tenue et de se sécher. En effet lorsqu’ils rament, ils sont au niveau de l’eau et sont vite mouillés. Une fois secs, ils soignent ce qui a besoin de l’être, petits bobos aux pieds et aux mains et surtout l’essentiel -ce sur quoi ils reposent durant tous leurs quarts de rame- leur postérieur … Il faut le bichonner, c’est très sensible aux frottements, aux irritations, alors une fois bien sec , on se crème ….avec la fameuse crème N…….a ( Pub interdite)!
Ensuite, selon les besoins, ils se préparent à manger. Après l’effort, le réconfort … Une fois le ventre plein, ils ont le choix entre plusieurs activités selon le moment de la journée. Dormir est l’une d’entre elles! En effet, le sommeil à bord est morcelé. Les temps de sommeil réparateurs sont courts, alors il faut bien profiter de chaque instant où M. Sommeil se présente, vite petite sieste !
Une fois bien reposés, il est temps de faire un petit brin de ménage, car les cabines ne sont pas individuelles, l’espace est partagé, il est indispensable de maintenir un minimum de propreté! Les belles journées, ils en profitent aussi pour faire la lessive, leur trousseau à bord est minimaliste. De temps en temps, ils changent de vêtement de rame, et lavent ceux qui ont été utilisés. Encore une histoire de confort après l’effort !
Ils s’accordent aussi des moments de soins esthétiques : se raser la barbe, les cheveux aussi pour certains…
Il ne faut pas oublier la fabrication de l’eau douce chaque jour , tâche qui incombe aux coloc de la cabine arrière.
Enfin, voici venu le temps … des loisirs …OUI vous avez bien lu ! Lecture, appels téléphoniques, écoute de musique ( ambiance boîte de nuit !), carnet de bord, discussion avec les copains, déploiement du drone …
Tiens d’ailleurs l’équipe des experts a cogité et nous propose de résoudre un problème mathématique …
Les experts ont 6 quarts de rame chaque jour : 1 quart de 4h, 1 quart de 2h30, 3 quarts de 1h30 et 1 quart de 1H.
Pour ménager leur corps ils se sont organisés et ont décidé de prendre des petits temps de pause pendant lesquels ils ne rament pas, durant leurs quarts de rame.
Durant les quarts de 1h et 1h30, ils s’accordent à tour de rôle chacun 5 minutes de repos ( il y a toujours au minimum deux rameurs en action). Durant le long quart de nuit de 4h, le premier rameur rame 40 mn puis se repose 10 minutes et ensuite s’accorde une pause de 10 minutes toutes les 30 minutes de rame. Le second rameur rame 50 minutes puis comme son coéquipier se repose 10 minutes et ensuite s’accorde une pause de 10 minutes toutes les 30 minutes de rame et enfin le troisième rame 60 minutes avant de prendre sa première pause et il fait ensuite comme ses compères une pause de 10 minutes toutes les 30 minutes de rame.
Ils font la même chose sur le quart de 2h30.
Sachant que leur cadence est de 20 coups par minute et qu’ils rament à présent depuis 20 jours, combien de coups de rame cette équipe a-t-elle donnés depuis le départ de la traversée ? L’équipe des jeunes ne s’est pas organisée de cette manière, on ne nous demande donc pas de calculer leur nombre de coups de pelle !
A vos crayons et calculettes !
samedi 18 février 2023
Jour 19 : A table !
La nuit dernière , ils ont eu l’impression de moins bien avancer, même si les conditions de vent étaient tout à fait bonnes. Ils naviguaient sur un champ de bosses (ont-ils concouru en toute discrétion à une épreuve des mondiaux de ski ?). Le bateau était constamment balloté de droite, de gauche, d’avant et en arrière. Le geste de rame était moins efficient et plus blessant pour les corps. D’après nos statisticiens Aude et Sylvain, ils ont réalisés une moyenne utile de 1,76 nœuds sur les dernières 24h.
A propos des cartes postales :
Beaucoup d’entre vous ont apprécié lire les petits messages relatant quelques préoccupations de nos marins. Il est évident à leur lecture qu’un sujet fait quasiment l’unanimité ! Qu’est-ce qu’on mange ?
C’est assez simple… Si on se trouvait dans un restaurant gastronomique, on parlerait d’un menu en deux vagues. La vague grignotage à tout heure, en piochant dans le snack-pack méticuleusement préparé par Louis à Hierro et contenant diverses friandises. Du sucre, encore du sucre pour nourrir les muscles et divertir le cerveau de la répétitivité des activités comme le déplore Jérôme ! Et la vague calage en plusieurs prises selon l’appétit des rameurs en préparant les repas lyophilisés !
Les plats lyophilisés sont des plats séchés à froid (contrairement aux plats dits "déshydratés" qui ont été séchés à chaud). Ce procédé permet de garder les valeurs nutritionnelles ( de 800 cal à 1500 cal selon le plat ) et les qualités organoleptiques des aliments.
A la carte de ce restaurant flottant, il y a une grande variété de plats avec ou sans viande : hachis parmentier, fondu 3 fromages, bœuf bourguignon, aligot, chili, spaghetti bolognaise … Il semble cependant qu’il n’y ait pas de plat chinois !
Tout l’équipage ne consomme pas la même quantité de lyophilisés par jour, certains ne prennent que 2 repas ( un le matin, un le soir), d’autres en prennent jusqu’à 4 par jour. Pas d’inquiétude, le stock est suffisant pour les nourrir tous jusqu’à l’arrivée.
Pas de cuisinier à bord, chaque rameur est responsable de sa préparation. Ils s’installent dans le coin « cuisine-salon-salle à manger » de leur cabine. Ils calent le sachet de lyophilisé dans un seau pour éviter les débordements intempestifs ( en cas de vague, de maladresse …). Ils font chauffer l’eau dans le « jet-boil » réchaud à gaz compact. Ils versent l’eau chaude dans le sachet, quelques minutes de patience… Puis ils mangent à la petite cuillère ! Prévoyez tous de les inviter au resto à leur retour ! Dans la cabine arrière, il va de soi, que les coloc mangent chacun leur tour … Le coin « cuisine-salon-salle à manger » n’est pas suffisamment spacieux pour accueillir deux convives en même temps !!
Et pour les terriens, qui penseraient qu’il serait facile de diversifier les menus en prélevant quelques denrées dans leur environnement direct (un poisson volant, une dorade, un oiseau, quelques algues …) N’y pensez pas ! Ils sont là pour ramer !!!
Nos rameurs nous ont préparé une vidéo à ce sujet.
vendredi 17 février 2023
Jour 18 : Cartes postales
La nuit dernière, ils ont ramé à l’aveugle … non il n’ont pas eu de problème de GPS… Oui , je sais ils font dos à l’avancée … Ils avaient pourtant l’impression de ramer les yeux bandés …. Mais que s’est-il passé ? Et bien figurez-vous que le ciel était très couvert, pas le moindre scintillement d’étoiles, pas de lune, ils étaient enveloppés par l’obscurité, ne distinguant rien. Pas moyen de voir arriver les vagues, pas moyen d’anticiper leurs secousses. Une sensation particulière et dérangeante …
Ils sont entrés dans un système météo plus calme offrant cependant un vent suffisant et des vagues moyennes. L’avancée des dernières 24h est un peu en deçà des deux journées précédentes, mais ils continuent leur route vaillamment. La journée a été ensoleillée et l’ambiance à bord est joyeuse .
D’ailleurs ils nous ont préparé chacun une petite carte postale de leur « vacances sportives »
Mots des rameurs
Patrick : « Le stock de snack-pack ( les friandises) est rangé dans ma cabine. Il prend beaucoup de place … Je sais comment résoudre ce problème…» 😊
Jérôme : « La colo est sympa, mais les activités un peu répétitives ! » 😉
Daliu : « J’ai l’impression d’être en prison. La nourriture chinoise me manque . » :’(
Dominique : « Assez peu de cafés ouverts par ici … Je cherche, je cherche … » :D
Louis : « N’oubliez-pas les croissants et les fruits à l’arrivée ! » < :o)
Christophe : « J’ai tout compris…Patrick vient de me dire que les cabines ont été conçues pour des rameurs de moins 1m60 ! » 😉
jeudi 16 février 2023
Jour 17 : Quelle heure est-il ?
Le décalage horaire entre Paris et Pointe à Pitre est de 5 heures en hiver. Nos rameurs vont devoir se recaler tout au long de leur parcours pour être au plus près de l’heure solaire.
Paris est sur le fuseau UTC +1h, les Canaries sont à l’heure UTC. Depuis le début de l’aventure, nous avons donc une heure de plus que le bateau.
Comment vont-ils répartir ces décalages ?
Ils changent d’heure à chaque fois qu’ils dépassent un méridien multiple de 10. Sachant qu’ils sont partis de Hierro à la longitude de 18° ouest, cela se produira donc au méridien 30° ouest, 40° ouest , 50° ouest et le dernier juste avant l’arrivée à 60° ouest.
Aujourd’hui , ils ont réalisé le premier décalage horaire de la traversée : ils ont augmenté d’une demi-heure les deux quarts les plus courts de milieu de journée ( soit celui de 13h30 – 14h30 et celui de 14h30 – 15h30) . Ainsi en fin de journée, ils avaient deux heures de moins que nous .
La nuit et la journée se sont déroulées sur le même rythme qu’hier et ils ont réalisé une belle avancée vers l’ouest. En témoigne le dépassement de la longitude la plus à l’ouest de l’archipel des Açores. Un nouveau palier est atteint également : ils ont à présent parcouru le tiers de leur périple. Certains rameurs visent ardemment le suivant ( 50% du périple) signe de l’entrée dans la partie finale de l’aventure. En fin d’après-midi, le vent a faibli, les vagues sont moins hautes, cela avance toujours bien, mais le bateau n’est plus emporté dans des surfs … La vitesse instantanée retrouve des valeurs plus régulières.
Feuilleton des rencontres
Il y a quelques jours, l’équipe des jeunes avait subi une attaque en règle de poissons volants… Eh bien, aujourd’hui , les experts en ont sauvé quelques-uns qui, ayant mal préjugé de la largeur du bateau, s’étaient lamentablement écrasés sur le pont ! Un petit coup de pouce et les voilà à nouveau dans leur élément !
mercredi 15 février 2023
Jour 16 : Journée des « trente »
L’aventure n’est pas une croisière de luxe , loin s’en faut ! Maintenant que le vent est de retour, la vie à bord a repris des airs de tambour de machine à laver ! Les marins restent concentrés et ne se laissent pas distraire par leur environnement qui en ce moment se résume à des murs d’eau, de gros nuages et des douches de pluie ! La contrepartie de ces conditions musclées est qu’ils avancent et cela leur fait du bien. Ils ont franchi dans la nuit le 30° de longitude ouest, et atteint le seuil des 30% de la traversée réalisés.
Pour l’instant pas de changement d’heure en vue , ce n’est pas le moment de désorganiser les quarts. Il faut rester concentrer .
Les conditions de vie en cabine sont humides, même très humides. Tous les hublots sont fermés, et à l’intérieur cela condense, les marins au repos sont en continu mouillés par les gouttelettes de condensation qui recouvrent tout ! La nuit a été très agitée pour eux, en effet le bateau a été secoué comme une bouteille d’Orangina ! Résultat un sommeil très perturbé , les hommes étant constamment projetés contre les parois . Même en s’accrochant au matelas , ils ne réussissaient pas à éviter de rouler l’un contre l’autre !
En fin de journée, le soleil montre le bout de son nez, le vent faiblit légèrement et les vagues sont toujours aussi grandes. Leur vitesse utile sur les dernières 24h est de 2,74 nœuds. Ils ont réalisé une belle avancée de l’ordre de 55Mn en utile et 60Mn en réel. ( une bonne centaine de kilomètres)
Témoignage du jour :
« En ce moment , il y a des vagues de 4m. Ce sont de véritables murs qui arrivent sur nous. Un fois au sommet de la vague, le bateau est propulsé dans un surf long et rapide. Nous avons atteint la vitesse instantanée de 8,3 nœuds dans un de ces surfs ! J’adore ! »
mardi 14 février 2023
Jour 15 : Et ça repart !
Avant tout bonne fête à nos Valentins qui retrouvent des conditions favorables . Peut-être est-ce le résultats de tous les baisers que nous leur avons envoyés ce matin ? J’invite tous les suiveurs de l’aventure à les encourager en participant à la campagne de don pour le rire médecin, je crois bien que la cagnotte a elle-aussi traversé une période de pétole ! Traversons l’Atlantique avec eux en relevant le défi de la cagnotte au profit des enfants malades.
https://lesdefisdusourire.leriremedecin.org/projects/l-atlantique-a-la-rame-pour-le-rire-medecin
Ils sont heureux de revivre à nouveau la rame océanique avec du vent. C’est bon pour le moral. Mais c’est le retour de conditions plus rudes pour les marins. Le bateau est à nouveau secoué dans tous les sens par une houle assez perturbante : il faut mobiliser les muscles du dos et du ventre pour encaisser tous ces mouvements déséquilibrants. Les comportements de sécurité réapparaissent avec la houle de 3m et les vents de plus de 23 nœuds : les quarts de repos à l’intérieur et toutes les ouvertures bien fermées. Pour certains, Monsieur « mal de mer » se rappelle à leur bon souvenir ! Pas de répit !
Un nouveau palier est en ligne de mire et devrait être atteint dès demain : la longitude 30° ouest.
Qu’est-ce que le rameur à la nage ?
Hier, j’utilisais ce terme pour désigner l’un des rameurs. Sur le bateau, il y a trois postes de rame. A leur poste de rame, les rameurs font dos à l’avancée du bateau. Ils sont alignés de l’avant à l’arrière, les uns derrière les autres, ayant comme point de mire le dos de leur coéquipier. Celui qui se trouve à l’arrière du bateau est face au hublot de la cabine arrière, il a devant lui le pilote automatique et l’écran de contrôle du GPS et dans son dos ses deux autres coéquipiers de quart et l’avant du bateau. C’est lui qui donne en quelque sorte la cadence. On dit qu’il est à la nage.
lundi 13 février 2023
Jour 14 : Bout de tunnel.
La nuit dernière, ils ont été confrontés pendant une petite heure à des vents contraires . Heureusement ils n’étaient pas très forts et la seule puissance des muscles réunis a suffi pour avancer. Lors du quart de nuit des experts, la mer est devenue complètement désordonnée, non pas que les vagues aient été fortes et puissantes, mais elles arrivaient de tous côtés et le bateau était secoué sans arrêt. Il était très difficile de ramer, les pelles se percutaient , les hommes recevaient des retours de manche, vraiment compliqué… Ils ont finalement réussi à traverser cet épisode en ramant en relai : le rameur à la nage réalisait une série de 10 poussées, puis le second prenait le relai et enfin le troisième. Ainsi, ils ont pu maintenir un petit rythme efficace. La mer est une vraie école de résolution de problème à n’en pas douter !
Dans l’après-midi, ils commencent à ressentir le retour de conditions plus propices : mer pas encore très formée, un vent au-delà de 8 noeuds , leur vitesse instantanée flirte à nouveau avec le palier des 2 nœuds.
C’est le début de la sortie de la zone de pétole ! Et pour célébrer ce moment tant attendu par les rameurs, le quart des jeunes a aperçu au loin un groupe de baleines qui sautait. Manière pour elle d’applaudir ce retour de conditions favorables pour notre équipage !
Feuilleton des rencontres
Aujourd’hui, le sujet de la rencontre n’a rien d’extraordinaire sur l’océan. Ils ont croisé un cargo ! Ils se sont rapidement rendu compte que leurs routes ne se croiseraient jamais et qu’ils pouvaient tranquillement s’observer sans panique, en effet ce cargo était vraiment très proche ( quelques centaines de mètres, 300 tout au plus !)
Ce qui vaut l’anecdote , c’est le pavillon de ce cargo : un pavillon chinois ! Ni une ni deux Daliu entre en contact avec le commandant par radio . Il apprend ainsi que le bateau fait la liaison entre le Portugal et le Brésil. Ils discutent une bon moment .
samedi 11 février 2023
Jour 12 : un bateau tout propre.
Un air de vacances envahit l’embarcation. Soleil, mer d’huile, pas de bruits sinon le remous de leur coups de pelles. Ils aperçoivent, la nuit, des feux de position d’embarcations de toutes sortes : des voiliers empêtrés comme eux dans la pétole ( ils ont même l’impression d’avancer plus vite qu’eux !), des cargos au loin…et Diego bien sûr toujours présent pour les motiver.
Ils rament toujours et les corps en pâtissent. Ils ressentent chaque muscle du dos et des abdo à chaque poussée. Ce grand calme n’apporte finalement pas de repos salvateur , mais les motive à avancer pour retrouver au plus vite Eole et sa houle. L’équipe des jeunes se lance des défis de vitesse , l’équipier à la nage surveille le cadran GPS et ils donnent tout pour ramer le plus vite possible. Record à battre 5,1 nœuds!
Aujourd’hui, durant les deux quarts les plus courts ( de 13h30 – 14h30 , et 14h30 – 15h30) , ils n’ont pas ramé . Patrick leur a organisé une activité qui pourrait de prime abord paraître punitive mais qui en fait est très agréable … Ils ont nettoyé la coque du bateau . Cela signifie qu’ils ont pris un bain de mer en plein océan dans une mer d’huile . Ils se sont préparé pour aller dans l’eau .Chacun a choisi son costume de bain…J’ai cru comprendre que celui d’Adam est très confortable . Ils ont mis leurs lunettes de piscine... Je me demandais bien pourquoi cet objet était dans le trousseau du parfait rameur océanique ? Armés d’une raclette , type raclette de dégivrage , reliés au bateau par une ligne de vie, ils se sont jeté à l’eau et tels des plongeurs professionnels ils ont récuré la coque du bateau. Christophe a reconnu que nager au milieu de l’océan après de longues journées contraints dans des positions identiques sans pouvoir se lever ou étendre confortablement ses membres est un moment inoubliable, presque une renaissance. C’est la liberté.
Lors de cette plongée , ils ont découvert tout un monde sous la surface : des petits coquillages accrochés à la coque, de minuscules poissons, deux barracudas, et un autre poissons non identifié ( corps bleuté, très fuselé, tête bossue, et une nageoire caudale jaune …). Ils ont bien nettoyé le bateau et il semble que les premiers effets se ressentent car en fin de journée leur vitesse instantanée atteignait 2 nœuds alors que depuis leur arrivée dans la zone calme elle était coincée à 1, 5 nœud. Il faudra probablement renouveler ce nettoyage deux fois encore durant la traversée.
Feuilleton des rencontres
Mer d’huile, bateau fendant l’eau calmement , cela mérite une petite visite … Et aujourd’hui ce fut un groupe de trois globicéphales , cétacés appelés aussi dauphins pilotes car on les voit souvent dans le sillage des navires.
Nettoyage coque du bateau
Les coques des bateaux, comme tous corps qui restent immergés dans l'eau se trouvent rapidement colonisées par un biotope complexe constitué d'algues de crustacés et de micro-organismes divers. On nomme ces bio-salissures, le «fouling».
Il faut à tout prix garder la coque du bateau propre afin de conserver un hydrodynamisme et donc une vitesse optimale. C’est pourquoi les coques sont revêtues d’une couche protectrice appelée antifouling.
Laisser de telles salissures marines a de multiples conséquences : risques accrus de corrosion, augmentation du poids des navires, colmatage de canalisations, dérive des mesures des capteurs de navigation, introduction de nouvelles espèces invasives et surtout augmentation des forces de frottement.
Cette colonisation en dessous des coques peut être décrite comme une sorte de cycle biologique :
- Après quelques secondes des particules organiques non vivantes se collent au bateau.
- après plusieurs minutes, adhésion de bactéries
- en quelques heures, création d’une sorte de colonie de bactéries
- Après plusieurs jours, des microalgues s'installent sur la coque en se nourrissant des bactéries. Suivant le type d'algues et leur couleur, on voit apparaitre un film coloré sur la coque.
- au bout de 2 mois , installation de macro-algues
- Après plus de 2 mois, les organismes "supérieurs" font leur apparition. (coquillages, algues calcaires)
L’apparition des bio-salissures dépend de plusieurs critères dont la température de l’eau. Dans les eaux chaudes, le fouling adhère plus vite que dans les eaux froides.
vendredi 10 février 2023
Jour 11 : Calme plat
Les prévisions se réalisent, l’équipage se retrouve dans une zone très calme avec un vent très faible et une mer assez plate. Ce matin , ce n’était pas une mer d’huile, il y avait un petit clapot qui donnait un léger relief à l’océan. En fin de journée, ils ramaient sur un lac !!!
Ils rament et c’est plus dur car ils n’ont aucune aide ni du vent, ni de la houle ! Le bateau n’est pas si léger à déplacer … Ils espèrent clairement revoir rapidement des vents de 20 nœuds !
Le soleil ayant largement brillé , la journée fut consacrée à la lessive et au séchage du linge . Autant vous dire que le bateau a arboré un sacré look !
Malgré tout , ils avancent lentement mais sûrement, ils ont dépassé un nouveau cap. Plus de 1000km parcourus en 11 jours ( 22% de la traversée). Il leur reste 3600 km. C’est encore trop loin pour faire des paris sur la date d’arrivée ! Il s’attendent à vivre les mêmes conditions pour les deux prochains jours et envisagent de faire un nettoyage de la coque du bateau.
En avançant vers l’ouest, à la fin du quart 18h30 – 20h , il ne fait plus nuit noire, c’est le crépuscule et la lueur du jour couchant guide encore le bateau.
Série des images exceptionnelles
L’océan est décidément une mine infinie d’images exceptionnelles. La première moitié du quart de nuit s’est faite sous le scintillement de la voûte céleste. Ils vivent à ce moment-là réellement l’expression «avoir la tête dans les étoiles » ! Vers 2h du matin , magie, la lune s’est levée enveloppée d’une cape orangée !
jeudi 09 février 2023
"Pétole"
Une explication trouvée sur internet : « pet d’Eole » je ne crois pas que cela soit très académique mais c’est drôle!
Quand il n’y a pas un souffle de vent, que la mer est d’huile, qu’on n’avance pas d’un pouce : c’est le calme plat, voire l’ennui absolu, on dit "pétole" quand on fait du bateau.. On peut très bien comprendre cela lorsqu’on est sur un voilier . Mais pourquoi la craindre quand on est sur un bateau à rame ? En effet, lorsqu’il y a un vent très fort, les rameurs se mettent en mode arrêt pour éviter la casse. Alors l’absence de vent pourrait être agréable ! Mais c’est sans compter l’aide magistrale d’Eole sur ce type d’embarcation. Impressionné par les prouesses sportives des rameurs, Eole décuple l’effet de leur muscles en les aidant fortement : il les pousse… C’est pourquoi l’absence d’Eole n’est pas espérée par nos rameurs ni d’ailleurs la présence de celui-ci dans le sens contraire de leur avancée. En effet, il est difficile de contrer un tel vent et dans ce cas il faut utiliser les ancres flottantes pour éviter de reculer !
jeudi 09 février 2023
Jour 10 : Après la pluie, le beau temps.
Les conditions se sont clairement assagies. Le vent a fortement molli et la mer est calme. L’équipage apprécie ces nouvelles conditions. Certes cela les oblige à dépenser plus de force car le vent les aide très peu, mais cela leur évite les coups de pelle et d’être bringuebalés continuellement ! Ils en profitent donc pour la grande lessive ( lavage et séchage des vêtements, aération des cabines, toilette des marins).
Ils se préparent à supporter ce temps-là pendant deux - trois jours avant de prendre l’autoroute des alizés … Patrick analyse chaque jour les données météo et espère que ses choix leur éviteront les vents contraires. Lors de l’appel du soir , bien qu’appréciant ces moments de confort , ils espéraient tous retrouver rapidement des vents forts…
Feuilleton des rencontres
Ils ont été à nouveau accompagnés par des dauphins. Ils ont aperçu un nouvel oiseau tout aussi bâti pour le vol en rase-motte , mais au plumage plus blanc . Certainement un cousin Pétrel ! Il y a de nombreux oiseaux dans cette famille ! Ils ont aussi croisé au loin des voiliers sans voile qui allaient plus vite qu’eux grâce à leur moteur bien sûr.
Série des images exceptionnelles
Aujourd’hui ils ont eu le temps d’observer leur environnement , ils ont été témoin d’un curieux arc-en-ciel. Au lieu de voir l’arche multicolore, ils ont aperçu posé sur la ligne d’horizon un gros cumulus irisé . Un nuage arc-en – ciel !
mercredi 08 février 2023
Jour 9 : Quelle humidité !
Toute la nuit, ils ont supporté des conditions de vent soutenu et de houle importante avec en plus de nombreux grains. Il a fallu encore une fois faire une intervention sur le cale pied du poste n°2 en pleine nuit , avec de grosses vagues et sous averse diluvienne. Quelle joie de bricoler en plein air ! Heureusement la solidarité entre équipier a joué , et les talents de bricoleur hors pair de Dominique ont permis à Christophe de terminer son quart avec un cale pied solide . La réparation tient encore à l’heure de l’appel de fin de journée ! Merci Dominique.
En journée, le temps s’est calmé, même si de grosses vagues les ont surpris à plusieurs reprises . Christophe s’en est pris une sur la tête alors qu’il était au téléphone, résultat appareil en rade ! ( pas d’inquiétude pour les news, là encore la solidarité joue , puisque Patrick lui prête son téléphone de remplacement ! ) Louis en a essuyé une belle alors qu’il barrait … Vous pouvez donc aisément comprendre qu’ils ont tous un problème en commun : comment réussir à faire sécher les affaires trempées par les vagues ? Ils le déplorent au moment où il faut remettre les vêtements de rame juste avant le quart, ils sont humides et froid !
Comme vous l’avez lu plus haut, il subissent encore un petit dysfonctionnement de la charge de la batterie, ils préfèrent donc déconnecter le pilote de temps en temps et barrer manuellement pour permettre une charge complète.
Ils ont décidé de prendre une route plus sud , ils parient ainsi sur une position qui leur éviterait des vents contraires dimanche. C’est pourquoi aujourd’hui, même si leur performance réelle est tout à fait correcte ( 2,3) leur vitesse utile est nettement inférieure à celle des jours précédents (1,7). Ils se sont moins rapprochés de leur but. Ils ne pourront certainement pas éviter la zone de pétole samedi !
mardi 07 février 2023
Jour 8 : Rodéo océanique
Les conditions de mer sont toujours très musclées. Les rameurs deviennent cowboys ou « waves rider»! Chevaucher leur monture dans cette situation consiste à se plier à la volonté de la houle et suivre les mouvements incontrôlés qu’elle impose. Heureusement Patrick grâce à sa grande expérience leur donne de précieux conseils pour ramer dans de telles conditions et éviter de casser les pelles ou de se blesser. Tous ont l’air d’apprécier ce nouveau statut !
Durant La matinée, ils ont essuyé grains sur grains. Les vagues étaient impressionnantes, le vent très soutenu. Ils ont fait des surfs et ont été flashés à plus de huit nœuds !
Ils ont fait une bonne avancée la nuit dernière et sur toute la journée. L’étape du franchissement du Tropique se concrétise ainsi que le dépassement de la longitude la plus ouest de l’archipel du Cap Vert. C’est une bonne chose pour se placer au mieux afin d’être le moins gêné possible par la zone de temps calme qui se profile pour la fin de la semaine.
lundi 06 février 2023
Jour 7 : En mer depuis une semaine, 400 mn parcourus
Une semaine, c’est bien le temps nécessaire à chacun pour prendre ses marques. En effet , ce défi demande aux rameurs des adaptations sur bien des points : l’effort physique 12h de rame chaque jour dans toutes les conditions, le mal de mer, l’exiguïté de l’embarcation, l’alimentation , la vigilance de chaque instant indispensable pour réagir correctement, l’organisation millimétrée des quarts, les rythmes de sommeil. Chacun se mobilise pour atteindre l’objectif commun de la traversée et compare l’épreuve à un marathon, un Everest …
Cette septième journée a été sportive , du vent, des vagues … Les rameurs à leur poste de rame sont à fleur d’eau, leur sens affolent leurs témoins de situation périlleuse, et pourtant ils restent concentrés pour faire face aux évènements. Dans ces conditions , on rame dans les 3 dimensions : ça monte, ça descend, ça bouscule à droite, à gauche , ça surfe et on continue toujours à dérouler le mouvement de rame, malgré les bleus. En cabine, les équipiers au repos sont secoués et projetés les uns sur les autres. Ce n’est pas une transat de luxe !
Ils avancent , ils profitent de ces conditions pour se rapprocher du but. Ils ont réalisé une vitesse de 2, 43 en réel la nuit dernière et de 2, 59 en journée soit une vitesse moyenne utile de 2,26.
dimanche 05 février 2023
Jour 6 : action – réaction
Après une belle cinquième journée où l’équipage a réalisé son meilleur déplacement depuis le départ , on peut considérer qu’ils ont trouvé leur vitesse de croisière compte tenu des conditions de mer : 2,5 nœuds en vitesse réelle, 2,2 en vitesse utile. Ils ont également dépassé aujourd’hui les 500 premiers kilomètres.
La nuit dernière l’équipage a vécu des conditions un peu plus musclées que celles qu’ils avaient connues jusqu’alors : un vent en rafale à 20 nœuds, une houle désordonnée avec des vagues de 2m50- 3m. Il ne s’agit pas de baisser la garde. Il faut réagir immédiatement au moindre incident et réaliser automatiquement les procédures de sécurité révisées lors de la période d’entrainement.
C’est ce qui s’est produit à deux reprises une fois sur chaque quart . Une vague plus forte a fait sauter le dispositif qui relie le bras du pilote automatique et le chariot des écoutes du safran. Résultat le bateau n’est plus dirigé et à la merci des vagues. Chacun a rempli son rôle et le pilote a été rapidement reconnecté .
Des conditions plus rudes ont parfois pour conséquence directe l’arrêt de la rame, les pelles sont rangées , les rameurs assis sur leur sellette attendent que la situation se calme.
Cette mer plus formée implique également la fermeture de tous les hublots pour éviter l’entrée inopportune d’un paquet de mer.. Aujourd’hui, en journée , ils ont essuyé plusieurs grains, aperçu des arc en ciel , et dû revêtir leur veste de quart imperméable.
Ils sont prêts à affronter le coup de vent prévu pour demain.
dimanche 05 février 2023
dispositif pilote automatique - chariot
samedi 04 février 2023
Jour 5: Sillage argenté
Série des images exceptionnelles : Nos rameurs emmagasinent de nombreuses images que nous, terriens, ne pouvons imaginer. Cette nuit, une des équipes de quart a été témoin des dons de magicienne de la Lune. En effet , en fin de stade lune gibbeuse croissante, elle était hier éclairée à plus de 95%. Le reflet de son rayonnement à la surface de l’océan transformait le sillage du bateau en une queue de comète argentée.
Tout va bien à bord, chacun trouve ses marques et il faut apprendre à vivre dans un espace restreint.
Ils apprécient les conditions de rame. Ils ont encore fait quelques tests de charge batterie, tout est Ok. En fin de journée la houle est plus croisée, ramer est donc un peu plus rude, ça tape et les rameurs déplorent quelques bleus sur les jambes . Ce n’est rien.
Feuilleton des rencontres : ils sont toujours accompagnés de ce ou ces ( je ne peux dire s’il s’agit d’un seul ou de plusieurs) oiseaux de taille moyenne , dos gris-noir, ventre blanc, longues ailes et manifestement adaptés à la haute mer.
vendredi 03 février 2023
Ont-ils mangé des crêpes pour la chandeleur ?
Evidement non ! Mais une chose est sûre tout le monde s’alimente normalement à présent.
Les conditions ont été agréables pour ramer, pas trop de vent, une petite houle. Le bateau poursuit un cap sud-ouest le plus direct possible . Le fond de l’air est encore frais et les rameurs sont donc encore bien couverts pour ne pas avoir froid.
Série des images exceptionnelles : en ce moment , la fin de nuit est sombre , le ciel étoilé scintille et par enchantement le soleil apparaît à l’est sans aucun obstacle à l’horizon.
Feuilleton des rencontres : un cargo au loin allant d’ouest en est ; toujours des oiseaux . Il semblerait que ces derniers traversent l’Atlantique en allant de bateau en bateau. Mais sur Rameocean peu de place pour faire étape !
jeudi 02 février 2023
Etape acclimatation franchie
ça y est ils ont presque tous retrouvé un rythme de vie quasi normal : je fais du sport, je mange, je me repose…
Les conditions de navigation sont plus apaisées, la houle n’est que de 1m – 1m50 et dans leur sens. Les rameurs maitrisent bien les procédures de changement de quart. C’est une organisation au millimètre près .
-10 minutes avant la prise de quart : annonce du changement imminent par l’équipe au repos
- réponse du quart à la rame
- 5 minutes : décompte . Chacun se prépare, les uns à rendre les rames , les autres à se couvrir pour les prendre.
- au top changement en respectant la sécurité, en perdant le moins de temps possible et tout cela en équilibre.
Une vraie chorégraphie ! Cela ne m’étonne pas que les oiseaux viennent voir ce qui se passe à bord !
mercredi 01 février 2023
Premier février, premiers repas, premiers pépins...
Les conditions météo sont favorables si ce n'est une houle de nord de 2,50 m. Ils ont donc mis le cap plus franchement au sud pour éviter d'avoir des vagues de côté. Cela n'empêche pas que le quart de repos nocturne a plutôt ressemblé à un séjour dans une machine à laver programme essorage qu'à un somme dans un lit douillet !!
Quelle est la conséquence d'une route plus vers le sud ? La distance utile parcourue aujourd'hui sera moindre que celle d'hier. La distance utile comme la vitesse utile est celle qui rapproche le plus directement de l'objectif d'arrivée (principe de ligne droite plus court chemin pour relier deux points).
Les premiers pépins électroniques ont perturbé la matinée : un fusible du système de charge des batteries et un condensateur ont été remplacés. Pendant ce temps: pas de pilote automatique ( barre manuelle) . La charge a repris après la réparation, ils continuent à barrer manuellement en attendant la charge complète car il y a du soleil aujourd'hui! En fin d’après-midi , le pilote est à nouveau en marche et la batterie est chargée.
Le mal de mer tracasse encore certains , Louis est toujours épargné et d'autres changent de solution médicamenteuse ! En fin de journée , cela commence à porter ses fruits et plusieurs rameurs ont supporté leur premier repas.
mardi 31 janvier 2023
Haut les cœurs !
Ces 30 premières heures de navigation ne ménagent pas les marins. Le redouté mal de mer les assaille régulièrement.
Les conditions sont plutôt bonnes, pas trop de vent, de la houle pas encore suffisamment dans leur sens à leur goût, quelques grains, un peu de soleil. Ils ont déjà dépassé le méridien 19° west. Ils vont attaquer leur seconde nuit à bord avec le long quart nocturne assez difficile à supporter en début de traversée. Espérons qu’ avec le premier jour de février , ils seront amarinés et disposeront de tous leurs moyens.
lundi 30 janvier 2023
Cap 270
lundi 30 janvier 2023
Tout est OK à bord ! C'est parti pour le rire médecin aussi !
lundi 30 janvier 2023
30 Janvier 2023 13h18 heure locale à Hierro : Ils ont pris la mer…
Tout sourire nos rameurs ont commencé leur aventure en ce début d’après-midi. Il faut dire qu’ils commençaient sérieusement à avoir des fourmis dans les jambes !
Un pique-nique sandwich sur le ponton, des au revoir , quelques photos et les voilà partis.
Pour sortir du port, Louis, Christophe et Jérôme sont à la manœuvre. Ce ne sont pas les équipes fixées par Patrick pour la traversée. En effet la constitution des équipes est la suivante : équipe 1 dite celle des jeunes Louis, Jérôme et Daliu ; équipe des expérimentés ( manière polie d’évoquer ceux qui sont jeunes depuis plus longtemps que les premiers !) Dominique, Christophe et Patrick . L’ordre d’énonciation des prénoms vous indique la place des rameurs : à l’arrière, au centre, à l’avant du bateau. Sur l’après-midi , chaque équipe a fait des petits quarts de 45 minutes histoire de ménager les organismes et de se faire la main . A partir de 20h , chaque équipe prendra son relai normalement : l’équipe des jeunes rame de 20h à 22h, 2h à 6h, 8h30 à 10h30, de 12h à 13h30, de14h30 à 15h30, et de17h à 18h30, celle des expérimentés ramera de 22h à 2h, de 6h à 8h30, de 10h30 à12h, de 13h30 à 14h30, de 15h30 à 17h, et de 18h30 à 20h . Soit 12h de rame chacune par 24h.
Pas d’information sur le mal de mer, mais je peux vous dire qu’un marin ne l’aura pas , c’est Titi le clown , très à l’aise , certains avouent déjà qu’ils préféreraient être en chiffon !!
Merci à Roger Jacquelin pour ces belles photos de sortie du port et à Anne Didier et Remi , la famille de Jérôme pour leur reportage en direct du départ.
dimanche 29 janvier 2023
Derniers réglages et essai en mer
L’équipage est dans la dernière ligne droite . En cette belle journée de dimanche, ils ont réalisé les derniers réglages sur le bateau . Ils ont pu quitter le port et sortir en mer pour faire un dernier raccord tel un orchestre prêt à nous jouer une symphonie.
Le compte à rebours est lancé …Départ si tout va bien demain 30 janvier .
La photo nous montre le cap à tenir !
vendredi 27 janvier 2023
Opération mise à l’eau réussie.
Le bateau a quitté son emplacement au sec. Equipé de son safran et de sa dérive ,il a rejoint sa place à quai. La manœuvre a nécessité une grue . Les rameurs étaient aux petits soins pour leur embarcation.
jeudi 26 janvier 2023
La préparation minutieuse continue
Le bateau toujours au sec au port a été le siège de multiples vérifications : les équipements électroniques, les instruments de bord, test de charge électrique… Les marins ont aussi testé leurs téléphones satellites.
Le reste de la journée était sous le signe de l’amarinage ( mer plus démontée qu’hier, des creux de 4m ) et de la sécurité ( mettre la combinaison de survie sur terre et en mer ).
Demain étape très attendue : mise à l’eau du bateau .
mercredi 25 janvier 2023
Préparation du bateau et des marins
Aujourd’hui l’équipage s’est occupé de redonner au bateau son aspect de rameur océanique. Il a fallu préparer les sièges de rame, installer les cale-pieds et les pelles. En fin de journée le contrat était rempli.
L’autre temps fort de la journée a été l’amarinage de l’équipage au large du port. Pas de commentaires….
La fenêtre météo à partir de dimanche semble se confirmer.
mardi 24 janvier 2023
L’équipage réuni à La Restinga - El Hierro.
Louis , Jérôme, Dominique et DaLiu ont accueilli Patrick , Christophe et le bateau avec joie et soulagement . L’équipage s’organise : le planning de la semaine s’établit .
Le bateau est toujours au sec et chacun s’affaire pour le préparer (nettoyage, déco, préparation des postes de rame, réglage des équipements, organisation des cabines, vérification des éléments ….). C’est le programme pour les deux jours à venir. En effet , un avis de vent fort est annoncé pour jeudi, la mise à l’eau attendra ! Ces deux journées seront ponctuées par des sorties en mer avec un des clubs de plongée du coin , histoire de s’amariner et non pas de découvrir les magnifiques fonds marins !
Rendez-vous est pris vendredi matin pour mettre à l’eau le bateau. S’en suivront des exercices et entrainements en condition réelle.
Une première fenêtre météo se profile pour le lancement de la traversée : à partir de dimanche 29 ...Ils éviteront seulement le dernier jour de janvier car la météo annonce des vents contraires, il ne s’agit pas de reculer tout de même !
lundi 23 janvier 2023
En route vers Hierro...
C'est l'info réjouissante de cette fin de journée. Ce n'était pas gagné. 7 heures de retard à l'arrivée à Ténérife, correspondance pour Hierro ratée, aventures insolites , palabres ... Et puis soulagement , le bateau a trouvé sa place à bord du ferry. L'équipage va bientôt être réuni !
samedi 21 janvier 2023
Après une nuit d'attente, voiture, remorque et bateau ont enfin trouvé leur place dans le ferry. Départ au petit matin avec 7 heures de retard. Il est temps maintenant d'aller se reposer. Il y a de la mer et du vent . C'est un bon moyen de s'amariner.
vendredi 20 janvier 2023
A Huelva, fini les températures glaciales et la neige. Nous sommes prêts pour l'embarquement sur le ferry vers Tenerife. Le reste de l'équipage est arrivé aux Canaries.
mercredi 18 janvier 2023
Prologue de la transatlantique à la rame
vendredi 30 décembre 2022
Le bateau continue à être préparé à Caen (Normandie). C'est la phase finale avant le départ vers Les Canaries mi-janvier.
samedi 17 décembre 2022
6 rameurs, 5 Français et un Chinois se préparent pour une traversée de l'Atlantique à la rame.
Ils partiront des Canaries pour rejoindre la Guadeloupe.
Ils vous emmènent avec eux.